Le mouvement régionaliste occitan a déjà dit son opposition au projet nucléaire, centraliste pharaonique et inadapté dans sa réponse aux défis posés par le réchauffement planétaire. Le nucléaire reste une énergie fossile.Nous reproduisons ici, plusieurs articles sur l'incident grave qui a eu lieu à Tricastin. Parce que l'erreur est tout simplement humaine nous n'éliminerons jamais le risque d'incident et d'accident. Alors devons nous, nous mêmes ou nos enfants payer un si lourd tribut à notre besoin énergétique? Avons nous le droit d'hypothéquer durablement l'avenir des générations futures? N'est-il pas vraiment temps d'investir massivement dans le renouvelable? Faudra t-il payer le coût d'un second réacteur EPR? Autant de questions majeures sur lesquelles l'État-UMP apporte des réponses brutales qui tournent le dos au débat démocratique et au choix citoyen. Une fois de plus nous tombons dans les affres d'un obscurantisme central et profond du à un risque non maîtrisé parce que non maîtrisable.
Ce qui s'est passé à Tricastin au niveau de l'annonce de "l'incident" n'a rien à voir avec des erreurs de communication. Cela participe d'une logique du secret partagé entre quelques élites républicanophages. Oui l'accident n'est pas écartable, mais surtout silence radio. Pour ne pas affoler des populations non préparées à la gestion du risque, pour que l'opinion ne se retourne pas majoritairement contre des choix technocratiques, l'État et ses satellites ( AREVA - l'autorité de "Sureté nucléaire ... ) préfèreront toujours cacher, minimiser, mentir éhontément. Les problèmes posés par Tricastin, comme par les autres sites, sont connus ( vous verrez ci-dessous un article de la CRIIRAD du 03 Juillet, alors que la fuite a eu lieu le 08 ) mais depuis que le nuage de Tchernobyl s'est miraculeusement arrêté aux frontières françaises les progrès de transparence ne sont visiblement pas à la hauteur des exigences de la sécurité civile.
Les actions de next-up contre l'Autorité de Sûreté Nucléaire
SOMMAIREJDD.fr - 6 Novembre 2009 - Nucléaire: arrêt forcé au Tricastin
Un incident a provoqué jeudi soir l'arrêt complet des opérations de maintenance à la centrale nucléaire du Tricastin. La cause de l'événement n'est pas connue.
La centrale du Tricastin (Drôme) refait parler d'elle. Jeudi soir, un incident, de niveau 1 sur l'échelle internationale des événements nucléaires (Ines), est survenu sur le réacteur n°2 entraînant l'arrêt des opérations de maintenance en cours. "Les intervenants ont constaté, dans le cadre de leur procédure de surveillance, qu'un des 157 assemblages combustibles était resté accroché au système de maintien", précise EDF dans un communiqué. Le bâtiment réacteur a été fermé de manière préventive et une surveillance continue a été mise en place. En septembre dernier, un incident similaire sur le même réacteur avait mis plus de deux mois à être résolu.
Une situation "périlleuse"
Craignant pour la sécurité du personnel, un agent de la centrale a déclaré qu'il "[fallait] croiser les doigts pour que l'assemblage ne tombe pas. S'il tombe et que la gaine du combustible se perce, il y aura une bulle qui va se former et on estime que les gens sur place peuvent absorber la dose annuelle (radioactive) autorisée en trois minutes". Face à ce constat inquiétant, les associations anti-nucléaires dénoncent une situation "périlleuse".
Dans un communiqué où sont évoqués les deux incidents du Tricastin et celui survenu à la centrale de Gravelines (Nord) en août, le réseau Sortir du Nucléaire juge "stupéfiant de constater que cette situation aussi rarissime que dangereuse vient de se produire à trois reprises en quelques mois" et ajoute que cela "illustre la rapide dégradation du parc nucléaire français". A l'heure actuelle, un tiers des réacteurs de l'Hexagone (18 sur 58) sont à l'arrêt pour des raisons diverses.
Sur place, au Tricastin, les équipes d'experts de la centrale travaillent avec celles d'ingénierie d'EDF et d'Areva afin de stabiliser la position d'assemblage, de procéder au décrochage et au transfert de la barre d'uranium qui menace de se décrocher. A la mi-journée, le directeur de la centrale, Laurent Delabroy, a indiqué sur France Info que la cause de l'incident restait pour le moment inconnue.
Les inquiétudes de l'EPR
Ce nouvel incident intervient alors que la sureté des nouveaux EPR a été mise en cause ces derniers jours. Dans une déclaration commune, les autorités de sûreté nucléaire française (ASN), britannique (HSE) et finlandaise (STUK) avaient émis des doutes lundi sur le système de sécurité de l'EPR, le réacteur de quatrième génération, et demandé à Areva "d'améliorer [sa] conception initiale".
La construction du réacteur n'est pas pour autant remise en question et aucun retard ne devrait être envisagé à partir du moment où certaines garanties sont apportées. "La technique de l'EPR n'est pas en cause" a déclaré le Premier ministre, François Fillon, dans une interview au Monde de vendredi, ajoutant que les "problèmes posés par l'Autorité de sureté (ASN) vont être résolus et que les réacteurs français vont figurer parmi les meilleurs et les plus sûrs du monde".Situation préoccupante à la centrale nucléaire de Tricastin
Reuters - 06/11/2009 - La situation est préoccupante à la centrale nucléaire de Tricastin, dans la Drôme, où un incident a entraîné jeudi soir la suspension des opérations de maintenance, a déclaré un agent de la centrale. Lors d'une opération de déchargement de combustible, une barre d'uranium est restée accrochée au système de maintien, a fait savoir EDF dans un communiqué.
L'incident qui a eu lieu sur le réacteur numéro deux a entraîné la suspension des opérations de maintenance. "Le bâtiment réacteur a été fermé de façon préventive et une surveillance continue mise en place", précise EDF. Un incident similaire sur le même réacteur s'était produit en septembre 2008 et avait mis plus de deux mois à être résolu.
"Il faut croiser les doigts pour que l'assemblage ne tombe pas", a dit à Reuters un agent de la centrale, craignant pour la sécurité du personnel. "Si un assemblage tombe et que la gaine du combustible se perce, il y aura une bulle qui va se former et on estime que les gens sur place peuvent absorber la dose annuelle (radioactive) autorisée en trois minutes", a-t-il ajouté.
Selon le réseau d'associations anti-nucléaires Sortir du nucléaire, la situation est "périlleuse" au Tricastin. "Pour la troisième fois en quelques mois, une barre de combustible se retrouve suspendue au-dessus du réacteur menaçant de causer un accident nucléaire", dit un communiqué où sont évoqués les deux incidents du Tricastin et un similaire survenu à la centrale de Gravelines (Nord).
Pour le réseau Sortir du nucléaire, il est "stupéfiant" qu'une situation "aussi rarissime que dangereuse" puisse se reproduire. Cela illustre "la rapide dégradation du parc nucléaire français".
Selon EDF, "les équipes d'experts de la centrale travaillent avec les équipes d'ingénierie d'EDF et d'Areva pour stabiliser la position de l'assemblage et procéder à son décrochage et à son transfert". Le groupe assure que l'expérience de l'an dernier lui a permis d'identifier rapidement l'anomalie. Le directeur de la centrale, Laurent Delabroy, a précisé sur France Info que la cause de l'événement n'était toujours pas connue à la mi-journée.Incident à la centrale nucléaire du Tricastin
AFP - 6 novembre 2009 - PARIS — Les opérations de maintenance ont été suspendues sur le réacteur n°2 de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) à la suite d'un incident intervenu lors du déchargement d'une partie des barres d'uranium, a annoncé EDF vendredi dans un communiqué.
"Un des 157 assemblages combustible" (barres d'uranium) est "resté accroché" à l'intérieur de la piscine du réacteur nucléaire "lors des opérations de déchargement du combustible", a indiqué EDF. "Dès la détection de cet écart, les opérations de maintenance ont été suspendues pour permettre la résolution de ce problème technique. Le bâtiment réacteur a été fermé de façon préventive et une surveillance continue mise en place", ajoute le groupe.
"La direction de la centrale propose de classer l?événement au niveau 1 de l?échelle INES" (International Nuclear Event Scale, ndlr), qui compte huit niveaux de gravités notés de 0 à 7, est-il précisé. Un porte-parole de la centrale a indiqué à l'AFP qu'il était "trop tôt" pour dire si l'incident allait retarder les opérations de maintenance.
Un incident similaire intervenu le 8 septembre 2008 sur le même réacteur avait retardé les opérations de maintenance de plusieurs mois. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait à la suite de cet incident demandé à EDF d'"engager des actions particulières dans la surveillance des opérations de rechargement de combustibles des réacteurs nucléaires".
EDF souligne dans son communiqué que son "retour d'expérience" à la suite de ce premier incident lui a "permis d'identifier rapidement l'anomalie". "Les équipes d'experts de la centrale travaillent avec les équipes nationales d'ingénierie d'EDF et (du groupe nucléaire) Areva pour stabiliser la position de l'assemblage et procéder à son décrochage et à son transfert", est-il ajouté dans le communiqué.
Un autre accident était intervenu en mai dans le réacteur n°1 de la centrale du Tricastin : deux pièces métalliques de deux tonnes chacune, utilisées pour des tests de fonctionnement sur le pont de manutention, étaient tombées d?une hauteur d?environ 15 mètres.La centrale nucléaire du Tricastin, implantée sur la commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux, est équipée de quatre réacteurs à eau sous pression de 900 mégawatts (MW).
Le réacteur n°2 était arrêté depuis le samedi 31 octobre pour rechargement du combustible nucléaire et opérations de maintenance.Sur les 58 réacteurs nucléaires français, 15 sont actuellement à l'arrêt, a indiqué vendredi le PDG d'EDF Pierre Gadonneix.
"Les réacteurs nucléaires français, vieillissant, sont de plus dans un état extrêmement dégradé du fait du fonctionnement +en suivi de charge+ imposé par la prédominance du nucléaire dans le production française d'électricité", a réagi le réseau Sortir du nucléaire dans un communiqué.Tricastin - Visite de Fillon : les syndicats affichent leur mécontentement
Le Dauphiné libéré - 18/05/09
"Les salariés du Tricastin et leurs représentants sont les grands oubliés de la venue du Premier ministre". La CFDT-Tricastin résume ainsi ce que devrait être l'inauguration de la première "cascade" de l'usine Georges-Besse II aujourd'hui : un rassemblement d'officiels autour de François Fillon et d'Anne Lauvergeon.
Élus locaux, députés, préfets de la Drôme et du Vaucluse devraient se retrouver sur le chantier sud, le plus avancé, sur le territoire de Bollène entre 11h et 13h. Les salariés, eux, ne semblent donc pas conviés. D'où ces propos assez durs de la CFDT : le premier ministre "ne verra que les paillettes qu'on voudra bien lui montrer, une usine fraîchement sortie de terre qui aura coûté de l'ordre de 4 milliards d'euros et qui n'emploiera au final que 300 salariés".
La CGT -Tricastin n'y va pas non plus de main morte : "le chef du gouvernement et la présidente d'Aréva viennent parader", lâche le syndicat qui distibuera des tracts, ce matin dès 7h à l'entrée d'Eurodif.Incident à la centrale nucléaire du Tricastin
Le Point.fr - 15 mai 2009
Le site nucléaire du Tricastin dans la Drôme est de nouveau pointé du doigt. La Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), une association de vigilance sur le nucléaire, fait état d'"un accident" qui s'est produit jeudi dans "le bâtiment du réacteur de la tranche numéro un de la centrale EDF". Le réacteur est à l'arrêt dans le cadre de la troisième visite décennale.
Pendant plus de trois mois, EDF fait en effet passer des tests à la centrale mise en service en 1980. D'après l'association, deux "gueuses", pièces métalliques de 2 tonnes chacune "utilisées pour des tests de fonctionnement sur le pont de manutention", sont tombées d'une hauteur d'environ 15 mètres. "Une dizaine d'intervenants étaient occupés au montage de cette structure, mais, par chance, aucun d'eux n'était présent au moment de l'accident", précise-t-elle.
Contactée par lepoint.fr, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) reconnaît seulement un "incident", sans donner plus de détails. Dès jeudi, EDF a pour sa part détaillé sur son site le déroulement des faits : "Les intervenants ont accroché deux charges de 2 tonnes chacune au chariot du pont. Lors de la manoeuvre de manutention, les charges ont glissé du chariot sur un plancher métallique, puis ont chuté dans le local où est entreposé, pour maintenance, le couvercle de la cuve du réacteur.
L'une des charges est tombée sur l'outil qui permet de manutentionner ce couvercle, l'autre a chuté sur des chemins de câbles", indique EDF. Et de préciser : "Par mesure de précaution, dès la survenue de l'événement, les chantiers ont été suspendus et les intervenants, près d'une trentaine, ont quitté le bâtiment réacteur."
D'après la Criirad, "le Premier ministre doit se rendre lundi 18 mai sur le site pour visiter notamment la future usine d'enrichissement Georges Besse II". Elle réclame donc que les conditions de travail, de sécurité et de radioprotection soient "inscrites à l'ordre du jour de cette visite".Déficit et problème d'image : les coteaux du Tricastin voient rouge
Le Dauphiné libéré - 30/04/09
Les coteaux du Tricastin n'ont pas été épargnés en 2008. Déjà dans une situation difficile avec des arrachages en série et une récolte à la baisse (54 690 hl en 2008 contre 77 354 en 2007), il ne manquait plus que les incidents nucléaires de l'été dernier pour aggraver encore sa malheureuse situation. Le syndicat de l'appellation a tenu mardi soir son assemblée générale à Clansayes afin de faire le bilan de cette année marquée par un déficit de près de 70 000 euros.
