POLITICA CULTURALA

A qui profite la croisade d’un certain révisionnisme provençaliste ?

Une arrière-garde révisionniste sévit encore en Provence. Elle se fonde sur une subtile distinction entre la « langue provençale » et la « langue occitane », distinction ignorée par la linguistique et la sociolinguistique. Conseillère municipale (P.Oc) à la municipalité de Valbonne, Sylviane Franzetti, dénonce la manoeuvre du « Coleitiéu Prouvenço » qui cherche à entretenir la confusion auprès des élus. Ce collectif se réclame du soutien de nombreux élus (maires, sénateurs, députés). Au nom d’un humanisme se réclamant« de tóuti li bèlli regioun, culturo e lengo dóu mounde », cette confusion grossière ne profite qu’à ceux qui ont intérêt à diviser le développement culturel et linguistique dans l’ensemble des pays d’Oc.   Heureusement, son crédit se réduit à mesure que les élus se rendent compte de la supercherie.

La prise de position suivante a été faite en vue du prochain conseil municipal de Valbonne après réception (26/12/05)  d’ une circulaire de ce collectif. 

A PROPOS DE LA DEMANDE DE SOUTIEN A LA MAIRIE DU « COLLECTIF PROVENCE POUR LA LANGUE ET LA CULTRUE PROVENÇALES »

« Il s’agit là – et je pèse mes mots- d’une imposture de la part d’un groupement d’associations provençalistes conservatrices (voire, pour certains membres de l’Unioun Prouvençalo », proches de l’extrême droite), qui veulent faire reconnaître la langue provençale comme une langue à part, alors que le provençal est un dialecte de la langue d’oc (comme l’auvergnat, le collectif avait déjà gascon, le limousin) et qu’il existe déjà un « CAPES d’Occitan- Langue d’Oc » qui forme les enseignants en tenant compte des particularités de chaque dialecte. 

Initialement, ce mouvement provençaliste a vu le jour dans la région d’Arles, ce qui explique qu’il ait reçu une écoute bienveillante de la part de Michel Vauzelle.

Ce collectif avait déjà réussi en 2003 à faire voter une motion dans le même sens au Conseil Régional (motion votée par les groupes socialiste, communiste et vert) ; compte tenu du tollé suscité par cette motion, le Conseil Régional était revenu sur sa position et avait adopté un autre vœu reconnaissant que les langues provençale et niçoise sont partie intégrante de la langue d’Oc. ( la presse, notamment régionaliste, s’en était fait l’écho ).Les trois grands mouvements culturels que sont l’IEO (Institut d’Estudis Occitans), le mouvement Parlaren et le Felibrige, ont sur ce sujet la même position, qu’ils ont d’ailleurs été amenés à réaffirmer après l’incident de cette motion, en créant un « Conseil Permanent des mouvements de promotion de la langue et de la culture régionale en Provence-Alpes-Côte d’Azur ».

Il est assez cocasse de voir le Collectif Provence se poser en défenseur du « provençal mistralien » prenant le contre-pied du mouvement félibréen, qui est le mieux placépour défendre la langue de Mistral.

Il convient également de souligner que le nombre de postes offert au CAPES d’occitan est passé de 17 en 2002 à 4 en 2004 et 2005 et que demander la création ( injustifiée ) d’un autre CAPES ne ferait qu’aggraver la situation.

En effet, si on prenait en compte tous les dialectes et particularismes locaux de France, on aboutirait à 70 « langues », ce qui rendrait impossible toute tentative d’enseignement. (Ainsi la langue corse comprend trois voire quatre variantes ; pourtant, il existe bien un seul CAPES de langue corse et aucun Corse ne s’en plaint).

Il faut également savoir que des personnes qui se revendiquent grands défenseurs de la langue provençale s’évertuent à saboter toute tentative sérieuse d’enseignement de cette langue, en diabolisant les occitanistes ; ainsi, dès son élection, la première adjointe à la mairie de Vallauris s’est empressée de faire fermer la Calandreta (maternelle enseignant en langue d’oc par immersion) ouverte par le précédent maire dans des locaux qui avaient été légués à la mairie spécialement pour y installer cette école.

A ce jour, ce collectif et les association qui le composent sont loin d’avoir démontré une quelconque efficacité dans la défense des langues régionales ; leur action paraît plutôt se limiter à des cours du soir entre « vieux Provençaux » qui entretiennent mutuellement leur connaissance de la langue en lisant quelques morceaux choisis, sans s’inquiéter de transmettre aux jeunes générations une langue vivante avec un vocabulaire d’aujourd’hui.

La situation des langue régionales est suffisamment grave en France pour qu’on ne sème pas la confusion en multipliant des initiatives incohérentes.

Rappelons que la France est le seul pays de l’Union Européenne, avec la Grèce, à ne pas avoir reconnu de droits à ses langues minoritaires, alors qu’elle feint d’être rvoltée par l’attitude de la Turquie envers la communauté Kurde et que Chirac se pose en défenseur des cultures et des langues en danger dans le monde.

Si une subvention en faveur de ce collectif était proposée au vote, au prochain conseil municipal, je me verrais dans l’obligation de voter contre ».

Sylviane FRANZETTI

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