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A cet instant, devant vous rassemblés, je ne peux que penser à un grand défenseur de la culture provençale et de la langue d’Oc. Un aixois qui a rêvé d’unité ente tous les acteurs de la langue un homme qui voulait à tout prix rapprocher Victor Gélu de Frédéric Mistral. Je veux parler de celui qui a organisé le " roumavage dei troubaire " de Jean- Baptiste Gaut, du felibre Gaut. Sabi pas se capitet mau, se capitet bèn, mai son esperit es totjorn viu.
Et c’est cet esprit, je le crois, qui a merveilleusement été servi par tout les intervenants et par les animateurs de cette après midi Eliane et Frédéric, un immense merci à eux tous de la part de toutes les associations de l’Ostau de Provènça.
Car nous somme fiers à l’Ostau de Provènça d’Aix d’avoir bâti un outil qui rassemble les grands mouvements de la culture provençale. S’ils ont répondu à notre appel, c’est qu’il savent que cette maison a toujours été ouverte à tous, qu’elle a toujours été leur maison. Et cela grâce au travail qui est fait au quotidien par toutes celles et tous ceux qui la font vivre. Qu’il me soit permis de saluer le travail d’accueil et d’écoute fait au cours de toutes ces années et pour l’organisation de ces Etats. Et vous le comprendrez je suis sûr je tiens tout particulièrement à citer le Majourau Jacques MOUTTET véritable âme de cette maison.
Si Monsieur le maire de Fuveau En Jean BONFILLON a accepté de nous recevoir, et je lui adresse mes plus vifs remerciements, c’est parce que depuis longtemps des liens d’amitié et de travail culturel commun se sont tissés entre associations Aixoises et Fuvelaines notamment dans le domaine de la création théâtrale avec, par exemple, l’Effort Artistique d’Aix et son président Jean-Pascal Richard et le cercle St Michel de Fuveau. La communauté du Pays d’Aix, dont l’esprit est de mettre en commun de mieux partager au plus grand bénéfice de tous, était déjà en germe dans les rassemblements organisés à Fuveau.
L’Ostau de Provènça, outil inter communal, existe depuis maintenant 15 ans. Ce que nous pensons être un modèle, parce que duplicable à souhait, a vu avec grand plaisir l’émergence à ses cotés d’un centre de collectage et de restitution de la mémoire, le Coloc du président Marc AUDIBERT devenu aujourd’hui une véritable médiathèque provençale. Et comme nous sommes sans cesse en recherche de support pour que vive notre langue et que s’exprime les jeunes talents d’expression provençale nous avons en projet une petite salle de spectacle sise au Parc Jourdan qui viendrait admirablement terminer un véritable espace culturel provençal.
En attendant il faut rappeler que l’Ostau et le Coloc, structures fortement imbriquées, ont toujours bénéficié du soutien de la ville d’Aix. Aussi je tiens à remercier Mme Maryse JOISSAINS MASSINI député Maire d’Aix en Provence pour son aide et sa confiance, ainsi qu’à rendre hommage à Mme Arlette OLLIVIER Déléguée à la culture provençale pour son action. Je crois qu’elles nous soutiennent parce qu’elles ont trouvé dans l’Ostau un partenaire crédible pour relayer leur message d’attachement à la culture provençale. Un partenaire qui a de cette culture une approche œcuménique qui respecte les différentes sensibilités, qui met à disposition de tous des moyens pour agir.
Et agir, faire avans, toteis ensems cotrilha vaqui perque siam acampats a Fuveu. Fuveu, vos va dieu, sara lo signau. Et se fau bolegar ! Car il y urgence à agir, urgence pour la langue régionale.
Se battre pour un nom : provençal, langue provençale, langue d’Oc, Occitan n’est ce pas s'agiter pour savoir quelle épitaphe on mettra sur son tombeau. Alors pensez la langue agoniserait sous l'œil intéressé de ses ennemis qui se délecte de nos querelles et en profite pour imposer des modifications constitutionnelles qui au passage rompent avec l’idée d’universalisme que revêtait le modèle français.