Restent les deux gros dossiers étroitement liés, ouverts l'été dernier, et desquels peu d'informations échappent : la future aide financière d'Areva et le changement de nom. Pour le premier point, "l'acte devrait être signé sous peu" confie-t-on sans toutefois en préciser le montant. "Les négociations ont été difficiles mais dans un climat d'écoute", indique Henri Bour, président du syndicat.
Négociations qui "ont failli être compromises" par des vignerons qui avaient fait "des réclamations directes à Areva". Trois sur quatre ont fait marche arrière. Quant au rapprochement de Tricastin vers une AOC Grignan, rien n'est encore fait. Le problème étant qu'il existe déjà un vin de pays Comté de Grignan... et qu'il faudrait qu'il abandonne son nom.
Nucléaire : un incident chez Melox (Areva) porté du niveau 1 au niveau 2
AFP - 19/03/2009 - Un incident intervenu le 3 mars chez Melox, filiale d’Areva située à Marcoule (Gard), a été porté du niveau 1 (sur une échelle qui en compte 7), proposé par Areva, au niveau 2 par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a annoncé cette dernière jeudi.
C’est "le non-respect de plusieurs exigences de sûreté de l’installation, considéré comme un facteur aggravant", qui a conduit l’ASN à classer cet évènement au niveau 2 de l’échelle Ines, l’échelle internationale des événements nucléaires, a-t-elle précisé dans un communiqué. Selon l’ASN, l’introduction d’une masse de matière fissile dans un poste de travail a conduit le 3 mars au dépassement de la limite de "sûreté-criticité applicable" lors d’une opération de réception exceptionnelle d’échantillons à base d’oxyde de plutonium et d’uranium.
"Ce dépassement est dû à l’application d’une procédure inadéquate et non formalisée. Il n’est pas dû à une erreur humaine. De plus, le logiciel de comptabilité des matières fissiles, qui permet la vérification du respect des limites autorisées lors de chaque entrée-sortie de matière, n’a pas généré d’alarme, car il ne prenait pas en compte ces opérations exceptionnelles. Ce sont les contrôles manuels (...) lors de la prise de poste du lendemain matin qui ont révélé cette situation anormale et conduit l’exploitant à engager des actions correctives", a noté l’ASN qui a effectué une mission de contrôle le 6 mars.
Cet incident n’a pas eu d’impact sur le personnel et l’environnement selon Melox et l’ASN. C’est la première fois depuis le début de l’année qu’un incident dans une installation nucléaire est classé niveau 2. En 2008, aucun incident n’avait été classé à ce niveau, a précisé l’ASN. Melox fabrique des combustibles MOX pour les réacteurs des centrales nucléaires de production d’électricité de différents pays. Le MOX, produit à partir d’un mélange d’oxydes d’uranium et de plutonium, permet de recycler le plutonium issu des combustibles usés des centrales nucléaires.
Tricastin - L'étude cancers : la Frapna met en doute l'indépendance du prestataire
Dauphiné Libéré - 15/03/09 - Les villes voisines du site nucléaire du Tricastin dans un rayon de dix kilomètres vont faire l'objet d'une étude épidémiologique, appelée "étude cancers" (notre édition du 28 janvier). Reste à choisir le prestataire qui sera chargé de mener cette enquête.
Alors qu'un appel d'offres est en cours, lancé par le conseil général qui cofinance l'étude avec l'Autorité de sûreté nucléaire, Jean-Pierre Morichaud, représentant la Frapna à la Cigeet (Commission d'information auprès des grands équipements énergétiques du Tricastin) et à l'origine du projet, a exprimé, lors d'une conférence de presse donnée hier matin à Pierrelatte, ses doutes sur l'indépendance du futur prestataire.
« Le nucléaire, c'est l'État ». Il a indiqué que, contrairement à ce que prévoyait le cahier des charges établi par le groupe de travail, le choix du prestataire devrait revenir « uniquement au conseil général et à l'Autorité de sûreté nucléaire avec comme expert l'Institut de veille sanitaire. » L'Institut national de veille sanitaire étant un établissement public d'État, selon Jean-Pierre Morichaud, un tel scénario poserait « des doutes sur l'indépendance car le nucléaire, c'est l'État. »
Tout en précisant que les commissions locales d'information (Cli) sont en train de se réorganiser afin d'avoir le statut des associations loi 1901 « pour pouvoir faire elles-mêmes des études en toute indépendance », le représentant de la Frapna affirme que « quatre prestataires ont présenté leur candidature ». L'un d'eux aurait déjà été « éliminé » de la course. Le choix doit être dévoilé à la fin du mois lors de la prochaine Cigeet.
Les rejets des centrales dans l'environnement pas assez pris en compte
AFP - 20 janvier 2009 - PARIS - L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé mardi vouloir mieux prendre en compte les rejets radioactifs des centrales nucléaires dans l'environnement, suite à un incident l'été dernier au Tricastin (Drôme) et au refus d'agréement des laboratoires d'EDF qui mesurent ces rejets.
"Il y a eu des éléments au Tricastin ou sur les laboratoires d'EDF qui ont attiré l'attention du public, montrant sa grande sensibilité à ce genre de sujet", a déclaré le président de l'ASN André-Claude Lacoste en présentant ses voeux à la presse pour 2009. En juillet dernier, sur le site de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), une filiale du groupe Areva, la Socatri, avait accidentellement rejeté dans l'environnement des effluents uranifères.
Le site du Tricastin avait d'autre part été inondé en décembre à la suite de la formation d'un barrage naturel sur un cours d'eau le traversant, faisant courir le risque d'une contamination de l'eau. Le 16 décembre, dans le cadre de la mise en place par l'ASN de nouvelles normes, les laboratoires d'EDF mesurant les rejets dans l'environnement autour des centrales se sont vus refuser un agréement.
Le Réseau "Sortir du nucléaire" s'était alarmé, réclamant l'arrêt des centrales "si ces mesures ne sont pas faites". "Il s'agit de problème d'environnement, pas de sûreté: il n'y a pas eu de risque réel pour la population", a précisé M. Lacoste, tout en reconnaissant que "cela montre que ces problèmes là ne sont pas suffisamment en compte par les exploitants et par nous-mêmes".
Le président de l'ASN a expliqué que la sûreté concernait les installations et les risques immédiats encourus pour la santé des personnes, tandis que la surveillance de l'environnement traite des rejets à plus faible dose, mesurés par exemple dans les plantes ou le lait. En 2008, "il n'y pas eu de gros problème de sûreté pour la radioprotection en France", a assuré M. Lacoste.
Il a ajouté qu'en attendant la mise en conformité des laboratoires d'EDF grâce à la mise en place d'un nouveau logiciel de métrologie, un nombre suffisant d'autres laboratoires assurait des mesures conformes aux normes ISO. "Vous avez un bon nombre de mesures qui sont faites de façon croisée par un grand nombre de laboratoires", a-t-il indiqué.
Tricastin : un plan d'urgence pour une grille oubliée !L'Usine nouvelle - 17/12/2008 - Ana Lutzky
Une nouvelle alerte à la contamination radioactive a frappé le site nucléaire du Tricastin la nuit du 14 au 15 décembre : les locaux de la Socatri et de BCOT sont inondés par la Gaffière en crue. En cause, des grilles de sécurité qu'Areva aurait « oublié » de relever.
Patatras, les exploitants de la Socatri et de BCOT déclenchent un plan d'urgence dans la nuit du dimanche 14 décembre au lundi 15 décembre, à 2 heures du matin selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Des fortes pluies se sont abattues sur la région Rhône-Alpes ces derniers jours, faisant rapidement monter le niveau de la Gaffière. Les locaux de la Socatri et BCOT, respectivement filiales d'Areva et d'EDF sont inondés sur le site du Tricastin, et le niveau de l'eau dans les locaux dépasse le niveau de protection requis pour lancer l'alerte. Après le rejet accidentel de 74 kg d'uranium à même le sol de la Socatri le 8 juillet dernier, les eaux entourant le site ne sont décidément pas bonnes à boire. Un communiqué de l'ASN précise néanmoins que "les plans d'urgence internes ont été levés par les exploitants aux alentours de 5h du matin après un reflux des eaux". Que s'est-il passé ?
Au fond de la cuvette. « On est dans une zone inondable » explique Roland Desbordes, secrétaire général de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). Un des points les plus bas du site du Tricastin est en effet précisément celui où se situent la Socatri et BCOT, au sud : c'est là où convergent les deux ruisseaux naturels du coin, la Gaffière et le Lauzon. Un canal construit de toutes pièces s'y ajoute, le Lonzère, plus facile à endiguer, car bétonné. « Il y a beaucoup d'eau autour du site. Les rivières sont promptes à sortir de leur lit, car à moins d'un mètre de la surface » poursuit-il. Il cite en particulier une zone où la Gaffière rentre sur le terrain industriel du Tricastin. Des grilles y sont posées pour protéger le site de l'intrusion : « en rentrant dans le cours d'eau et en le traversant, il serait possible d'entrer sur le site nucléaire».
Une grue s'active à trois heures du matin. « Lors des fortes pluies, des consignes sont données au sein de la Compagnie nationale du Rhône pour dévier de l'eau du canal et abonder dans la Gaffière.» explique Charles-Antoine Louët, chef de la division de l'ASN de Lyon.« Cela fait partie des manœuvres classiques en cas de fort débit. » Certes. Le problème se situe au niveau des grilles évoquées par Roland Desbordes, posées sur la Gaffière sur une dizaine de mètres. Ces grilles sont normalement soulevées par l'exploitant quand le débit est trop fort, car elles risquent de charrier des branchages. Or dans la nuit du 14 au 15 décembre, les grilles sont restées dans l'eau : « un amas de boue et de cailloux a formé un bouchon artificiel en aval », explique l'ASN, causant une hausse rapide du niveau des eaux de la rivière. Une heure après le déclenchement du plan d'urgence, Areva a finalement retiré cette grille à l'aide d'une grue, permettant la décroissance rapide du cours d'eau, et dénouant l'embarassante situation. « A trois heures du matin, les eaux ont décru d'un mètre», précise Charles-Antoine Louët.
De l'eau en quarantaine. Reste que l'eau est rentrée dans les deux installations industrielles du site. A l'heure actuelle, dans la Socatri, « les eaux ont été pompées puis mises dans des containers. Elles seront traitées comme des eaux industrielles normales » rapporte le chef de la division de l'ASN de Lyon. « Les locaux qui ont été impactés sont des locaux non nucléaires, et se situent en point bas : l'eau n'est fort heureusement pas ressortie. » Néanmoins, est- elle susceptible d'avoir été contaminée ? « Les cartographies à base de frottis du sol lors des derniers contrôles radiologiques ont montré que ce n'est pas le cas » répond Charles-Antoine Louët. La BCOT est dans la même situation. «Quelques locaux ont eu des entrées d'eau, mais l'eau n'est pas ressortie.»
Dans les faits, il ya donc peu lieu de s'inquiéter. « Les conséquences réelles et potentielles sont faibles » rassure l'autorité de sûreté. Sur les causes de l'incident néanmoins, l'ASN a demandé des comptes à l'exploitant. « Nous avons demandé à Areva d'examiner les conditions de manutention des grilles ». Histoire de ne plus se noyer dans des verres d'eau ?
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Interrogations autour du plan d'urgence du TricastinNOUVELOBS.COM - 16.12.2008
L'association "Sortir du nucléaire" réclame "des mesures de radioactivité indépendantes", après l'instauration d'un plan d'urgence à la suite de la montée des eaux de la rivière qui traverse le site nucléaire.
La centrale nucléaire du site du Tricastin à Bollène (AFP)L'association "Sortir du nucléaire" a réclamé mardi 16 décembre "des mesures de radioactivité indépendantes", après l'instauration, dans la nuit de dimanche à lundi, d'un plan d'urgence à la suite de la montée du niveau des eaux de la Gaffière, rivière qui traverse le site nucléaire du Tricastin.
"Les exploitants Areva et EDF prétendent qu'aucune contamination n'est ressortie du site, mais l'expérience a montré que leurs discours étaient très peu fiables", a jugé l'association dans un communiqué.
"Il est donc nécessaire que des mesures soient faites dès ce mardi par des organismes indépendants, par exemple la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité, ndlr) ou des laboratoires étrangers. C'est au ministère de l'Ecologie de contacter au plus vite de tels organismes", explique le communiqué.
Inondations.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a indiqué que le déclenchement de ce "plan d'urgence interne" avait débuté lundi à 02H00 et avait été levé trois heures plus tard. La montée du niveau des eaux, causée par les intempéries de ces derniers jours, s'était poursuivie jusqu'à 03H00 et plusieurs locaux de la Socatri et de la BCOT (Base chaude opérationnelle du Tricastin) ont été inondés.
La Socatri est une filiale du groupe nucléaire Areva et exerce des activités sur les matériels et effluents en provenance d'Eurodif (assainissement et maintenance sur les composants). L'installation BCOT est exploitée par EDF. Elle a pour vocation l'entretien et l'entreposage des matériels et outillages provenant des circuits et matériels contaminés des réacteurs électronucléaires, à l'exclusion d'éléments combustibles.Retour sommaire de la page
Inondation au Tricastin : "Sortir du nucléaire" veut des "mesures indépendantes"Retour sommaire de la page
AFP - 16 Décembre 2008 - LYON - L'association "Sortir du nucléaire" a demandé mardi "des mesures de radioactivité indépendantes", après le déclenchement, dans la nuit de dimanche à lundi, d'un plan d'urgence en raison de la montée du niveau des eaux de la Gaffière, rivière qui traverse le site nucléaire du Tricastin.
