Michèu PRAT
9, lèia de Chabanòtas
Amèus de Puèi Maure
05 000 Gap / Occitània
Telefòn : 04/92/53/50/73
Telecòpia : 08/75/48/18/79
Corrieu :
micheu.prat@orange.fr
à
Monsieur le Recteur de l'Académie d'Aix-Marseille
Rectorat
place Lucien Paye
13 621 Aix-En-Provence cedex 1
Tél : 04.42.91.70.00
Fax : 04.42.26.68.03

Gap, la dimenja 2 de decembre de 2 007

Objet : occitan / langue d'oc

Monsieur le Recteur,

Vous avez mis en place, selon les instructions officielles, le Conseil Académique des Langues et Cultures Régionales. Je me réjouis de cette initiative qu'aucun de vos prédécesseurs n'avait eu le courage de prendre.

Cependant, vous savez combien il est difficile, dans notre région, d'utiliser une terminologie adaptée pour désigner notre langue régionale. Je regrette que de nombreux documents officiels n'utilisent que le mot « provençal » alors que la terminologie officielle présente dans tous les textes nationaux (et qui fait consensus) est « occitan / langue d'oc ».

Le mot « provençal » est ambigu, il désignait au Moyen-Âge l'ensemble de la langue d'oc, acception qui a perduré jusqu'à Mistral et au-delà. On employait alors aussi « limousin » ou « gascon » pour désigner l'ensemble des parlers d'oc. Vous n'ignorez pas que d'aucuns voudraient qu'on parle DES langues d'oc (au pluriel) alors que tous les linguistes sérieux reconnaissent l'unité de LA langue d'oc au singulier, riche de toute sa diversité.

La langue d'oc se compose de six grands dialectes : auvergnat, gascon, languedocien, limousin, provençal (avec ses sous-dialectes rhodanien, maritime et niçois, certains classant ce dernier à part -quasiment comme un septième dialecte-) et vivaro-alpin -ou alpin-, certains utilisant à tort le terme de provençal-alpin (puisqu'il s'agit de deux dialectes différents de la langue d'oc) ou encore alpin d'oc, appellation qui n'a rien d'officiel ni de justification autre que de vouloir ménager la chèvre et le chou, si vous voulez bien me passer l'expression.

Dans l'académie d'Aix-Marseille que vous dirigez, deux de ces grands dialectes sont présents : l'occitan provençal et l'occitan alpin (ou vivaro-alpin). On s'aperçoit alors facilement qu'il devient non seulement réducteur mais aussi faux d'utiliser le terme provençal pour recouvrir toute la réalité de la langue d'oc dans notre région.
Dans un souci de clarté, de cohérence et de respect de la dignité de la langue occitane, je souhaiterais l'utilisation par les services rectoraux et académiques du terme officiel d' « occitan / langue d'oc ».
Permettez-moi, Monsieur le Recteur, de vous présenter quelques arguments pour étayer ma demande.

1 ) Frédéric Mistral, fondateur du Félibrige et prix Nobel de littérature indique au fronton de son œuvre majeure : LOU TRESOR DÓU FELIBRIGE ou DICTIONNAIRE PROVENÇAL-FRANÇAIS embrassant LES DIVERS DIALECTES DE LA LANGUE D'OC MODERNE. Je me permets de vous faire remarquer qu'il utilise le singulier pour désigner LA langue d'oc. Il emploie le mot « PROVENÇAL » dans son acception ancienne exactement synonyme d'occitan.

2 ) La région Provence Alpes Côte d'Azur fait partie, dans son intégralité, du domaine de langue d'oc. Serions-nous le no man's land entre les vallées occitanes d'Italie et tout le reste du domaine d'oc (Auvergne, Languedoc, Limousin, Gascogne) où un parler étrange refuserait sa dénomination d' « occitan / langue d'oc » pour n'utliser que le terme de « provençal » ?    

3 ) N'entretenons pas la confusion entre le tout et la partie. Aujourd'hui, le mot provençal doit désigner le dialecte de langue d'oc parlé en Provence, mais pas l'ensemble des dialectes parlés en  Provence Alpes Côte d'Azur ou dans l'académie d'Aix-Marseille. Le « tout » est la langue occitane, le terme de « provençal » ne devrait désigner aujourd'hui que sa « partie » oriento-méridionale.

  Je vous prie d'accepter; Monsieur le Recteur, l'expression de mes salutations les plus respectueuses.


Monsieur Michèu PRAT


N.B. : cette lettre émane d'un individu, citoyen, espérant que sa démarche sera relayée et renforcée par des courriers émanant d'associations et organismes défendant eux-aussi l'unité et la dignité de la langue occitane (ou langue d'oc) : le Félibrige, l'Institut d'Études Occitanes, la FELCO (et/ou sa composante dans l'académie d'Aix-Marseille : l'AELOC, Association pour l'Enseignement de la Langue d'OC)...

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