Et bien nous sommes ici nous pour rompre avec cette logique de garolha. Et puis à l’instar de Shakespeare je dirai un nom qu’il y a t-il dans un nom sous n’importe quel nom une rose sentirait aussi bon. Et comme je cite un grand auteur anglais qu’il me soit permis de rappeler ici l’immense valeur que nous accordons aux langues à toutes les langues. Je ne suis pas sûr d’ailleurs que cet immense écrivain anglo saxon se reconnaîtrait dans le parler ango américain d’aujourd’hui. La mondialisation est là qui impose ses règles. Et j’invite, reprenant l’argument développé par M Durand sur France 3, les défenseurs de la langue française à réfléchir sur ce paradoxe : Peut on développer un modèle mono lingue, qui repose sur la diffusion d’un seule langue sans éradiquer, de facto, le français au profit de l’anglais . En vérité je vous le dis l’intégrisme n’est pas dans notre camp. Se battre aujourd’hui pour la langue d’Oc, le basque le corse, le breton ... les langues de France c’est aussi sauver le français. Cette langue française qui dans les domaines techniques comme l’informatique, est devenue une langue ultra minoritaire et aussi quelque part une langue vernaculaire. Les pourfendeurs des patois ne doivent plus oublier que c’est maintenant contre leurs propres camps qu’ils tirent
Alors devant tant de dangers, ce qui nous rassemble, nous rassemble vraiment c'est cette urgence. Nous devons accepter notre diversité et la faire admettre en la valorisant. Et nous nous interdirons toujours d'en appeler aux pouvoirs établis pour réduire au silence ceux qui ne pensent pas comme nous. Ceux qui adhèrent au mouvement des Etats Généraux doivent savoir qu'il oeuvrera toujours pour la libre circulation des opinions dans le respect mutuel, et qu'il agira avant tout pour la récupération de la langue par tous les moyens, sous quelque nom qu'on lui donne, et avec tous ceux qui adhèrent à cet esprit de tolérance, d'ouverture, et de ténacité dans notre volonté de redonner à notre langue toute sa place dans la société provençale.
Et c’est de la société provençale toute entière qu’il s’agit. Il nous faut comme le préconisait le rapport LANGEVIN " sortir de la logique de guichet " pour passer à un projet régional qui implique cette société provençale toute entière. Ce projet qui doit être supervisé par les grand mouvements qui se sont exprimés ce soir et dont la légitimité n’est pas contestable doit, pour être viable, bénéficier du plus grand soutien des élus, des pouvoirs publics et des acteurs économiques. Il doit être géré pour son exécution par des professionnels. Est il viable de confier plus avant notre langue à un bénévolat, même (très parcimonieusement) arrosé. Ceux qui oeuvrent au quotidien sur le terrain savent les difficultés pour mener à la fois leur action de création, faire émerger de grands projets et respecter les critères de transparence qu’imposent la remise de dossier de financement public.
Aujourd’hui nous n’aurons de cesse de demander aux partenaires institutionnels, et en premier lieu au conseil régional, qui n’a pas, à notre sens, suffisamment porté sa pierre à l’édifice alors que de grands espoirs semblaient permis, des véritables plans de sauvegarde de diffusion et de promotion de notre langue. Nous attendons de la puissance publique pour l’enseignement de notre langue
Nous voulons voir l’émergence de projets dynamiques et motivants pour libérer cette langue régionale
Vous le voyez les idées et les projets ne manquent pas. Nous vous proposons sur la méthode de vous inscrire pour recevoir l’ensemble des interventions de ces Etats. Nous souhaitons bien évidemment faire vivre les revendications qui se sont exprimées ici. Nous verrons avec ceux qui adhèrent à cette démarche comment les faire avancer au mieux. Nous réfléchirons aux nécessaires bilans d’étape et aux moyens de se retrouver, pourquoi pas au cours d’un grand rassemblement festif comme l’a évoqué JP BELMON, toujours plus nombreux pour faire battre le cœur de notre région et pour que la langue de nos grands parents puissent devenir le choix de nos petits enfants.
Et comme j’ai commencé avec GAUT je finirai en le citant dans un poème
Poema escrit a s-ais lo 15 de Julhet 1890 poema m’onte JB GAUT rend tamben un omenage a Gelu, d’Astros, Dioulouffet, Belot , Benedit
Fuveau le 24 Mai 2003
Hervé GUERRERA