"Les exploitants Areva et EDF prétendent qu'aucune contamination n'est ressortie du site, mais l'expérience a montré que leurs discours étaient très peu fiables", a estimé l'association dans un communiqué.
"Il est donc nécessaire que des mesures soient faites dès ce mardi par des organismes indépendants, par exemple la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité, ndlr) ou des laboratoires étrangers. C'est au ministère de l'Ecologie de contacter au plus vite de tels organismes", ajoute le communiqué.
Selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le déclenchement de ce "plan d'urgence interne" avait débuté lundi à 02H00 et avait été levé trois heures plus tard.
La montée du niveau des eaux, due aux intempéries de ces derniers jours, s'était poursuivie jusqu'à 03H00 et plusieurs locaux de la Socatri et de la BCOT (Base chaude opérationnelle du Tricastin) ont été inondés.
La Socatri est une filiale du groupe nucléaire Areva et exerce des activités sur les matériels et effluents en provenance d'Eurodif (assainissement et maintenance sur les composants).
L'installation BCOT est exploitée par EDF. Elle a pour vocation l'entretien et l'entreposage des matériels et outillages provenant des circuits et matériels contaminés des réacteurs électronucléaires, à l'exclusion d'éléments combustibles.
Inondation du site nucléaire du Tricastin :
"Sortir du nucléaire" demande d'urgence
des mesures de radioactivité indépendantes"Réseau "Sortir du nucléaire" - Fédération de 840 associations
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Communiqué du lundi 15 décembre 2008 - Contact : 06.64.100.333
Dans la nuit de dimanche à lundi, un plan d'urgence interne a été déclanché sur le site nucléaire du Tricastin, du fait de l'inondation des installations nucléaires SOCATRI-AREVA et BCOT-EDF. Cette alerte est due à la montée des eaux de la Gaffière, le fameux cours d'eau qui traverse le site du Tricastin, et qui a été contaminé à plusieurs reprises ces dernières semaines - et particulièrement du fait de la grave fuite d'uranium de début juillet.
Les exploitants AREVA et EDF prétendent qu'aucune contamination n'est ressortie du site, mais l'expérience a montré que leurs discours étaient très peu fiables. Il est donc nécessaire que des mesures soient faites dès ce mardi par des organismes indépendants, par exemple la Criirad, ou des laboratoires étrangers. C'est au ministère de l'écologie de contacter au plus vite de tels organismes.
De façon générale, alors que le site nucléaire du Tricastin existe depuis près de 50 ans, il est stupéfiant que les exploitants soient surpris par la montée des eaux de la Gaffière. C'est une nouvelle démonstration de l'incompétence et de l'irresponsabilité de l'industrie nucléaire, et de l'impuissance des organismes de sûreté (ASN, IRSN). Ces organismes passent le plus clair de leur temps à "démontrer" que la sûreté des installations nucléaires est assurée, mais ils sont régulièrement démentis par les faits.
De toute évidence, il va y avoir tôt ou tard en France un accident grave, voire une catastrophe nucléaire. Pour l'éviter, il faut au plus vite mettre en oeuvre un plan de sortie du nucléaire, accompagné de mesures très ambitieuses en faveur des économies d'énergie et du développement des énergies renouvelables.Montée des eaux : plan d'urgence interne sur le site nucléaire du Tricastin
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AFP - 15.12.08 - Les exploitants des installations nucléaires SOCATRI et BCOT ont déclenché dans la nuit de dimanche à lundi un plan d'urgence interne au vu d'une montée rapide du niveau des eaux de la Gaffière, le cours d'eau qui traverse le site du Tricastin, a annoncé lundi soir l'ASN. Le déclenchement de ce "plan d'urgence interne" a débuté lundi à 02H00 du matin, a précisé l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire) dans un communiqué. SOCATRI est exploitée par le groupe AREVA, et BCOT (Base chaude opérationnelle du Tricastin) est exploitée par EDF.
La montée du niveau des eaux s'est poursuivie jusqu'à 3 heures du matin, et plusieurs locaux de la SOCATRI et de la BCOT ont été inondés. "Les plans d'urgence internes ont été levés par les exploitants aux alentours de 5h du matin après un reflux des eaux", précise le communiqué. Les exploitants ont informé l'ASN que l'eau entrée dans les locaux est restée à l'intérieur et qu'elle fera l'objet d'un traitement adapté. Cette montée des eaux est due à d'importantes précipitations et à des manoeuvres de régulation des eaux.
L'ASN procèdera à l'analyse de cette situation en liaison avec les exploitants et les services de l'Etat en charge des contrôles de l'exploitation des barrages. Dans son communiqué, l'ASN rappelle que SOCATRI exerce des activités sur les matériels et effluents en provenance d'EURODIF (assainissement et maintenance sur les composants). Elle réalise également des prestations pour le compte de l'ANDRA (tri et conditionnement de déchets, notamment en provenance du milieu hospitalier).
L'installation BCOT est exploitée par EDF. Elle a pour vocation l'entretien et l'entreposage des matériels et outillages provenant des circuits et matériels contaminés des réacteurs électronucléaires, à l'exclusion d'éléments combustibles, notamment les tubes guides, les outillages d'intervention, les matériels voués au démantèlement et les couvercles de cuve, ajouté le communiqué.Tricastin : où en est l'étude sur les cancers ?
Le Dauphiné Libéré - 13 novembre 2008
«Vous vous souvenez qu'on a demandé une étude épidémiologique sur la zone du Tricastin. Celle-ci devrait commencer avant la fin de l'année, pour un rendu en mars 2009 » a déclaré benoîtement Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Environnement, vendredi dernier. Un scoop ? Pas vraiment.
L'étude ? Une initiative locale
Car la fameuse étude épidémiologique, recommandée dès l'enquête publique sur Georges Besse II et actée en mars 2007, a été arrachée par les associations écologistes comme la Frapna et grâce au soutien du Conseil général de la Drôme.
C'est donc bien une initiative locale que cette étude fort opportunément récupérée par le ministre... Une étude sur les cancers dans la zone du Tricastin aura donc bien lieu. Le 21 novembre prochain, la Cigeet (commission d'information des grands équipements énergétiques du Tricastin) devrait valider l'appel d'offres pour le cabinet d'études. "Enfin", pourrait-on dire. Car il a fallu beaucoup de temps à la commission -composée de représentants de l'Autorité de Sûreté nucléaire, de la Frapna, de la DDASS, de la Ligue contre le cancer- chargée d'élaborer le cahier des charges de cette étude, pour se mettre d'accord.Finalement, il a donc été décidé d'une étude de morbidité (nombre de cancers) et de mortalité sur une zone d'environ 10 km autour du site. «Nous aurions voulu élargir l'étude à l'ensemble de la Drôme, ce que l'ASN a refusé arguant qu'il ne s'agissait pas d'établir "un registre des cancers" mais c'est pourtant bien de cela dont il s'agit» explique Michèle Rivasi, qui n'était pas encore alors la vice-présidente du Département en charge de l'environnement mais l'experte auprès de la FRAPNA.
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Cette première phase est budgétée et sera financée conjointement par l'ASN (Etat) et le conseil général.
«C'est très bien que nous ayons l'aval de Borloo, indique Michèle Rivasi, mais nous voulons absolument garder la maîtrise d'ouvrage. Si c'est l'Etat, il va déléguer aux organismes, tels que l'Institut de veille sanitaire, qui n'ont jamais rien fait. La preuve c'est que depuis 20 ans, il y a des gens qui boivent de l'eau contaminée -comme l'a montré l'incident de la Socatri- sans que rien n'ait été fait. »
S'intéresser au parcours, à la fois professionnel et résidentiel
Après le constat, les explications.
C'est l'autre point important de l'étude qui pour l'heure n'est pas actée. «Lorsqu'on constate des zones à agrégats (accumulation de cancers), il faut absolument qu'on s'intéresse au parcours, à la fois professionnel et résidentiel, des gens pour savoir si un jour ou l'autre ils ont été en contact avec des produits chimiques ou nucléaires. Le constat sinon ne servira à rien» insiste Michèle Rivasi.Nucléaire - Quatre mois après, nouvelle fuite à Tricastin
Midi Libre - Dimanche 9 novembre 2008
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Pour une fois, l'image correspond. Les deux tours aéroréfrigérantes d'Eurodif, symbole du site du Tricastin (Drôme), tournaient pourtant en boucle sur les chaînes de télévision début juillet lors de l'incident Socatri. L'usine d'enrichissement d'uranium, elle aussi filiale d'Areva, n'était alors pour rien dans la pollution de deux affluents du Rhône.
Tout a changé ce vendredi. Une fuite a été constatée sur un circuit secondaire de refroidissement de l'usine Georges-Besse. Quelques heures après une visite de presse vantant les mérites de la future installation Georges-Besse-II... La fuite d'eau contenant du bore (produit ralentisseur de neutrons mais non radioactif) s'est produite dans une canalisation et a atteint une galerie technique puis un caniveau d'eau pluviale.
Le tout s'est jeté dans le cours d'eau de la Gaffière. C'est la préfecture de la Drôme qui a précisé en soirée le nom de la rivière. La communication d'Areva ne le mentionnait pas.
Peur d'évoquer les mauvais souvenirs ou malheureux oubli ? La Gaffière et le Lauzon, un autre affluent du Rhône, avaient accidentellement accueilli 74 kg d'uranium liquide le 4 juillet dernier.
Malgré les communiqués rassurants de l'Autorité de sûreté nucléaire, les écologistes sont hier montés au front. Le réseau Sortir du nucléaire conteste pour sa part « les communiqués lénifiants des autorités ». La préfecture parlait d'une pollution en deçà de la norme sanitaire. Réponse des écologistes : « Une contamination reste une contamination. »
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Le dauphiné Libéré - 09/11/08
La coupe est pleine pour les anti-nucléaires
Pour le réseau "Sortir du nucléaire", la fuite chimique sur le site du Tricastin (notre édition d'hier) est la goutte qui fait déborder le vase. Et la construction d'une nouvelle usine par Areva n'augure rien de bon pour l'avenir.
"Le meilleur moyen de ne rien trouver, c'est de ne pas chercher". « On oublie souvent de dire que l'industrie nucléaire est l'une de celles qui produit le plus de pollutions chimiques pour l'environnement », estime Stéphane Lhomme. Les gardes-fous, les contrôles, le porte-parole du réseau "Sortir du nucléaire" n'y croit guère. « Faire des mesures n'a jamais empêché les fuites et les pollutions », martèle-t-il.
Pour les anti-nucléaires, la seule solution acceptable est l'arrêt pur et simple des centrales au profit des énergies renouvelables. Le dernier incident en date apporte, une fois de plus, de l'eau à leur moulin. « On est obligé de faire avec les chiffres d'Eurodif. Qu'en est-il de la contamination des puits des riverains ? Le problème, c'est qu'aucune mesure ne sera faite. Le meilleur moyen de ne rien trouver, c'est de ne pas chercher », se désole Stéphane Lhomme.
Et ce dernier de s'agacer des conclusions récentes du Haut comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire qui conclut à l'absence de pollution radioactive dans les eaux souterraines. « M. Revol est l'un des pires pro-nucléaire du Parlement et c'est lui qui dirige le comité de transparence ! ».
Le porte-parole s'insurge aussi contre l'innocuité du bore sur l'organisme humain. « Le souci, c'est qu'on n'en connaît pas les risques à long terme. On sait que le bore perturbe le développement du foetus chez l'animal et même son système reproductif. Chez l'homme, on constate des irritations des yeux et des voies respiratoires ».Le Dauphiné Libéré - 08/11/08
La série noire continue. Hier soir vers 20 heures, à la nuit tombée, des tests étaient effectués dans les eaux de la Gaffière. Nous avons en effet appris la fuite d'un produit chimique qui aurait été découverte hier matin sur l'usine Eurodif, filiale du groupe Areva, localisée par les deux fameuses tours de refroidissement. Pendant quelques jours, au moins trois selon nos informations, du bore a été évacué dans l'eau de la Gaffière.
5 mois jour pour jour après Socatri !Trois cents kilos de cette substance sont partis avec les eaux de pluie dans cette rivière bordant le site nucléaire du Tricastin. Rivière dont on avait déjà beaucoup parlé avec l'accident survenu sur Socatri cet été. C'était le 7 juillet dernier, il y a cinq mois jour pour jour, hier. Dans l'après-midi de vendredi, des tests ont été réalisés dans la Gaffière et ils ont révélé qu'elle était « parfaitement potable », a indiqué le porte-parole de l'ASN.
Vers 19 heures hier, la préfecture de la Drôme a confirmé que « le prélèvement effectué à 18 heures faisait état d'un taux de 0,2 milligramme de bore par litre ». Une valeur « cinq fois inférieure à la norme sanitaire de potabilité qui est de 1 milligramme par litre ». L'événement, qui n'est pas radioactif, ne devrait pas être classé par l'Autorité de sûreté nucléaire sur l'échelle INES « car il n'y aurait pas de conséquences environnementale et sanitaire ».
Pas d'évacuation
Si le plan d'urgence interne (PUI) aurait été mis en place hier, aucune personne n'a dû être évacuée, affirmaient les porte-parole d'Areva et de l'ASN. Avant d'assurer qu'hier soir, la fuite avait été stoppée. Pour l'anecdote, jeudi, lors d'une visite du chantier de l'usine Georges-Besse II qui remplacera Eurodif par étape dès 2009, l'ex-directeur d'Eurodif Gérard Perrat faisait remarquer qu'aucun incident n'avait frappé la société depuis sa création. « Je touche du bois », avait-il ajouté.
