Les promoteurs du nucléaire, qui ont immensément plus
accès aux médias que leurs détracteurs, en
profitent pour tromper l'opinion publique avec des déclarations
comme :
"Les énergies renouvelables ont une production
négligeable par rapport au nucléaire" ou
"L'énergie nucléaire est en plein développement
sur la planète" ou encore "L'Allemagne prétend sortir du
nucléaire, mais elle achète l'électricité
nucléaire française".
Tout ceci est parfaitement faux. Il est nécessaire de faire connaître la vérité :
- Les énergies renouvelables produisent beaucoup plus que le nucléaire
- L'hydroélectricité produit à elle seule plus que le nucléaire
- Les statistiques officielles donnent au nucléaire une importance qu'il n'a pas
- Le nucléaire ne couvre que 2,5% de la consommation mondiale d'énergie
- Cette part, déjà très faible, va encore se réduire à l'avenir
- Depuis 4 ans, l'Allemagne est exportatrice nette d'électricité vers la France
Les éléments présentés dans ce document
sont basés sur les données officielles et tout
particulièrement sur les rapports publiés par l'Agence
internationale de l'Energie (AIE) et par le Réseau de transport
de l'électricité (RTE), filiale d'EDF. Autant dire qu'il
s'agit d'organismes peu soupçonnables d'activisme
antinucléaire…
Références : Agence internationale de l'Energie (AIE)
KEY WORLD ENERGY STATISTICS 2007 (basé sur les chiffres 2005)
http://www.iea.org/textbase/nppdf/free/2007/key_stats_2007.pdf
Réseau de transport de l'électricité (RTE-EDF)
RESULTATS TECHNIQUES DU SECTEUR ELECTRIQUE EN FRANCE
2006 : http://www.rte-france.com/htm/fr/mediatheque/telecharge/rtse_2006.pdf
2005 : http://www.rte-france.com/htm/fr/mediatheque/telecharge/rtse_2005.pdf
2004 : http://www.rte-france.com/htm/fr/mediatheque/telecharge/rtse_2004.pdf
Les énergies renouvelables produisent beaucoup plus que le nucléaire
Le rapport KEY WORLD ENERGY STATISTICS 2007 montre, en page 6, la
répartition de la production d'énergie primaire dans le
monde.
Attention : nous reviendrons plus loin sur la façon de
comptabiliser l'énergie qui est utilisée par l'AIEA :
elle compte en énergie primaire, ce qui avantage outrageusement
le nucléaire en le faisant passer pour bien plus important qu'il
n'est. Pourtant, malgré ce subterfuge, on voit que les
renouvelables (y compris l'hydroélectricité, bien
sûr), atteignent 12,2%, contre 6,3% pour le nucléaire.
On nous raconte à longueur d’année que la
production d'énergie renouvelable serait infime par rapport
à celle du nucléaire. C'est parfaitement faux : on voit
bien que les renouvelables atteignent 12,2%, contre 6,3% pour le
nucléaire.
Mieux : nous allons voir que, en considérant la consommation
mondiale d'énergie au lieu de l'énergie primaire, la
différence est en réalité encore plus importante
en faveur des énergies renouvelables.
L'hydroélectricité produit à elle seule plus que le nucléaire
Le rapport KEY WORLD ENERGY STATISTICS 2007 montre, en pages 16 et 18,
les productions d'électricité respectives du
nucléaire et de l'énergie hydraulique :
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Vous ne rêvez pas : le
nucléaire a produit sur Terre 2768 TWh, c'est-à-dire
moins que l'hydroélectricité qui a produit 2994 TWh.
Cela prouve, si c'était encore nécessaire, que les
énergies renouvelables produisent effectivement beaucoup plus
que le nucléaire, puisqu'une énergie renouvelable,
l'hydroélectricité, produit à elle seule plus que
le nucléaire.
