Pour le doyen Provençal des bacheliers: Capelada e longa mai !

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BOUC-BEL-AIR (AFP) - A 72 ans, après avoir sillonné les mers du globe, l'ancien marin Jean Saubrement a décidé de passer son bac et sera le candidat le plus âgé de l'épreuve en France.

Sur la table du salon de sa villa, à Bouc-Bel-Air, près d'Aix-en-Provence, des annales attestent des révisions en cours, à quelques jours de la première épreuve le 12 juin - un oral d'occitan, comptant pour le baccalauréat série L (littéraire) que convoite Jean. "J'avais une envie rentrée depuis longtemps. J'ai vu plusieurs de mes petits enfants passer le bac récemment et cette année c'est ma dernière petite-fille qui passe l'épreuve de français... Ca m'a poussé à me lancer. Je me suis dit que si je ne le faisais pas maintenant, je n'aurais peut-être jamais plus le courage", explique cet homme élancé et élégant, "curieux de nature". Né en 1934 en Lorraine, Jean Saubrement avait arrêté ses études générales après le BEPC, en fin de troisième. "A l'époque, beaucoup moins de jeunes passaient le bac que maintenant", remarque-t-il. Après une école de guidage radio, il commence à travailler dans la marine marchande. Très vite, il veut devenir officier de pont et non plus opérateur radio. Il passe tous les diplômes en candidat libre et devient capitaine en 1969. Il navigue sur des paquebots qui traversent l'Atlantique, puis fait route vers l'Afrique avant de travailler sur des cargos vers le Proche-Orient et la mer noire.

D'Odessa au Liban en passant par la Grèce ou la Turquie, il découvre le monde et perfectionne son anglais. Lorsqu'il est à quai, il se passionne pour l'occitan grâce à son épouse, native de Provence, et commence à fréquenter des spécialistes universitaires de cette langue régionale au sein du Centre régional d'études occitanes, une association dont il est devenu président. Pourtant, malgré ces connaissances accumulées lors des voyages, dans les lectures ou les cours qu'il vient parfois écouter en auditeur libre à l'université, Jean sent "un chaînon manquant": ce bac qu'il n'a pas en poche. "Je me suis dit pourquoi pas moi? Je crois profondément qu'il n'est jamais trop tard dans la vie pour élargir ses connaissances", dit-il en souriant. Il y a aussi eu l'envie, chez ce septuagénaire alerte, de "savoir ce qu'est le contenu du bac aujourd'hui". "En parlant avec des jeunes, j'avais l'impression qu'ils sont très calés sur certains sujets mais ignorent des choses qu'on nous apprenait au collège avant", dit-il. Au fil de son travail par correspondance, deux à trois heures par jour, Jean s'est intéressé de plus en plus à l'anglais et à l'occitan tout en découvrant des auteurs comme Ovide. Se replonger dans les mathématiques a été plus difficile mais il avoue qu'il a retrouvé des connaissances qu'il pensait oubliées. Alors qu'il gardait le secret sur son défi, un de ses fils a découvert les envois du Centre national d'enseignement à distance (CNED). "Mes deux fils se sont fichus de moi gentiment. Quant à mes petits-enfants, ils sont ravis", dit-il.

A quelques jours de l'épreuve, Jean avoue connaître "le stress"...mais un stress bien différend de celui ressenti quand la tempête menace un navire et qu'un "bout de nuit peut durer des siècles". Dans ces nuits, Jean avait un bouquin de Prévert, Paroles. Un livre qu'il a choisi pour l'épreuve de français. Publié le: 12/06/2006 à 07:52:32 GMT

Source : AFP

 

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