REPÈRES
EURODIF - L'usine Eurodif (Georges-Besse) est chargée de l'enrichissement de l'uranium. Elle est située sur Pierrelatte.
Elle dispose de deux tours de refroidissement évacuant de la vapeur d'eau. Dans ces tours, l'eau contient le produit chimique "bore".
LE BORE - Dit peu toxique et non radioactif, le bore est un produit chimique qui neutralise les neutrons en cas de fuite d'uranium.
Il est censé joué un rôle de sécurité.
L'INFORMATION EN QUESTION - Les coïncidences étaient nombreuses hier. Alors qu'aucun communiqué d'Areva n'a été diffusé avant que la presse se saisisse de l'information, Jean-Louis Borloo faisait part hier de son engagement pour « améliorer l'information sur les radio-éléments dans l'environnement ».
LES PRÉCÉDENTS SUR AREVA
- 7 juillet : fuite d'uranium (75 kilos) dans deux rivières suite au débordement d'une cuve à Socatri.
- 6 août : une anomalie à l'ouverture d'un colis sur Socatri entraîne des rejets radioactifs dans l'atmosphère.
- 21 août : découverte d'une fuite sur une canalisation véhiculant de l'uranium à Comurhex.--------------------------------------
Tricastin : deux fuites à le centrale nucléaire EDF!Le Dauphiné Libéré - 8 novembre 2008
En parallèle à l'incident survenu sur Eurodif, nous apprenions hier soir l'existence de deux fuites sur la centrale nucléaire EDF-Tricastin. La porte-parole de l'électricien indiquaient que de l'eau et de l'oxygène s'échappaient d'un tuyau situé dans la salle des machines du réacteur n°4. Tout risque d'explosion lié à la présence d'oxygène serait « écarté ». Ces fuites existent depuis deux jours et afin de les réparer, il y aura une baisse de régime ce week-end. Fuite d'eau borée au Tricastin : communication "lénifiante", selon "Sortir du nucléaire"
Fuite d'eau borée au Tricastin : communication "lénifiante", selon "Sortir du nucléaire"AFP - 8 novembre 2008 - LYON - Le Réseau "Sortir du nucléaire" a dénoncé samedi "la communication lénifiante" des autorités au lendemain de la fuite sans gravité d'eau borée, un liquide de refroidissement, à l'usine d'enrichissement d'uranium Eurodif sur le site nucléaire du Tricastin (Drôme).
"La contamination a pu être bien plus forte que le chiffre annoncé officiellement", a fait valoir, dans un communiqué, l'association, en précisant que "l'heure et la durée de la fuite n'(avaient pas été) révélés" vendredi par la préfecture. "Il n'est pas impossible que de fortes concentrations de Bore existent ici ou là et en particulier dans les puits des personnes privées", a ajouté le Réseau, en soulignant que le "Bore (pouvait) avoir des effets toxiques non négligeables sur les êtres humains".
Vendredi soir, la préfecture de la Drôme avait signalé que des prélèvements effectués dans l'après-midi dans le cours d'eau de la Gaffière, à la limite du site et touché par la fuite, faisaient état "d'un taux de 0,2 milligrammes de bore par litre, soit en deçà de la norme sanitaire de potabilité qui est de 1 milligramme par litre".
"Selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), il n'y a pas lieu de mettre en place des mesures de protection des populations", avait-elle ajouté. "Il est injustifiable de faire passer cette norme comme une forme d'autorisation de contaminer jusqu'à cette limite. Par ailleurs, la préfecture écrit: "Il s'agit là d'un événement à caractère chimique et non radioactif", comme si cela rendait la pollution plus acceptable", a souligné le Réseau.
Le groupe nucléaire français Areva, dont Eurodif est une filiale, a déclaré pour sa part vendredi que l'incident avait été constaté "en matinée" lors d'une mesure quotidienne et que le bore n'était "pas toxique ni pour l'homme ni pour l'environnement". "Les équipes d'exploitation ont immédiatement corrigé cette anomalie et isolé l'installation.
Les installations d'Eurodif continuent à fonctionner "de manière normale", avait ajouté Areva, sans préciser, comme la préfecture, la quantité d'eau borée rejetée. Le site du Tricastin, qui comporte plusieurs installations dans la Drôme et dans le Vaucluse, a connu depuis cet été une série d'incidents.--------------------------------------
Fuite de Bore au Tricastin
Le Réseau "Sortir du nucléaire" conteste
les communiqués lénifiants des autorités.Réseau "Sortir du nucléaire" - Fédération de 830 associations
Communiqué du 8 novembre 2008 - Contact : 06.64.100.333
AREVA encore responsable d'une pollution au Tricastin
Le Réseau "Sortir du nucléaire" proteste contre la communication lénifiante mise en place par les autorités suite à la fuite de Bore survenue sur le site du Tricastin, et provenant de l'usine Eurodif-AREVA.
En effet, la Préfecture de la Drôme écrit dans son communiqué : "Dans la Gaffière, à la limite du site, le prélèvement effectué à 18 heures, faisait état d'un taux de 0,2 milligrammes de bore par litre, soit en deçà de la norme sanitaire de potabilité qui est de 1 milligramme par litre".
Mais :Retour sommaire de la page
- l'heure et la durée de la fuite ne sont pas révélés : la contamination a pu être bien plus forte que le chiffre annoncé officiellement ;
- une contamination est dangereuse même si elle est "en deçà de la norme sanitaire de potabilité". Il est injustifiable de faire passer cette norme comme une forme d'autorisation de contaminer jusqu'à cette limite.
- il n'est pas impossible que de fortes concentrations de Bore existent ici où là et en particulier dans les puits des personnes privées, comme ce fut le cas après la fameuse fuite d'uranium du 7 juillet.
Par ailleurs, la Préfecture écrit "Il s'agit là d'un événement à caractère chimique et non radioactif" comme si cela rendait la pollution plus acceptable. Or, il est avéré que l'industrie nucléaire est un des pires pollueurs chimiques de France, avec des conséquences non connues... puisque aucune étude globale n'a été menée sur cette question.
Il est d'ailleurs avéré que le Bore peut avoir des effets toxiques non négigeables sur les êtres humains. La communication lénifiante des autorités en est encore plus inacceptable.
Tricastin : une étude épidémiologique lancée vers la fin de l'annéeRetour sommaire de la page
AFP - 07.11.08 - Une étude épidémiologique va être lancée autour du site nucléaire du Tricastin où une série d'incidents se sont produits cet été, a déclaré vendredi le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo. Cette étude, dont le principe avait été arrêté dès mars 2007, consistera dans un premier temps à réaliser une étude descriptive des données de mortalité et de morbidité (maladies), puis à faire une étude analytique si des liens de cause à effet sont suspectés.
"Vous vous souvenez qu'on avait demandé une étude épidémiologique sur le site de Tricastin; le cahier des charges est en cours de finalisation, les crédits budgétaires sont disponibles", a déclaré Jean-Louis Borloo à l'occasion de la remise d'un rapport sur le suivi radioécologique des eaux autour des centrales nucléaires et la gestion des anciens sites d'entreposage des sites radioactifs. Le ministre a ajouté qu'il espérait que cette étude démarrerait vers Noël. Les premiers résultats sont attendus à la fin du premier semestre 2009, a-t-on indiqué au ministère de l'Ecologie.
En Allemagne, une étude réalisée fin 2007 avait établi que les enfants de moins de cinq ans résidant à moins de 5 km d'une centrale nucléaire ont un risque 60% plus élevé de contracter un cancer. Ce risque est même augmenté de 117% dans le cas des leucémies, selon cette étude. Le ministre allemand de l'Environnement, Sigmar Gabriel, avait cependant souligné que l'état actuel des connaissances scientifiques ne permettait pas d'expliquer le taux de cancer anormalement élevé par les radiations émises par les réacteurs, laissant entendre que d'autres facteurs pourraient être en cause.
La population proche du site du Tricastin est depuis longtemps exposée à la présence de radio-éléments liés à l'industrie nucléaire. Outre une récente fuite de liquide radioactif à la Socatri, un sous-traitant d'Areva, le site voisin de Pierrelatte héberge une "butte" de déchets contenant de l'uranium et des produits chimiques toxiques entreposés entre 1969 et 1976. La pose d'une couverture pour cet entreposage, préconisée dans un rapport datant 1998, n'a toujours pas été réalisée, selon un rapport publié vendredi par le Haut comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire.
Tricastin - Non respect d’une règle d’exploitation lors d’une intervention sur l’unité n°2EDF - 03/11/2008
L’unité n°2 de la centrale de Tricastin est actuellement en arrêt programmé pour réaliser le remplacement d’un tiers du combustible et des opérations de maintenance et de contrôle sur les matériels. Le 29 octobre 2008, l’exploitant réalise le déchargement des assemblages combustibles pour les entreposer dans le bâtiment combustible.
Durant chaque opération de manutention du combustible, toutes les dispositions doivent être prises pour que le bâtiment réacteur reste toujours complètement « étanche » et confiné. Un système de ventilation fonctionne d’ailleurs en permanence pour garantir une dépressurisation du bâtiment réacteur par rapport à l’atmosphère extérieure.
Le 29 octobre, parallèlement à ce déchargement, une vidange des générateurs de vapeur* (GV) a été lancée pour permettre de réaliser des opérations de maintenance. Cette vidange consiste, par l’intermédiaire d’un circuit de purge (appelé APG), à faire circuler l’eau des GV vers des réservoirs situés à l’extérieur du bâtiment réacteur.
La réalisation de cette intervention, même si elle n’a eu aucune incidence sur la sûreté, n’a pas permis, conformément à nos règles d’exploitation, de garantir totalement le confinement et l’isolation du bâtiment réacteur pendant la manutention du combustible.
Cet écart à nos règles d’exploitation, sans conséquence pour la sûreté, a donc été déclaré à l’Autorité de Sûreté Nucléaire au niveau 1 de l’échelle INES (qui compte 7 échelons).
* Les générateurs de vapeur, au nombre de 3 sur un réacteur de 900 MW comme à Tricastin, est un échangeur de chaleur placé entre le circuit primaire du réacteur et le circuit secondaire.
Retour sommaire de la pageCentrale EDF du Tricastin : 250 à 500 manifestants anti-nucléaires protestent
AFP - 26 octobre 2008 - Quelque 250 manifestants anti-nucléaire selon les gendarmes, 500 selon les organisateurs, ont protesté samedi après-midi devant la centrale nucléaire au Tricastin, sur la commune de Bollène (Vaucluse), pour dénoncer une menace nucléaire "plus présente que jamais".
A l'appel du réseau "Sortir du Nucléaire", les manifestants ont participé peu après 15H00 à un "die-in" durant lequel ils se sont tous allongés pour simuler une mort due à une catastrophe nucléaire, avant de défiler calmement en direction de la mairie de Bollène. Certains portaient une banderole indiquant "Nucléaire = cancer", d'autres défilaient avec des masques et des combinaisons factices de radioprotection.
Plusieurs dizaines de gendarmes étaient sur place dont certains barraient l'entrée du site du Tricastin à cheval entre la Drôme et le Vaucluse. "En participant à cette initiative, il s'agit de rappeler les incidents graves de cet été sur le site du Tricastin mais aussi ailleurs en Europe comme au laboratoire de Fleurus, dans le sud de la Belgique notamment", a déclaré à l'AFP Stéphane Lhomme, porte-parole de "Sortir du Nucléaire", qui craint l'éventualité dans l'industrie d'une "véritable catastrophe".
Retour sommaire de la pageTricastin : les antinucléaires ont "marché pour la vie"
Le Dauphiné Libéré - Le Vaucluse matin - 26 octobre 2008
Portant des brassards noirs en hommage aux victimes de Tchernobyl et de cancers, de fausses combinaisons de radioprotection ou des banderoles aux slogans toujours plus chocs, entre 200 selon la gendarmerie et 500 manifestants selon les organisateurs sont venus grossir les rangs de la "marche pour la vie" hier après-midi.
Rassemblés devant le site nucléaire du Tricastin au rond-point situé à quelques mètres la Socatri (où s'est produite la fuite d'uranium le 8 juillet dernier) et des réacteurs d'EDF, à l'appel du collectif antinucléaire 84, ils ont participé à un "die-in" simulant leur mort en cas de catastrophe nucléaire majeure avant de défiler au pas (ou en covoiturage pour les marcheurs fatigués devant les 6,5 km à parcourir) et calmement jusqu'à la place de l'hôtel de ville de Bollène.
Une action symbolique pour alerter sur les dangers du nucléaire « plus présents que jamais » et « montrer leur volonté de résistance », comme l'expliquait hier Claire Knufer, porte-parole du collectif antinucléaire 84, organisateur de cette mobilisation. « Les incidents, sous-évalués se multiplient, et les centrales sont vieillissantes. On a également besoin d'une évaluation de santé publique. Et pour cela, il est nécessaire que l'information circule et que les langues se délient ».
Stéphane Lhomme, le porte-parole national du réseau "Sortir du nucléaire" a dressé à son tour la liste des nombreux incidents, à commencer par celui toujours en cours depuis le 8 septembre, qui voit deux barres d'uranium suspendus au couvercle du réacteur nucléaire n°2 d'EDF (NDLR l'opération de récupération menée par EDF qui a franchi avec succès la 1ere phase selon l'électricien doit se terminer en début de semaine prochaine) mais aussi en Europe comme celui de niveau 3 à Fleurus en Belgique. Et de craindre « un accident aussi grave que Tchnernobyl.