Important : Peut-être avez-vous
noté une curiosité : alors que le nucléaire
produit moins que l'hydroélectricité, la part du
nucléaire dans le premier graphique est quasiment trois fois
plus importante : 6,3% contre 2,2% pour
l'hydroélectricité.
Nous allons voir par quel subterfuge
les promoteurs du nucléaire parviennent à faire passer le
nucléaire pour une énergie bien plus importante qu'elle
n'est en réalité. Leur objectif est de laisser croire
qu'il est impossible de se passer du nucléaire et que, de fait,
il faut accepter de vivre avec les dangers qu'il nous impose.
La réalité est
inverse : le nucléaire nous impose des dangers immenses…
alors qu'il ne contribue que de façon marginale à
l'économie mondiale. Conclusion logique : il est finalement
facile – et justifié - de se passer du nucléaire.
Les statistiques officielles sont trompeuses et surévaluent la place du nucléaire
a) Energie primaire / Consommation d'énergie (ou énergie finale)
Nous avons vu que le nucléaire était officiellement
estimé à 6,3% de l'énergie mondiale, et
l'hydroélectricité à 2,2% seulement... alors que
cette dernière produit plus que le nucléaire. Pour
arriver à de tels chiffres, les promoteurs du nucléaire
utilisent une façon de compter l'énergie qui avantage
outrageusement le nucléaire : il s'agit du décompte en énergie primaire.
Sans entrer dans des détails complexes, il faut retenir que compter en énergie primaire
revient à compter dans la contribution du nucléaire toute
l'énergie qui sort d'une centrale. Or, les deux tiers de cette
énergie sont de la chaleur rejetée dans l'environnement et donc… définitivement perdue.
Vous avez sûrement vu les panaches de vapeur d'eau qui s'échappent des tours de refroidissement des centrales. Mais il y a aussi ce que vous ne voyez pas : des milliards de litres d'eau chaude rejetés en continu dans les rivières (où ils causent d'ailleurs de graves dommages écologiques) et dans la mer.
Quand on compte en énergie primaire, toute cette énergie perdue est quand même prise en compte dans la part du nucléaire comme s’il s’agissait d’une énergie utilisable.
Il faut également tenir compte d'autres paramètres comme
les pertes d'énergie le long des centaines de kilomètres
de lignes électriques (du fait de la centralisation
extrême de la production nucléaire). Finalement, ce sont au moins les 3/4 de l'énergie primaire nucléaire qui sont perdus avant d'arriver chez le consommateur.
Bien entendu, les instances officielles, quasiment toutes favorables au nucléaire, comptabilisent toujours l'énergie primaire,
afin de faire croire que le nucléaire est plus important –
et donc bien moins facile à supprimer – qu'il n'est en
réalité.
Ainsi, en comptant en énergie primaire,
le nucléaire représente 42% de l'énergie
française (ce que certains, comme M. Sarkozy, arrondissent
carrément à 50%). Or, nous venons de le voir, les 3/4 de
cette énergie sont perdus dans la nature. En
réalité, le nucléaire ne couvre que 17% de la consommation française d'énergie (ou énergie finale)
On a en effet une meilleure vue de la part du nucléaire en
comptabilisant la consommation d'énergie, ou énergie
finale.
Les statistiques officielles sont trompeuses et surévaluent la place du nucléaire
b) Le nucléaire ne couvre que 2,5% de la consommation mondiale d'énergie
Revenons au rapport KEY WORLD ENERGY STATISTICS 2007.
- On voit que le nucléaire représente 15,2% de la production mondiale d'électricité.
- On voit que l'électricité représente 16,3% de consommation mondiale d'énergie.
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Il apparaît donc très clairement que le nucléaire couvre 15,2% de 16,3% de la consommation mondiale d'énergie, c'est-à-dire exactement 2,48%. Arrondissons :
Le nucléaire ne couvre que 2,5% de la consommation mondiale d'énergie.
