La position des régionalistes : les éléments en débat
1) Le service public est à l'envers. Le premier besoin des populations est d'avoir une alternative crédible à la voiture sur des parcours de proximité des distances comme lieu de résidence lieu de travail ou lieu de consommation. Hors aujourd'hui il faut une heure pour faire AIX - MARSEILLE 30 Kms et 1 même heure pour faire Aix - Lyon. Face à cela le seul intérêt de la SNCF réside dans le tout TGV.
Le débat sur le service minimum est aussi particulièrement risible. Il ne concerne que la région parisienne qui pour mettre en oeuvre un réseau performant a lourdement ponctionné le budget de l'État.
Nous autres en régions sommes condamnés depuis des décennies à des retards (pour priorité donnée au TGV ainsi que des reports d'investissement sur les lignes régionales) et des fermetures. Sans compter que les prix de ce service "ni public ni minimum" sont exorbitants: 6,10 euros pour un aller simple deuxième classe Aix-Marseille de minimum 45 minutes.
2) Sur le principe des gares aéroport comme l'est AIX l'ARBOIS que je fréquente à titre professionnel plusieurs fois par mois. L'exemple me parait intéressant à deux titres:
a) Quelles sont les conséquences de cette gare très fréquentée que la SNCF présente comme un grand succès?
b) Cette gare préfigure celle pré positionnée sur le grand Toulon (en fait à CUERS) et est lourde enseignements pour les varois
D'abord l'Arbois s'est construit sur un énorme mensonge. Très largement mobilisée à partir de 1989, la population les élus et les associations ont refusé la ligne TGV prévue pour aller d'AIX vers le pays niçois (en fait cette ligne se serait arrêtée à Fréjus) en trouant massacrant la chaîne de la Trevaresse et en trouant par tunnel la Sainte Victoire. La gare TGV de Arbois était positionnée comme un énorme aiguillage pour les TGV qui, tout droit allaient à Marseille et à gauche "vers Nice". Devant la mobilisation la SNCF a retiré cette patte de la ligne mais a maintenu l'ARBOIS. Aujourd'hui certains des pré projets de la LGV PACA reprennent strictement des couloirs prévus dans les années 80 et repositionnent l'Arbois comme un triage. Les technocrates ont de la suite dans les idées espérons que les citoyens en auront aussi ...
Ensuite L'on nous avait promis lors de la construction de l'ARBOIS (sur le plateau de Vitrolles distant du centre d'AIX de plus de 20 Kms) un maillage avec le réseau secondaire. Certains projets parlaient même de relier AIX Marseille par une boucle et de faire rouler les RTR sur la ligne TGV. Aujourd'hui 15 ans après les projets sont toujours des projets et personne ne se risque à proposer le moindre planning.
L'on nous avait dit, SNCF, État et élus locaux que le foncier serait maîtrisé et le plateau de l'Arbois préservé. Un parc à thèmes sur l'environnement avait même été évoqué. Aujourd'hui l'urbanisme galopant ronge ce poumon vert, enfin il a bizarrement beaucoup brûlé depuis, des Bouches-du-Rhône et la megapolis ingérable AIX-MARSEILLE-Etang de Berre est malheureusement d'actualité.
Sur le type de population attirée et entraînée par cette logique de gare aéroport qui oblige à prendre la voiture pour s'y rendre (les parkings hors de prix 12 Euros / jour sont saturés) il faudrait sans doute engager des études. Clairement ce type de produit (service public?) est à destination de cadres supérieurs largement engagés dans la mondialisation qui manifestent comme on peut sans douter le plus vif intérêt pour la langue et la culture régionale. Sérieusement cette population qui a les moyens tend à faire un peu plus flamber le prix du foncier, problème crucial ici plus qu'ailleurs, et pousse les "couches moyennes" hors d'une région que tout le monde se plait à appeler PACA. La même logique est en cours sur le projet ITER sur lequel il convient de s'opposer aussi, pour que la Provence ne devienne pas un ghetto de riches actifs et retraités.
La même chose pourrait bien s'avérer vrai pour la gare dite d'Avignon. Aussi la première chose à revendiquer c'est des gares au coeur des villes et dire non au grand TOULON.
3) LGV PACA nos fa cagar? Nous sommes pour l'instant en phase de débat et je pense qu'il est très important d'y participer pour rappeler les quelques principes plus haut évoqués. Sur les variantes qui sont pour l'instant à l'étude il nous faut réfléchir sur nos fondamentaux.
A) Cette région ne fera pas sans dégât considérable l'économie d'une capitale régionale. Si Marseille émerge pas en tant que telle Avignon, AIX, Toulon, Nice et les Alpes sont condamnées à ne devenir que des banlieues riches (pour actifs ou retraités) de Lyon, Paris et toutes les capitales européennes dites occidentales. Donc aucun projet ne doit ignorer Marseille!
B) Les gares au coeur des villes: L'INSEE prévoit une population de 6 millions d'habitants à l'horizon 2015 en Provence Alpes Côte d'Azur. Si nous voulons éviter le mitage absolu de la campagne et la thrombose automobile en découlant il est urgent de reconquérir les centres villes et centre villages pour que tout type de population puisse cohabiter. Non au grand TOULON, non aux gares dans la campagne niçoise.
C) Un développement européen cohérent. Faire l'Europe ce n'est pas que tracer un axe Nord Sud. Développer des relations Est - Ouest est fondamental pour renouer avec la logique occitane et faire lever avec nos frères catalans et italiens l'Europe du Sud et ainsi entre mieux tisser de nouvelles solidarités méditerranéennes propres à favoriser le développement économique et les échanges culturels.
En conclusion il nous faudra prendre toute notre place dans le débat et soutenir les associations qui oeuvrent à la sensibilisation des citoyens sur la question ultra sensible de l'environnement et des transports.
Hervé GUERRERA