L'ersa rompuda - La vague brisée

Sous les feux d'une UMP locale qui fait tout pour favoriser une Provence de riches propriétaires,  avec les conséquences sociales et sociétales désastreuses de la politique de Nicolas Sarkozy qui touche de plein fouet les plus fragiles la terre que nous aimons ressemble de plus en plus à une résidence de standing ou à une maison de retraites pour personnes âgées fortunées.

Deux mouvements tant locaux qu’hexagonaux qui viennent conforter une Provence toujours plus réservée aux riches, toujours plus, comme l’ont voulu les choix étatiques des années 1950, « Californie et bronze-culs de l’Europe ».

Ainsi les villes d'Orange, Avignon, Marseille, Aix-en-Provence, Toulon, Nice, Gap ... restent ou passent au main d'une droite qui laissant faire le marché immobilier contribue à consommer de l'espace et chasser de la Provence les couches moyennes.

Même si la situation électorale, par exemple, du département des Bouches-du-Rhône est très fortement contrastée, les mouvements amorcés ne vont pas sans nous inquiéter.

A l'Ouest tout particulièrement la gauche qui, surtout grâce au PCF, résiste très fortement. Ailleurs les villes de Marseille, La Ciotat ou Aix-en-Provence témoignent d'une situation de plus en plus "azuréenne", ( si l'on excepte l'importante vitoire de La Seyne dans laquelle le Partit Occitan a pris toute sa place ) qui met, petit à petit, la gauche totalement hors jeu. Au passage notons que les villes d'Aix et de Marseille, soit disant si différentes, ont toutes les deux échappé à la vague rose.
Notons aussi que la seule ville où il n'y avait pas de représentant de Région Provence/Poc et dont nous avons soutenu le maire dès le premier tour, autrement dit la ville d'Arles, voit la réelection d'Hervé SCHIAVETTI avec un score de 65% au premier tour. Bravo à lui.

Nous pensons que les opération immobilières en cours sur Marseille, l'avancée du pavillonaire en pays d'Aix ne sont nullement étrangères aux échecs de la gauche. Toucher l'électorat qui réside dans des "villas néo provençales" constitue un vrai problème pour la gauche et interroge très fortement les régionalistes que nous sommes.

La Provence est la terre de l’agora, du forum de la place où se règle bien des affaires publiques ou privées. De tels lieux de sociabilité n’existent pas dans nombre de lotissements ou de résidences souvent recroquevillés derrière leurs barrières. Le mitage de la campagne, la dispersion de l’habitat ne pose pas qu’un problème de développement durable (asphyxie des transports, problèmes de pollution ... ) ou d’infrastructures publiques. Ils constituent un véritable frein à la recomposition du tissu social, à l'émergence d'une personnalité régionale renouvelée, à l’avancée de la citoyenneté qui repose d’abord et avant tout sur un échange rendu totalement hypothétique dans nombre de ces habitats.


Il est très difficile de nous adresser à ces publics. Il nous faudra réfléchir à de nouvelles formes de militance et de communication et là les nouvelles technologies peuvent nous aider. L’interactivité d’Internet, à condition qu’elle débouche et pousse à de vraies rencontres doit nous fournir des outils pour communiquer avec des habitants trop refermés sur eux-mêmes.

Il faudra aussi que la gauche institutionnelle s’interroge sur les futures opérations d’urbanisme qu’elle aura à mener. Au prix actuel, et à venir du m2, l’habitat dispersé fait émerger de véritables ghettos de riches qui non seulement condamnent, à terme la gauche, mais renforcent l’individualisme galopant et cassent la sociabilité provençale traditionnelle.

Nous ne voulons pas de cette société et appelons à la réflexion la gauche qui est aux manettes dans les mairies les conseils régionaux et généraux et à la résistance toutes les populations qui sont aujourd'hui empétrées dans les problèmes de logement de transport et donc de pouvoir d'achat.

La démocratie, les services à la personne, la solidarité seront beaucoup plus vivaces au coeur de nos centre villes et villages. C'est là que doivent, pour faire face aux défis de demain, se regrouper les populations. Il est urgent pour les générations futures, comme pour les impératifs actuels de santé publique, d'arrêter de gaspiller et polluer l'espace, de prioriser les transports en commun et de réduire la place de la voiture comme les temps de transports. Densifier les noyaux urbains existants, mailler le territoire de modes de transports alterantifs à la voiture, rendre l'habitat énergiquement autonome sont autant d'actions urgentes qu'il ne faut plus différer.

Il en va de l'avenir de la planète comme du devenir du vivre ensemble. Et cela Mistral l'avait déjà compris "E quand chasco Prouvènço, e chasco Catalougno, aura d’aquelo sorto recounquist soun ounour, veirès que nosti vilo redevendran ciéuta."

Hervé GUERRERA
Le 19/03/2008
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