Voici donc la réalité : la planète est soumise aux dangers extrêmes du nucléaire
(risques de catastrophes, prolifération, déchets
radioactifs, rejets dans l'environnement, etc) alors que celui-ci
n’assure, en contrepartie, que 2,5% de la consommation mondiale
d'énergie.
Autre enseignement : la
part de l'atome dans l'énergie mondiale est si faible que,
même si cette énergie dégage peu de CO2, sa
contribution à la lutte contre le changement climatique est en
fin de compte pratiquement nulle, contrairement à ce qui nous est raconté à longueur de temps.
De même, le nucléaire ne peut constituer une alternative
aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon). Les
énergies renouvelables, qui ont un potentiel de
développement très élevé,
représentent la seule alternative. Tant mieux d'ailleurs,
puisque ce sont les seules énergies propres.
La part du nucléaire dans l'énergie mondiale va encore se réduire à l'avenir
Il ne se passe pas un jour sans que l'on nous parle d'un supposé "grand retour du nucléaire".
Il est vrai que des réacteurs nucléaires sont en
construction et que d'autres sont en projet, mais ce n'est pas le
signal d'un déploiement du nucléaire sur la
planète. Au contraire : ce sont les efforts de l'industrie nucléaire pour ne pas disparaître.
En effet, d'ici 2025, la moitié des 435 réacteurs en
fonctionnement actuellement sur la planète vont fermer,
arrivés en fin de vie.
D'ailleurs, le 10 novembre 2006, Claude Mandil, directeur
exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a
déclaré : "La tâche principale de l'industrie
nucléaire dans les années à venir sera de
remplacer les centrales existantes qui auront atteint leur fin de vie.
Cela signifie qu'on aura besoin de nombreuses centrales sans pour
autant augmenter la part du nucléaire dans la production
d'électricité." Ainsi, dans le rapport KEY WORLD ENERGY
STATISTICS 2007, on peut voir en page 46 que l'AIE étudie deux
scénarios possibles pour 2030 :
Dans le scénario de référence
(RS), dans le cas où les humains ne feraient pas de réels
efforts pour économiser l'énergie, la part du
nucléaire (en énergie primaire) passerait de 6,3%
actuellement à 5%.
Dans le scénario alternatif,
l'AIE envisage que des économies d'énergie soient faites
- concernant les énergies fossiles mais, comme par hasard, pas
le nucléaire – et, dans ce cas, la part du
nucléaire pourrait parvenir à 6,9% (en énergie
primaire), ce qui en ferait toujours une énergie marginale sur
Terre. Même dans ce scénario, la part du nucléaire
dans la consommation mondiale d'énergie resterait très
faible, en dessous de 3%.
Et encore, ces
scénarios sont basés sur l'hypothèse que la
plupart des centrales nucléaires qui vont fermer seraient
remplacées par des nouvelles, ce qui est très improbable
malgré les nombreux effets d'annonce actuels. En
réalité, la part du nucléaire pourrait bien chuter
brutalement. On le voit, le nucléaire est et restera dans tous
les cas une énergie marginale sur la planète.
Par contre, le risque nucléaire ira en s’aggravant, en
particulier du fait du vieillissement des centrales et du fait de la
prolifération (accès à l'arme atomique de divers
pays, sous couvert de développer le nucléaire dit
"civil").
Depuis 4 ans, l'Allemagne est exportatrice nette d'électricité vers la France
Les promoteurs du nucléaire prétendent souvent que
l'Allemagne sort du nucléaire… en achetant
l'électricité nucléaire française. Il
s'agit d'une contre-vérité dont le seul but est de tenter de décrédibiliser le plan de sortie du nucléaire en cours en Allemagne.
En réalité, depuis 2004, c'est l'Allemagne qui est exportatrice nette d'électricité vers la France.
(Nous précisons "nette" car il y a des échanges dans les
deux sens. L'important est que la différence est effectivement
défavorable à la France, laquelle est bien importatrice
d'électricité depuis l'Allemagne.)