La seule solution : sortir du nucléaire. », démontant les arguments pro-nucléaire d'une énergie propre et sûre. Une manifestation qui s'est clôturée après les discours de Michèle Rivasi, vice-présidente du conseil général de la Drôme, Roland Desbordes le président de la Criirad et Jean-Pierre Morichaud membre de la Cigeet et représentant la Frapna. Tous unanimes réclamant « la vérité. »
IMPORTANT DISPOSITIF DE GENDARMERIE
Quelque 140 militaires (gendarmerie mobile, motards, brigade de Bollène) ont encadré la manifestation et barré l'entrée au site du Tricastin. La manifestation s'est déroulée sans incident.
LE COLLECTIF ANTI-NUCLÉAIRE 84
Après une manifestation fin septembre à Avignon lors du congrès sur le démantèlement organisé par la Sfen, le collectif créé au printemps dernier et organisateur hier de la marche pour la vie projette déjà d'autres actions.Nucléari ne volem pas, Volem viéure pas creba!
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NUCLÉAIRE DEUX BARRES DE COMBUSTIBLE ONT MENACÉ DE TOMBER
EDF mène une opération délicate sur un réacteur de la centrale du TricastinLe Monde - 25 octobre 2008
SOULAGEMENT à EDF : les deux assemblages de combustible nucléaire suspendus depuis un mois et demi au-dessus du coeur du réacteur n° 2 de la centrale du Tricastin (Vaucluse) ont été " sécurisés ". Ils ne risquent plus de tomber et d'occasionner des fuites radioactives dans l'enceinte du site, voire au-delà. " Je n'ai jamais été trop inquiet ", assure Alain Peckre, le directeur de la centrale : en cas de chute des barres, les conséquences radiologiques à l'extérieur du site auraient été " extrêmement faibles et très inférieures aux valeurs nécessitant des actions de protection de la population et de l'environnement ", avait évalué l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). En revanche, une telle chute aurait interdit l'exploitation du réacteur pour longtemps.
L'électricien vivait sous cette menace depuis le 8 septembre. Ce jour-là,deux des 157 assemblages étaient restés fixés à la structure qui les coiffe lorsqu'elle avait été retirée pour des opérations de renouvellement du combustible. Une première solution technique avait été proposée, le 30 septembre, à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) par EDF, après des tests conduits sur une maquette " grandeur nature " au Centre d'expérimentation sur chaudières nucléaires de Chalon-sur-Saône. Mais une fois transporté au Tricastin, l'outil s'était révélé inadapté. " A deux centimètres près, les cotes n'étaient pas correctes ", admet M. Peckre.
" AVERTISSEMENTS "
EDF a donc dû revoir sa copie. Entamée le 22 octobre, l'opération, réalisée sous neuf mètres d'eau borée, est toujours en cours. Reste à détacher les assemblages de la structure supérieure, à l'aide de vérins hydrauliques. Et à comprendre l'origine de l'anomalie. Si celle-ci devait être corrigée sur l'ensemble du parc, les conséquences pourraient être lourdes pour EDF. Au Tricastin, le retard dans la reprise de la production électrique a déjà coûté " plusieurs millions d'euros ", reconnaît EDF.
L'association Sortir du nucléaire a appelé à manifester au Tricastin, samedi 25 octobre. Elle estime que les fuites survenues durant l'été sur le site, puis l'accrochage énigmatique des assemblages de combustibles sont " des avertissements ". " Une véritable catastrophe, comparable à celle de Tchernobyl, peut se produire à chaque instant ", affirme l'association.
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NUCLÉAIRE DEUX BARRES DE COMBUSTIBLE ONT MENACÉ DE TOMBER
EDF mène une opération délicate sur un réacteur de la centrale du TricastinLe Monde - 25 octobre 2008
SOULAGEMENT à EDF : les deux assemblages de combustible nucléaire suspendus depuis un mois et demi au-dessus du coeur du réacteur n° 2 de la centrale du Tricastin (Vaucluse) ont été " sécurisés ". Ils ne risquent plus de tomber et d'occasionner des fuites radioactives dans l'enceinte du site, voire au-delà. " Je n'ai jamais été trop inquiet ", assure Alain Peckre, le directeur de la centrale : en cas de chute des barres, les conséquences radiologiques à l'extérieur du site auraient été " extrêmement faibles et très inférieures aux valeurs nécessitant des actions de protection de la population et de l'environnement ", avait évalué l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). En revanche, une telle chute aurait interdit l'exploitation du réacteur pour longtemps.
L'électricien vivait sous cette menace depuis le 8 septembre. Ce jour-là,deux des 157 assemblages étaient restés fixés à la structure qui les coiffe lorsqu'elle avait été retirée pour des opérations de renouvellement du combustible. Une première solution technique avait été proposée, le 30 septembre, à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) par EDF, après des tests conduits sur une maquette " grandeur nature " au Centre d'expérimentation sur chaudières nucléaires de Chalon-sur-Saône. Mais une fois transporté au Tricastin, l'outil s'était révélé inadapté. " A deux centimètres près, les cotes n'étaient pas correctes ", admet M. Peckre.
" AVERTISSEMENTS "
EDF a donc dû revoir sa copie. Entamée le 22 octobre, l'opération, réalisée sous neuf mètres d'eau borée, est toujours en cours. Reste à détacher les assemblages de la structure supérieure, à l'aide de vérins hydrauliques. Et à comprendre l'origine de l'anomalie. Si celle-ci devait être corrigée sur l'ensemble du parc, les conséquences pourraient être lourdes pour EDF. Au Tricastin, le retard dans la reprise de la production électrique a déjà coûté " plusieurs millions d'euros ", reconnaît EDF.
L'association Sortir du nucléaire a appelé à manifester au Tricastin, samedi 25 octobre. Elle estime que les fuites survenues durant l'été sur le site, puis l'accrochage énigmatique des assemblages de combustibles sont " des avertissements ". " Une véritable catastrophe, comparable à celle de Tchernobyl, peut se produire à chaque instant ", affirme l'association.
Retour sommaire de la pageTricastin : le Réseau "Sortir du nucléaire"
exige la vérité sur la gravité de l'évènement
en cours depuis le 8 septembre dernier
L'évacuation des communes proches du Tricastin est-elle envisagée par les autorités ?
Le Réseau "Sortir du nucléaire" a écrit ce jour à EDF, à l'Autorité de sûreté (ASN), à MM Sarkozy et Fillon pour obtenir la vérité sur la gravité de la situation en cours actuellement à la centrale nucléaire du Tricastin. Selon certaines informations, la situation dans la centrale serait si problématique que l'évacuation de plusieurs communes proches serait envisagée par les autorités.
Il est vrai que l'affaire est littéralement… explosive. Le 8 septembre, au cours d'une opération de renouvellement du combustible, lorsque le couvercle de la cuve du réacteur n°2 a été soulevé, deux assemblages de combustible sont restés accrochés aux structures internes supérieures, et restent depuis suspendus au dessus des 155 autres assemblages qui constituent le cœur du réacteur.
Un événement de ce type s'est certes déjà produit en 1999 à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube), et avait duré plus d'un mois, mais la situation au Tricastin est encore plus grave car il s'agit de deux assemblages au lieu d'un seul, ce qui démultiplie les difficultés : les opérations engagées pour récupérer un assemblage peuvent provoquer la chute du second. De plus, alors que EDF et les autorités restent muettes sur ce sujet, il est fort possible qu'un assemblage ou même les deux soient "moxés", c'est à dire contiennent du plutonium, ce qui aggraverait alors nettement les risques.
Les deux assemblages, pesant chacun environ 800kg, menacent à chaque instant de tomber. Il pourraient alors se briser et les différents morceaux, se glissant entre les autres assemblages, pourraient éventuellement déclencher une réaction nucléaire incontrôlée. Un très grave accident nucléaire serait alors possible. Mais, même sans une telle réaction, les opérations de nettoyage pourraient être quasi impossibles à réaliser, le réacteur pourrait être définitivement condamné et légué tel quel à nos descendants.
Aussi, le Réseau "Sortir du nucléaire" exige de toute urgence les réponses à des questions fondamentales :
- Les deux assemblages sont-ils "moxés" ? Autrement dit, s'agit-il de combustible uranium-plutonium ou "seulement" d'uranium.
- S'il s'agit de mox, EDF reconnaît-elle que le risque de réaction incontrôlée est encore plus grand ?
- Quelles opérations ont été tentées depuis le 9 septembre pour récupérer les deux assemblages ? Quelles autres opérations sont envisagées ? Avec quels risques ?
- Les deux assemblages sont-ils toujours dans l'eau de la cuve ? Selon certaines informations, après une tentative d'intervention, EDF ne parviendrait plus à positionner les deux assemblages sous l'eau. Dans ce cas, comment sont-ils refroidis ?
- Quelles sont les mesures envisagées en cas d'aggravation de la situation ? L'évacuation des communes proches est-elle réellement envisagée, comme le laissent à penser certaines informations ?
- Ne faut-il pas immédiatement évacuer les communes proches, voire les départements concernés, de façon préventive et non suite à une éventuelle aggravation de la situation ?
- A quelles dates sont prévues les prochaines ouvertures de cuve au Tricastin (ou fonctionnent trois autres réacteurs) et dans les autres centrales en France ? Quelles mesures sont mises en œuvre pour éviter qu'une situation identique ne se produise ?
Le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle les citoyens à poser ces mêmes questions à EDF et aux autorités françaises afin que la vérité soit connue au plus vite. Plus généralement, après la fuite d'uranium du 8 juillet dernier, et les récents autres évènements au Tricastin mais aussi ailleurs en France et en Europe (Belgique, Espagne, Allemagne, Ukraine, Slovénie, etc.), le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle les citoyens à prendre conscience de la gravité des risques imposés par l'industrie nucléaire, et de la nécessité de mettre au plus vite fin aux activités de cette industrie avant que le pire ne se produise.
Retour sommaire de la pageNucléaire : "J'ai perdu confiance"
Dauphiné libéré - 13/09/08
Pascal Reynaud exploite 50 hectares de céréales dans la Plaine, à Bollène. Mais le coeur n'y est plus: "J'ai perdu confiance", lâche-t-il en remontant sur sa moissonneuse-batteuse. Sous ses pieds, les prélévements effectués dans la nappe phréatique ont révélé des taux de contamination à l'uranium au-dessus des normes.
Jusqu'à 17 microgrammes par litre alors que l'OMS a fixé la barre à 15 microgrammes. Victime lui aussi du rejet d'uranium par la Socatri: "On nous a dit qu'il pourrait s'agir de contamination naturelle. Pourquoi l'eau serait contaminée ici et pas un peu plus loin ? C'est bien la preuve que la pollution est due à l'uranium déversé par la Socatri".
Comme quelques voisins, il a déposé plainte. Et ce n'est pas fini: "Nous allons entamer une action collective et nous ferons appel à Corinne Lepage pour nous défendre". "Cela fait 17 ans que j'exploite ces terres, mais je ne sais pas si je vais rester, ma femme est au bord de la déprime. On veut qu'on nous dise la vérité, c'est tout", répète l'agriculteur. Et de lancer: "La question est de savoir si on peut continuer à vivre en sécurité ici".Nucléaire / Tricastin - Vendanges amères
Dauphiné libéré - 13 septembre 2008
Le 5 août dernier, le syndicat des côteaux-du-Tricastin a réuni son Conseil d'administration: "A l'unanimité, on a décidé de renoncer au nom Tricastin". Henri Bour, le président, ne décolère pas: "Le week-end dernier, j'étais sur un marché aux vins. Un client sur deux m'a parlé du nucléaire".
"On n'avait pas besoin de cela..." Cette fois, la coupe est pleine: "Nous avons un sentiment de colère, d'injustice et d'impuissance. De colère, parce qu'on n'avait pas besoin de ça dans un contexte général qui est déjà difficile. D'injustice parce que ce qui s'est produit cet été, ce sont des incidents mineurs qui n'ont eu aucun effet sur la qualité des vins. Et d'impuissance parce que nous ne faisons pas le poids, ni face à Areva, ni face aux médias".
Solution préconisée: intégrer l'appellation côtes-du-rhône. Tout simplement. Mais la partie s'annonce serrée. Il va falloir d'abord convaincre l'Inao (ex-Institut national des Appellations d'origine désormais appelé Institut national de l'origine et de la qualité) du bien-fondé de la démarche. Puis le syndicat des côtes-du-rhône. Et là, rien ne dit qu'il ne se trouvera pas quelques voix pour rejeter la greffe. "Depuis deux mois, on est sur la sellette", constate Henri Bour, "mais on en mesurera les effets que dans un mois ou deux. Et là, il va falloir prouver à Areva, que notre image a été écornée".
Déjà quelques cavistes ou restaurants - "pas de la région", précise-t-il - font trainer leur commande: "Pour nous, il s'agit purement et simplement de la survie d'un territoire viticole". "La solution qui aurait consisté à créer une nouvelle appellation aurait entraîné la disparition de 50 % de la vigne", explique encore Henri Bour. Cette année, en Tricastin, les vendanges auront un goût amer...
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Quelques chiffres: 350 viticulteurs répartis sur 21 communes produisent 80 à 100 000 hectolitres par an de côteaux-du-Tricastin. 2 500 hectares de vigne alimentent 50 caves dont 12 coopératives. La plus importante est La Suzienne.Nucléaire - Le rude été du Tricastin
Dauphiné libéré - 13 septembre 2008
Des "anomalies" à répétition, une image ébréchée, des riverains qui s'interrogent. Avec en toile de fond, le développement du site avec l'arrivée de l'EPR.