Il suffit d'ailleurs d'étudier les bilans annuels
(Résultats techniques du secteur électrique en France)
publiés par le Réseau de transport de
l'électricité (RTE-EDF). Les tableaux des 4
dernières années sont présentés en page
suivante, prenons comme exemple le tableau de l'année 2006 :
On notera que la France est globalement exportatrice
d'électricité (*) mais que la situation est bien
différente vis-à-vis de l'Allemagne : entouré en
rouge ci-dessus, le solde des "exportations" vers l'Allemagne
est… négatif. Il s'agit d'importations.
8,7 TWh en 2004, puis 9,7 TWh en 2005, et 5,6 TWh en 2006 : c'est plus
de la production annuelle d'un réacteur nucléaire que la
France importe annuellement depuis l'Allemagne. Le chiffre
définitif de 2007 n'est pas encore connu mais les données
provisoires (cf ci-dessous) montrent que la situation s'est encore
aggravée.
(*) La France exporte de l'électricité lorsque les prix
sont bas, mais elle en importe énormément lorsque la
consommation est forte et donc lorsque les prix sont au plus haut.
Résultat : en 2006, la France a exporté pour 4,1
milliards d'euros d'électricité, mais elle en a quand
même importé pour 1,5 milliards !
Note sur les émissions de CO2
: La plupart de ces importations ont lieu lorsque fonctionnent les
millions de convecteurs électriques installés en France
par EDF et l'Etat français afin de "justifier" la construction
des réacteurs nucléaires. Mais, en fin de compte, ce sont
les centrales thermiques allemandes – fortement émettrices
de CO2 - qui approvisionnent en partie ces convecteurs
électriques français. Ces émissions de CO2
devraient donc en toute logique être créditées
à la France, et même au nucléaire français.
Il apparaît donc que l'industrie nucléaire, outre ses
propres tares (risques, déchets radioactifs, rejets dans
l'environnement, prolifération), est aussi co-responsable de
l'aggravation du réchauffement climatique.
Chiffres provisoires pour 2007
On note dans ces tableaux que les "exportations"
d'électricité française vers l'Allemagne
sont… négatives : ce sont des importations. Pour 2007,
les chiffres sont provisoires, mais on peut déjà voir que
la situation s'est aggravée par rapport à 2006 (les
importations depuis l'Allemagne ont augmenté de 8%, les
exportations ont diminué de 16%).
Cela fait donc 4
années consécutives que la France est importatrice
d'électricité depuis l'Allemagne. Il est de fait
mensonger de prétendre que l'Allemagne sortirait du
nucléaire "grâce à l'électricité
nucléaire française". CQFD.
Conclusion : Faire la vérité sur le nucléaire…
…et faire connaître cette vérité
Bien d'autres idées fausses sont répandues dans l'opinion
par les incessantes publicités et déclarations des
promoteurs du nucléaire, qui bénéficient de
puissants moyens financiers. Elles méritent tout autant
d’être mises en lumière et démenties.
Aussi, nous vous invitons à consulter les différents
dossiers ou brochures édités ou co-édités
par le Réseau "Sortir du nucléaire", parmi lesquels
:
·
Nucléaire : comment en sortir ? - Etude sur des sorties du
nucléaire en 5 ou 10 ans
· Face à la menace climatique, l'illusion du nucléaire
· ITER, un soleil artificiel à portée de main?
· Déchets nucléaires, le casse-tête !
· Etude sur les alternatives à l'EPR
·
Agir localement pour l'efficacité énergétique et
les énergies renouvelables
· La sortie du nucléaire en questionS
· Les centrales nucléaires face au risque sismique
· Canicule et centrales nucléaires
Ces documents sont consultables sur le site web du Réseau "Sortir du nucléaire" : http://www.sortirdunucleaire.fr
Vous pouvez également les commander sur support papier auprès du
Réseau "Sortir du nucléaire", 9 rue Dumenge, 69004 Lyon cedex, Tél. : 04.78.28.29.22