Dans la Plaine, à l'ombre des tours de la centrale, les avis sont tranchés. Pour les uns, le contrat de confiance avec "le nucléaire" a pris un sérieux coup de canif. Pour d'autres, "ça fait 30 ans qu'on vit avec sans problème". Le nucléaire est bien "plus surveillé" que toute autre industrie, assurent-ils. Alors tout ce bruit autour des incidents de l'été, "c'est de la faute des médias et des anti-nucléaires". Le maire de Lapalud, Jean-Pierre Lambertin, n'est pas loin de penser la même chose: "Bien sûr, il ne faut pas que les exploitants relâchent leurs efforts, bien sûr certaines installations ont pris de l'âge et il faut être exigeant avec Areva, mais ces incidents sont restés mineurs".
"Si difficultés il y a..." A Bollène, l'agence immobilière de Jean-Yves Sottet n'a pas souffert: "Les difficultés de l'immobilier, si difficultés il y a, ne viennent pas des problèmes du nucléaire. Les acquéreurs d'un mas ont toujours préféré avoir le Ventoux pour décor que les tours de la centrale". Son regret tient plutôt à la lenteur des pouvoirs publics: "C'était déjà pareil pour les inondations de 93. A l'époque, j'étais à minuit sur le pont du Lez et on m'assurait qu'il n'y avait pas de risque. Le lendemain, j'avais trois mètres d'eau chez moi".
Côté Areva, si on reconnait un certain "retard à l'allumage" pour sonner l'alerte après la fuite de la Socatri, on estime à demi-mots que les administrations n'ont pas fait preuve non plus d'une diligence fulgurante. Le 18 juillet, Anne Lauvergeon, la présidente d'Areva, a fait le voyage entre Drôme et Vaucluse: "Il n'y a pas d'inquiétude à avoir, des anomalies de niveau 1, on en compte 80 par an", a-t-elle dit aux élus et riverains. Sauf que l'été allait se révéler encore plus horribilis que prévu.
Reste le fond. Et d'abord la pollution des nappes phréatiques. Est-elle la conséquence du seul déversement dans la nature de 74 kilos d'une solution d'uranium le 7 juillet ? A la Socatri, le directeur Pascal Molinari assure que "la surveillance environnementale" a été renforcée: "On a réexaminé toutes les mesures de sureté. Onze nouveaux points de mesures, de part et d'autre des rivières sont mis en place. Nous allons poursuivre les prélévements et les analyses sur les forages des particuliers". L'entreprise va également financer le raccordement au réseau d'eau public d'une quinzaine de foyers. Cela étant, la Socatri espère avoir le feu vert, la semaine prochaine, de l'autorité de tutelle, l'ASN, "pour reprendre progressivement ses activités".
Début août, Areva a annoncé 20 millions d'euros d'investissement "pour solder le passé". Ce passé, ce sont notamment 770 tonnes de déchets militaires hérités de l'époque où la France gaullienne faisait...la bombe. D'ici 2013, ils devront avoir disparu du paysage.
Dans les mois qui viennent, Nicolas Sarkozy devrait annoncer le lieu d'implantation de l'EPR, le générateur de nouvelle génération. Tricastin est sur les rangs et tient même la corde. Mais pour conserver toutes ses chances, il ne faudrait pas que les anomalies deviennent une habitude...
REPÈRES
LES INCIDENTS
- Le 4 juillet, la Criirad dénonce l'enfouissement de déchets militaires.
- Le 7 juillet, une solution d'uranium s'échappe des installations de la Socatri. "L'anomalie" est classée de niveau 1 (sur une échelle qui en compte 7).
-Le 7 août, un rejet de carbone 14 est révélé à la suite du traitement d'un lot de déchets médicaux.
-Le 21 août, fuite à la Comurhex, sur une canalisation enterrée.
-Le 8 septembre, incident de niveau 1 lors d'une opération d'assemblages de combustibles sur la centrale numéro 2 d'EDF.Deux assemblages de combustible nucléaire coincés au Tricastin
L'Usine nouvelle - 09/09/2008
Lors des opérations de renouvellement du combustible, deux assemblages sont restés suspendus au sein du réacteur n°2 de la centrale nucléaire EDF de Tricastin. Cet incident n'a pour l'instant entraîné aucun rejet radioactif dans l'environnement.
Comment a-t-il se produire ? « On a dû forcer quelque chose au dernier cycle », analyse Martial Jorel, responsable de la direction de la sûreté des réacteurs de l'IRSN au sujet de l'incident. Au moment d'être enlevés, deux assemblages sont en tout cas restés coincés au cœur du réacteur. Une situation analogue s'était déjà produite il y a 10 ans, en 1998, à Nogent. EDF avait développé un outillage spécial pour récupérer l'assemblage. « Cet incident est vraiment lié au type de réacteur utilisé actuellement par EDF : ce sont des grosses machines, on les ouvre une fois par an et on change tout » explique Martial Jorel.
Risque sanitaire. Pour l'instant, rien ne s'est vraiment passé : le risque encouru est celui de la chute d'un ou des deux assemblages sur le cœur s'ils venaient à se décrocher. La rupture des combustibles irradiés entraînerait le relâchement de produits de fission dans l'eau de la piscine du bâtiment réacteur, puis dans l'atmosphère de l'enceinte de confinement. Une fraction de la radioactivité pourrait ensuite être rejetée dans l'environnement. « Mais cela se passe dans l'eau, le bâtiment est très confiné », temporise Martial Jorel.
A la demande de l'Autorité de Sûreté nucléaire, prévenue dans la matinée du 8 septembre, l'IRSN a mené des calculs, « plutôt de l'ordre de grandeur que de la décimale », pour mesurer le risque en cas de chute des deux assemblages entraînant leur rupture complète. « Les conséquences radiologiques à l'extérieur du site seraient extrêmement faibles et très inférieures aux valeurs nécessitant des actions de protection de la population et de l'environnement » conclut Martial Jorel. EDF a proposé à l'Autorité de sûreté nucléaire de classer l'incident au niveau 1 sur l'échelle INES.
Opération récup'. Reste qu'en sus de la problématique sanitaire, il y a une problématique économique : « le combustible est très coûteux », rappelle Martial Jorel. Les combustibles restent quatre cycles de 12 à 18 mois dans le réacteur et sont déplacés à chaque cycle dans le cœur, de façon à épuiser au maximum leurs capacités. Il semblerait que sur les deux assemblages combustibles restés suspendus, l'un en soit à son quatrième cycle et soit donc destiné « à partir aux déchets », tandis que l'autre n'en serait qu'à son premier cycle. EDF fera tout pour le récupérer sans dommage, même si l'opération s'annonce plus difficile qu'à Nogent, puisque deux assemblages sont concernés au lieu d'un seul.
Le classement au niveau 1 sur l'échelle INES, alors que 3 mois auparavant jour pour jour, le rejet d'environ 74 kg d'uranium à même la terre au sein de la Socatri le 8 juillet était classé dans la même catégorie, pose en tout cas question. Certes, le « précédent Tricastin » a lancé un mouvement de transparence, avec déclaration immédiate de tous les incidents de la filière nucléaire. Surtout les moins graves. Mais de deux choses l'une : soit EDF en fait trop, soit l'incident Socatri a été sérieusement sous-classé.
Incident de niveau 1 à la centrale nucléaire de Tricastin
Aqui mai ! (encore une fois de plus !)
ça va finir par péter
Associated Press - 08.09.2008 -Un incident de niveau 1 (sur sept) s'est produit lundi matin à la centrale nucléaire No2 du site de Tricastin (Drôme) lors d'une opération d'assemblage de combustibles, a-t-on appris auprès de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). L'anomalie est survenue alors que la centrale no2, dépendant d'Electricité de France, se trouvait en "arrêt de tranche" pour décharger le réacteur en combustible, a précisé Evangelia Petit, chargée du service de presse à l'ASN.
Du personnel était donc présent au moment de l'incident, mais l'ASN ignorait dans l'immédiat si des employés avaient pu être exposés. "Je n'ai pas cette information", a déclaré la porte-parole. "On est en train de regarder ce qui s'est passé". Des inspecteurs ont été envoyés sur place pour déterminer les circonstances et les causes de cette anomalie. L'incident s'est produit vers 10h30 et EDF a prévenu l'ASN vers midi, a dit Mme Petit.
Dans un communiqué, l'ASN explique que "le coeur du réacteur nucléaire est composé de 157 assemblages combustibles comportant chacun 264 crayons qui contiennent le combustible nucléaire. Les réacteurs doivent être arrêtés périodiquement et déchargés pour procéder au renouvellement du combustible". Lors de cette opération, "le couvercle de la cuve du réacteur et les structures internes supérieures de maintien sont retirés pour pouvoir accéder aux assemblages combustibles et pouvoir les remplacer".
Or, "deux assemblages combustibles sont restés accrochés aux structures internes supérieures (...) L'exploitant a interrompu ces opérations et fait procéder à l'évacuation du bâtiment réacteur et à son isolement", tandis que les deux assemblages "sont sous eau dans la cuve". Cet "incident (...) n'a pas eu de conséquences pour le personnel de la centrale et n'a pas entraîné de rejets dans l'environnement", a assuré l'ASN qui note qu'un événement de même nature s'était produit à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine en 1999.Alerte rouge. A force de rogner sur les coûts, l'industrie nucléaire française néglige les conditions de travail d'une partie de ses salariés - en particulier ceux qui sont employés dans le cadre de la sous-traitance. C'est l'un des messages que la CGT vient de délivrer après les incidents survenus en juillet.
Déversement d'effluents radioactifs par la Socatri - une filiale d'Areva implantée au Tricastin (Vaucluse) -, contamination très légère de salariés dans ce même site, découverte de la fuite d'une canalisation à l'usine FBFC à Romans-sur-Isère (Drôme)... En moins d'un mois, plusieurs anomalies, sans lien entre elles, ont défrayé la chronique.
Mis à part le premier " pépin ", ces dysfonctionnements seraient probablement passés inaperçus en temps ordinaire, commente Laurent Museau, élu CGC au comité central d'entreprise d'EDF. Mais la pollution de cours d'eau et d'une nappe phréatique dans le secteur du Tricastin ont " braqué les projecteurs " sur le parc électronucléaire. Les syndicats en ont tiré partie pour dénoncer des problèmes.
Parmi ces derniers, il y a la question - récurrente - de la sous-traitance. Chez EDF, qui confie une large partie de la maintenance à d'autres sociétés, environ 20 000 " salariés extérieurs " interviennent chaque année sur ses installations. En 2007, ces activités sous-traitées représentaient un chiffre d'affaire de 1,5 milliard d'euros, dont 60 % sont captés par six grands groupes : Alstom, Areva, Bouygues, Onet, Suez, Vinci. Ceux-ci font eux-mêmes appel à d'autres entreprises pour des opérations très spécifiques.
Pour ces sous-traitants, la situation est devenue " insupportable ", assure la CGT mines-énergie, car " les directions " ne cherchent qu'une chose : réduire les " coûts de maintenance et d'exploitation ". Résultat : " 80 % " des prestataires prétendraient " vouloir quitter le nucléaire ". " Nous nous inquiétons de leurs compétences, car les marchés sont de plus en plus serrés ", renchérit Christophe Faucheux, de la CFDT chimie-énergie. Secrétaire nationale à la CFDT mines-métallurgie, Patricia Blancard déplore, elle, que les risques soient " externalisés " vers les sous-traitants. " La culture de la sûreté ne doit pas être détournée par une culture de la rentabilité ", dit-elle.
Les incidents du début de l'été ne sont pas liés à la sous-traitance, pondère M. Museau, mais le contexte est difficile pour les personnels des prestataires qui s'occupent des " tâches les moins nobles " (échafaudage, gardiennage, nettoyage...). " EDF tire au maximum sur les prix ", explique-t-il. Le groupe, lui, met en avant " l'accord sur la sous-traitance socialement responsable " de 2006 qui garantit aux salariés que leurs interventions " s'effectueront dans les meilleures conditions d'emploi, de qualification, de travail et de santé-sécurité ".
Chez Areva, on souligne que les prestataires extérieurs sont des professionnels " hautement spécialisés " qui partagent la même " culture de sûreté " que les autres industriels du nucléaire. " L'an passé, nous avons enregistré 13 incidents de niveau 1 contre 17 deux ans auparavant, ajoute-t-on. La sûreté progresse. "
Tricastin - Le nouvel incident a-t-il été minimisé ?Mercredi 23 juillet, 9h30, centrale nucléaire du Tricastin, réacteur numéro 4. Une gaine mal positionnée, un filtre et un système de vidange défectueux provoquent un nouvel accident. Des poussières d'uranium s'échappent alors que 129 personnes sont en train de réaliser des travaux de maintenance autour du réacteur.
Après examen médical, le chiffre tombe : 100 salariés ont été contaminés. Selon le porte-parole de l'entreprise, il s'agit là d'un accident "mineur" sans conséquence sanitaire. Les doses reçues par les employés seraient 40 fois inférieures à la limite annuelle autorisée. Rapidement, l'Autorité de sûreté nucléaire étaye cette déclaration et classe l'accident en niveau 0, correspondant à un simple "écart" sur l'échelle de mesure internationale INES.
Cette version, les associations écologistes la contestent. Citant la Commission internationale de radioprotection, elles avancent que "toute dose de rayonnement comporte un risque cancérigène". Pour Stéphane Lhomme, du réseau Sortir du nucléaire, "le risque est très important que des particules se soient fixées dans les poumons des employés". Il poursuit : "On se moque de nous. 74 kg d'uranium qui s'échappent dans les rivières et on classe l'incident en niveau 1. 100 personnes contaminées et c'est un niveau 0. Au prochain accident, ce sera un niveau -1 !"
Contaminations au Tricastin, quatrième incident dans le nucléaire français en 15 jours
VALENCE (AFP) — Un quatrième incident en quinze jours a affecté la filière nucléaire française, avec la contamination à faible dose mercredi matin de cent employés de la centrale nucléaire EDF du Tricastin (Drôme), "fait sans gravité" selon EDF mais qui "inquiète" l'association Criirad.Vers 09H30, lors d'une opération de maintenance dans le bâtiment d'enceinte du réacteur N.4, "un tuyau à l'intérieur du bâtiment a été ouvert (...) et de la poussière radioactive s'en est échappée", a expliqué à l'AFP Alain Peckre, le directeur de la centrale. La centrale nucléaire du site du Tricastin à Bollène, le 9 juillet 2008
La préfecture et l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ont été aussitôt prévenues, a-t-il ajouté. L'ASN a décidé de classer provisoirement cet incident au niveau 0 de l'échelle Ines, qui répertorie incidents et accidents nucléaires de 0 à 7. Lors de l'incident à la centrale du Tricastin mercredi matin, 97 salariés d'EDF et d'entreprises sous-traitantes, qui travaillaient dans le bâtiment contaminé, ont été évacués vers l'infirmerie pour des
A ce niveau, l'ASN ne rend généralement pas les incidents publics, mais le gendarme du nucléaire a tenu compte du contexte, a expliqué son directeur général Jean-Christophe Niel. Interrogé sur la succession d'incidents, il a jugé qu'il s'agissait d'un "effet de série factice". "Il n'y a aucun lien" entre les deux incidents survenus en quinze jours au Tricastin, sur des établissements dépendant d'exploitants différents, a-t-il précisé. Le nouvel incident touche la centrale EDF du Tricastin. Le 7 juillet dernier, une fuite d'effluents radioactifs d'une cuve de l'usine Socatri, filiale d'Areva spécialisée dans les déchets, avait entraîné le limogeage de son directeur. Cette "anomalie" avait été classée niveau 1. Une autre fuite, la semaine dernière, d'effluents radioactifs dans une usine de fabrication de combustibles de Romans-sur-Isère (Drôme) a été classée également niveau 1.
examens médicaux après le déclenchement des alarmes de détection. 32 autres employés du site, ayant traversé peu avant le bâtiment ou l'ayant approché, les ont rejoints, selon la direction de la centrale.Sur ce total, "100 personnes ont été légèrement contaminées par des radio-éléments quarante fois inférieurs à la limite réglementaire annuelle", a indiqué Stéphanie Biabaut, chargée de communication de la centrale, qui compte quatre réacteurs de 900 mégawatts.
L'incident a eu lieu pendant un arrêt de tranche, alors que le combustible avait été retiré du réacteur pour des travaux de maintenance, a précisé l'ASN, qui attend les explications d'EDF sur l'origine du dégagement radioactif.
"Des investigations se poursuivent pour déterminer les causes de cet évènement, qui n'a pas de conséquence ni sur la santé des personnes ni sur l'environnement", a précisé Mme Biabaut. Plusieurs centaines d'événements classés "zéro" sont répertoriés chaque année en France.Dans un communiqué, le réseau "Sortir du nucléaire" a demandé "d'urgence" un débat national sur la sortie du nucléaire.
"Les contaminations de ce type, c'est un problème récurrent. Mais autant de personnes en si peu de temps, cela nous inquiète", a déclaré Corinne Castanier, directrice de la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité).
Vendredi, 15 employés avaient déjà été contaminés par des radio-éléments --"très légèrement" selon EDF-- sur un chantier de maintenance d'une unité de production de la centrale nucléaire de Saint-Alban/Saint-Maurice (Isère), sans que l'incident ait été classé par l'ASN.Le Républicain Lorrain - 24/07/2008
Cent employés de la centrale nucléaire du Tricastin, dans le Drôm ont été « légèrement contaminés » hier par des radio-éléments qui se sont échappés d'un tuyau dans le bâtiment d'enceinte du réacteur numéro 4, à l'arrêt pour maintenance. Vers 9h30, « un tuyau à l'intérieur du bâtiment a été ouvert dans le cadre de cette opération de maintenance et de la poussière radioactive s'en est échappée », a expliqué Alain Peckre, le directeur de la centrale nucléaire, qui a qualifié cet incident de « fait sans gravité ».
La préfecture et l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ont été aussitôt prévenues. Alain Peckre a proposé à l'ASN de classer l'incident au niveau « 0 » de l'échelle Ines qui va jusqu'à 7. Selon lui, 97 salariés d'EDF et d'entreprises sous-traitantes, qui travaillaient dans le bâtiment, ont été évacués vers l'infirmerie pour des examens médicaux après le retentissement des alarmes de détection de contamination. 32 autres employés du site, ayant traversé peu avant le bâtiment ou l'ayant approché, les ont rejoints.
Des investigations étaient en cours hier pour déterminer l'origine de ce nouvel incident. Il s'agit du deuxième problème rencontré sur le site du Tricastin ces deux dernières semainesaprès la récente fuite d'effluents radioactifs d'une cuve de l'usine Socatri. Le réseau « Sortir du nucléaire » a demandé « d'urgence » hier un débat national sur la sortie du nucléaire. Selon l'association, « le discours habituel sur les niveaux de contamination qui sont "en dessous des limites légales" est parfaitement trompeur »
Incidents dans le nucléaire français : la Criirad inquiète pour les salariés
- La Criirad a tiré jeudi "la sonnette d'alarme" après plusieurs incidents survenus en 15 jours au cours desquels 126 salariés du nucléaire ont été contaminés, soulignant que toute contamination, même en-deçà des limites légales, comportait un risque. "Les contaminations accidentelles ne sont pas des événements anodins et doivent être déclarées comme accidents du travail", a souligné dans un communiqué la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité.
En moins de 15 jours, 126 personnes, pour la plupart des sous-traitants, ont été contaminées alors qu'elles intervenaient sur différents sites nucléaires EDF, indique l'exploitant sur son site internet: sept le 11 juillet à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube), quatre le 12 juillet à la centrale de Gravelines (Nord), quinze le 18 juillet à Saint-Alban-Saint-Maurice (Isère) et cent salariés mercredi dans un réacteur du Tricastin (Drôme).
La Criirad a rappelé que la limite réglementaire annuelle d'exposition à la radioactivité (20 milliSieverts par an) n'est pas "un niveau à partir duquel le risque commence, mais un niveau de risque maximum admissible". Si les 274.000 travailleurs du nucléaire sous surveillance recevaient tous la dose annuelle maximale réglementaire, cela entraînerait "219 décès par cancers radio-induits", souligne la Criirad, appuyant ses calculs sur les risques cancérigènes officiellement reconnus de la radioactivité.
"Heureusement les expositions réelles sont très inférieures à la limite" légale, indique la Criirad, tout en déplorant le manque d'information et de reconnaissance dont souffrent les salariés victimes de contaminations accidentelles. Mercredi matin, cent employés de la centrale nucléaire EDF du Tricastin ont été, selon EDF, "légèrement contaminés" lors d'une opération de maintenance dans le bâtiment d'enceinte d'un réacteur.
100 contaminations à la centrale du Tricastin : "Sortir du nucléaire" demande d'urgence un débat national sur la Sortie du nucléaire
Réseau "Sortir du nucléaire" - Fédération de 820 associations
Communiqué du 23 juillet - 19h - Contact : 06 64 100 333
- La France paye cher l'interdiction de parler du nucléaire lors du "Grenelle"
- Le discours officiel habituel ("Les niveaux de contaminations
sont en dessous des limites légales") est parfaitement trompeur
Alors qu'un nouvel événement grave met en cause l'industrie nucléaire - la contamination de 91 personnes à la centrale nucléaire du Tricastin - le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle les citoyens à prendre conscience de la gravité du risque nucléaire et de l'imminence d'un accident voire d'une catastrophe en France. Il est urgent de débattre de la sortie du nucléaire... et de la mettre en oeuvre au plus vite.
Le Réseau "Sortir du nucléaire" conteste formellement les tentatives des industriels de l'atome et de l'Autorité de sûreté de minimiser les conséquences des contaminations survenues dans les centrales et autres installations nucléaire.
Rappelons que vendredi 18 juillet, alors même que Mme Lauvergeon s'appliquait à décréter que l'affaire Tricastin était insignifiante (elle aurait donc limogé pour rien le directeur de l'usine Socatri !), quinze salariés intérimaires ont été contaminés à la centrale nucléaire de Saint-Alban (Isère)
Contrairement au discours officiel qui prétend que ces contaminations ne sont pas dangereuses, le Réseau "Sortir du nucléaire" rappelle que, dès 1990, la très officielle Commission Internationale de Radioprotection (CIPR) a admis que "Toute dose de rayonnement comporte un risque cancérigène et génétique" (CIPR 1990).
Qui plus est, même lorsque le niveau de radioactivité est faible, un très grave danger menace les êtres vivants, la contamination.
Une contamination a lieu lorsque des particules radioactives pénètrent dans un organisme vivant, en l'occurrence celui d'un salarié du nucléaire. Des particules peuvent alors se fixer dans un organe (en particulier les poumons en cas d'inhalation) et c'est alors un cancer presque assuré, même si c'est quinze, dix ou cinq ans plus tard.
On voit par là que le discours habituel, une nouvelle fois resservi à cette occasion - "Les niveaux de contamination ont été inférieurs au centième de la limite réglementaire" - est parfaitement trompeur.
Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que les travaux les plus exposés à la radioactivités sont réalisés par des intérimaires et personnels d' entreprises sous-traitantes qui, après avoir travaillé quelques années dans le nucléaire, ne sont pas réembauchés et disparaissent dans la nature pour certains... avec leurs cancers, lesquels ne sont donc jamais attribués à l'industrie nucléaire, qui en est pourtant la cause.
De la même façon, les personnes qui ont pu être contaminées autour du Tricastin par la fuite de 360 kg d'uranium pourront développer un cancer dans quelques années - voire quelques mois - mais il leur sera très difficile de prouver que l'industrie nucléaire en sera la cause : les tumeurs ne portent hélas pas la signature d'Areva ou d'EDF...
M Sarkozy a commis une faute impardonnable en interdisant toute discussion sur le nucléaire lors du "Grenelle de l'environnement" auquel le Réseau "Sortir du nucléaire" a donc eu raison de refuser de participer. Il est grand temps de discuter de la sortie du nucléaire... et de la mettre en oeuvre au plus vite, avant que le pire ne se produise.
AFP - 23 juillet 2008 - PARIS - Le réseau "Sortir du nucléaire" a demandé "d'urgence" mercredi un débat national sur la sortie du nucléaire, à la suite de l'annonce qu'une centaine d'employés de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) ont été ce même jour "légèrement contaminés".
Dans un communiqué, il a appelé les citoyens à "prendre conscience de la gravité du risque nucléaire" et de "l'imminence d'un accident voire d'une catastrophe en France".
Pour le réseau, qui regroupe 820 associations, la France "paye cher l'interdiction de parler du nucléaire lors du Grenelle" de l'environnement.
"Le discours officiel habituel -+Les niveaux de contamination sont en dessous des limites légales+- est parfaitement trompeur", souligne le réseau. Il "conteste formellement les tentatives des industriels de l'atome et de l'Autorité de sûreté de minimiser les conséquences des contaminations survenues dans les centrales et autres installations nucléaires".
"Il est grand temps de débattre de la sortie du nucléaire et de la mettre en oeuvre au plus vite, avant que le pire ne se produise", indique le communiqué.
La direction d'EDF a indiqué que 100 employés de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) ont été "légèrement contaminés" mercredi par des radio-éléments qui se sont échappés d'un tuyau dans le bâtiment d'enceinte du réacteur numéro 4, à l'arrêt pour maintenance.
Ce nouvel incident est le deuxième sur le site du Tricastin au cours des deux dernières semaines.La Provence - mercredi 23 juillet 2008
Les préfectures de Vaucluse et de la Drôme l'ont annoncé hier, toutes les mesures de précaution prises suite à l'accident de la Socatri sont désormais levées. L'irrigation, la consommation et l'usage de l'eau issue des forages privés sont à nouveau autorisés, tout comme la pêche et la baignade.
Cependant, des inquiétudes persistent, en particulier en ce qui concerne la possible pollution des nappes phréatiques. Cet après-midi, les riverains du Tricastin seront reçus sur le site de la Socatri pour un point d'information. Comme le précise Catherine Dalverny, chargée de la communication pour la filiale d'Areva, "il ne s'agira pas de prendre des décisions mais de répondre à des interrogations".
Des décisions et des gestes forts, ce sont pourtant ce que réclament les habitants des environs de l'usine de retraitement de déchets. Michel Serinian habite à quelque 300 mètres du Tricastin, sur la commune de Bollène. Avec sa mère, ils ont été les premiers particuliers à porter plainte, par "peur d'être oubliés" explique l'homme.
Pour lui, la situation est actuellement insoutenable : "On a relevé chez nous des concentrations d'uranium allant jusqu'à 70 microgrammes par litre d'eau alors que la norme est à 15 microgrammes". Il poursuit : "Ces résultats parlent d'eux-mêmes, je pense que la nappe est touchée. Du coup, dans le coin, les maisons ne valent plus rien. Qui voudrait habiter dans une zone polluée à l'uranium ?".
En conséquence, Michel Serinian attend un dédommagement de la part de la Socatri, "une indemnité pour pouvoir partir" précise-t-il, le ton grave. Chez les agriculteurs, privés d'irrigation pendant de nombreux jours, on espère également des compensations financières. Cependant, on est moins anxieux, rassurés par le pouvoir de négociation de la FDSEA, la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles.
C'est le cas d'Eric Mancellon de Bollène : "J'ai perdu entre 2000 et 2500 salades pendant l'interdiction d'irrigation. Je me considère comme moyennement touché et je ne me fais pas trop de souci pour l'indemnisation. Ce qui me préoccupe le plus ce sont les nappes phréatiques. Sur ce point, j'aimerais des explications claires".
Vincent Touchat, également agriculteur à Bollène, n'est pas plus inquiet que son confrère concernant d'éventuels dédommagements. "Nous attendons que la Chambre d'agriculture soit mandatée pour faire des analyses et évalue notre préjudice. Ensuite, je pense que nous recevrons des compensations pour nos récoltes perdues, je suis plutôt serein" déclare-t-il.
Du côté des particuliers, la question est bien plus délicate en raison d'un préjudice plus difficile à évaluer. Sur ce point, les riverains du Tricastin souhaitent des éclaircissements. Ils devraient porter cette réclamation haut et fort aujourd'hui, lors de leur rencontre avec des représentants de la Socatri.
Comme le signale justement Jacky Mayan, retraité habitant à proximité du site nucléaire, "il faudra rester mobilisé longtemps et ne pas se contenter de s'agiter dans les semaines suivant l'accident". Pour lui, les zones d'ombres dans cette affaire restent trop nombreuses et il souhaiterait vivement savoir comment la filiale d'Areva peut justifier les pollutions décelées en plusieurs points dans les nappes phréatiques.
ARRÊTE Levée des interdictions
Les préfectures de Vaucluse et de la Drôme ont annoncé hier la levée des mesures de précaution édictées les 8 et 11 juillet derniers suite à l'accident de la Socatri. Cette décision a été motivée par les avis favorables du Ministère de la Santé, du Ministère de l'Agriculture et de la Pêche, de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l'Institut de recherche et de sûreté nucléaire (IRSN).
La consommation et l'usage de l'eau des forages privés sont à nouveau autorisés. La baignade, les activités nautiques et la pêche sont elles aussi permises. L'Institut de recherche et de sûreté nucléaire a conclu au caractère limité de la pollution issue de la société Socatri. Pour les points où des taux anormaux d'uranium ont été constatés une surveillance dite "exhaustive" sera réalisée par l'IRSN.
Les préfets ont choisi de maintenir le plan de surveillance Socatri, validé par l'ASN, ainsi que l'élargissement de l'étude relative à la teneur en uranium des eaux de forages de la nappe souterraine du Tricastin. Tous les forages privés des habitations non raccordées au réseau d'eau potable et situés sur la partie ouest de la commune de Bollène et à l'intérieur d'une bande de 100 mètres de part et d'autre de la rivière du Lauzon seront attentivement surveillés.
Tout dépassement de la norme OMS de 15 microgrammes d'uranium par litre d'eau donnera lieu à une surveillance quotidienne. Tout dépassement ponctuel de 30 microgrammes (ou de 15 microgrammes pendant une semaine) conduira à une réflexion sur de nouvelles mesures à mettre en oeuvre.Le Parisien - 22 juillet 2008
UNE PREMIÈRE PLAINTE d'un particulier a été déposée suite à la contamination à l'uranium de la nappe phréatique sur le site nucléaire du Tricastin (Vaucluse). Elisabeth Serinian, qui habite à Bollène, dans la zone concernée par la pollution, a déposé plainte contre X vendredi à la gendarmerie. « J'ai envie de savoir ce qui se passe vraiment.
J'ai l'impression que l'on ne nous a pas tout dit sur l'origine de cette contamination de l'eau. Si ce sont d'anciens déchets radioactifs de l'armée, enfouis dans une butte de terre depuis les années 1970, qui sont responsables de cette pollution, c'est encore pire. Cela voudrait dire que l'on nous a menti depuis trente ans », explique cette enseignante, mère de deux enfants. Pour l'instant, elle et sa famille n'ont toujours pas le droit de consommer l'eau potable de leur puits, relié directement à la fameuse nappe phréatique souillée.
D'autre part, l'association les Riverains de la plaine, qui regroupe différents habitants du quartier, réfléchit à une éventuelle action en justice, et prendra sa décision à l'issue d'une réunion qui aura lieu cette semaine avec des représentants de l'usine Areva-Socatri. « On va écouter ce qu'ils nous disent. Et ensuite on va se réunir entre nous, pour voir qui est pour et qui est contre », explique Mme Dubois, dont le mari dirige cette association. A leur domicile, « les niveaux de l'uranium dans l'eau font du yo-yo. Il y a trois jours, ils étaient au-dessus de la norme, à 16 mg/litre, hier matin, c'était repassé en dessous. Y compris dans mon eau de piscine, que j'ai fait analyser », ajoute-t-elle. La famille Dubois a rencontré le médecin chef d'Areva-Socatri qui leur a fait des analyses.
Mécontentement des agriculteurs
« Il a contrôlé un certain nombre d'éléments liés au fonctionnement de nos reins. Il nous a dit que ça allait, et qu'il ne fallait pas s'inquiéter. Il nous a quand même conseillé de ne pas boire l'eau du robinet et de lui préférer l'eau minérale, ce qui ne m'a pas trop rassuré », ajoute-t-elle.
Par ailleurs, les agriculteurs ont eux aussi fait part de leur mécontentement. Le président de la FNSEA a incité la présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, « à dédommager les exploitants dont le préjudice est considérable » en terme d'image, en particulier pour le vin AOC côtes du Tricastin. Dans une autre région, hier, une « très légère contamination », selon EDF, a eu lieu sur le site nucléaire de Saint-Alban-Saint-Maurice, dans l'Isère. Quinze employés venant d'entreprises extérieures ont été orientés vers les services médicaux du site, mais leurs examens se sont révélés normaux.
AFP - 22.07.08 - Les préfets du Vaucluse et de la Drôme ont décidé mardi de lever toutes les mesures de précaution prises depuis deux semaines en raison d'une fuite de 74 kg d'uranium sur le site nucléaire du Tricastin, ont-ils annoncé dans un communiqué commun. Cette décision a été prise, avec l'aval du ministère de l'Agriculture, de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), au regard "de la diminution et du caractère limité de la pollution issue de la société Socatri tant pour les eaux de surfaces que pour les eaux de nappe, les sédiments, les végétaux ou les poissons".
Toutefois, l'IRSN continuera de surveiller certains forages privés où a été constaté un "marquage ancien" à l'uranium et qui présentent des "dépassements ponctuels" du seuil de potabilité fixé à 15 microgrammes d'uranium par litre par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), ont précisé les préfectures. Les autorités préfectorales ont aussi obtenu que Socatri, responsable de la fuite d'uranium naturel, soit maintenue sous surveillance à moyen terme.
L'ASN a imposé à la filiale d'Areva de suspendre l'activité de l'une de ses deux stations de traitement du Tricastin. Jeudi, le gouvernement avait exigé la vérification de l'état des nappes phréatiques situées "près de toutes les centrales nucléaires françaises", suite à l'émoi suscité par cette fuite et la découverte de la présence dans la nappe proche de Tricastin de points de concentrations en uranium inexpliqués, sans lien avec l'incident.
Selon les préfectures de la Drôme et du Vaucluse, seront analysés tous les forages privés des habitations non raccordées au réseau d'eau potable et situés sur la partie ouest de la commune de Bollène et à l'intérieur de la bande des 100 mètres de part et d'autre du Lauzon. "Tout dépassement de la valeur de 15 microgrammes d'uranium par litre d'eau conduira à la mise en place d'une surveillance quotidienne.
Tout dépassement ponctuel de la valeur de 30 microgrammes d'uranium par litre d'eau ou de 15 microgrammes/litre pendant plus d'une semaine, conduira à une concertation (ASN, IRSN, préfectures) sur les mesures à mettre en oeuvre pour le forage concerné", ont-elles précisé.
AFP - 21.07.08 - Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, a invité Anne Lauvergeon, présidente du directoire du groupe nucléaire Areva, à tenir ses engagements de dédommagement des exploitants agricoles touchés par la fuite d'uranium sur le site du Tricastin (Vaucluse).
"Au-delà de l'AOC vin du Tricastin, c'est l'ensemble de l'activité agricole qui est touchée en production et en réputation", a indiqué le responsable du principal syndicat agricole à Mme Lauvergeon, dans une lettre datée de lundi.
"En allant sur place la semaine dernière, vous avez assuré les exploitants d'un dédommagement. Il est légitime et doit être à la hauteur du préjudice subi qui est, avouons-le, considérable", selon M. Lemétayer.
"De vos engagements, je prends acte mais la FNSEA restera vigilante pour que ceux-ci se traduisent en décisions rapides et concrètes", a-t-il ajouté. Le 7 juillet au Tricastin une fuite d'uranium a été constatée à l'usine Socatri, filiale d'Areva. Cet incident est classé niveau 1 ("anomalie") sur l'échelle Ines de gravité des évènements touchant les installations nucléaires, qui en compte sept.Le Journal du Dimanche - 20 juillet 2008
Les incidents des uns font le bonheur des autres. Sur la brèche depuis la fuite d'effluents uranifères sur le site du Tricastin le 7 juillet dernier, Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, se réjouit de l'émoi suscité par les deux fuites successives: "L'affaire du Tricastin a ouvert la boîte de Pandore. Les gens réalisent enfin que la sûreté nucléaire est un mythe."
Si toutes les associations écologistes ne sont pas allées, comme la sienne, jusqu'à réclamer la tête d'Anne Lauvergeon, elles ont, unanimement, instruit un procès en transparence contre la filière. L'occasion était bonne, au moment où le gouvernement a décidé de relancer le nucléaire.
Premier grief des ONG: les défaillances de la sécurité. Selon elles, toutes les questions sans réponse qui entourent l'affaire du Tricastin démontrent que la technologie n'est pas maîtrisée et que les installations françaises sont vieillissantes, donc potentiellement dangereuses. Au-delà, c'est tout le système de contrôle qui est vivement critiqué. Pour les associations, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme français de l'atome, est disqualifiée à cause de ses liens incestueux avec le lobby nucléaire. "Il n'y a aucune transparence. Toute l'information est verrouillée par l'ASN. Le politique a perdu le contrôle du nucléaire", s'indigne Arnaud Gossement, porte-parole de France Nature Environnement. Et de dénoncer un "monstre technocratique", dont les membres, "issus de la filière nucléaire", seraient à la fois "juge et partie".
Une commission d'enquête parlementaire a été demandée par l'opposition
A la surprise de certains hauts responsables du nucléaire _qui s'en inquiètent_, les critiques des associations ont trouvé un écho au sommet de l'Etat. Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a ainsi annoncé hier son intention de "tout remettre à plat", notamment "les dispositifs d'information, d'analyse et de sécurité". Ce qui revient de facto à admettre les carences de la loi du 13 juin 2006 sur "la transparence et la sécurité nucléaire", pourtant portée par l'UMP.
Lente à réagir, l'opposition a demandé, en fin de semaine, par l'intermédiaire des députés François de Rugy (Vert) et Pascal Terrasse (PS), la création d'une commission d'enquête parlementaire. Une mesure également réclamée par deux députés de la majorité, Thierry Mariani et Pierre Lellouche. Les parlementaires auront sans doute entendu l'inquiétude de la population: à en croire un sondage IFOP publié dans Le Monde de ce week-end, les Français sont préoccupés par le risque nucléaire et 81% des personnes interrogées jugent "graves" les conséquences de l'incident de Tricastin.
« On se fait du souci pour les enfants »Ouest-France - 19 juillet 2008
Dix jours après la fuite d'effluents radioactifs à l'usine Socatri, Yves Beck ne décolère pas. Adjoint aux finances à la mairie de Bollène, l'une des communes où est installé le complexe nucléaire du Tricastin, il estime que l'incident et sa gestion par les autorités ont été « inacceptables ». « On a été traités en sous-citoyens, lance l'élu. Il est quand même extraordinaire que jusqu'à jeudi, ni Areva ni l'État n'ont téléphoné à la mairie de Bollène pour demander : ' On peut vous aider ? ' »
À présent, il compte bien obtenir une indemnisation. « Il y a un préjudice : sanitaire, à vérifier pour les populations ; matériel, pour les agriculteurs notamment. Et un préjudice d'image colossal. »
Sylvie Eymard vit avec son mari et ses deux enfants, depuis 1989, à quelques centaines de mètres de l'une des rivières proches de la Socatri. Elle ne peut plus utiliser l'eau de son puits pour la consommation familiale ou l'arrosage. L'interdiction a été prise, à titre de précaution. « Ça fait vingt ans que j'utilise cette eau sans problème. J'ai fait des analyses, mais jamais de recherches chimiques. On pense quand même que Socatri, Eurodif, ce sont des gens sérieux. »La mairie leur a fourni un réservoir de 1 000 litres. « À court terme, ça va, explique-t-elle. Mais à long terme, il faut qu'ils fassent quelque chose : faire venir l'eau de la ville, vérifier les sanitaires de la maison. L'uranium est toujours dans le chauffe-eau. Elle ne cache pas son inquiétude. On se fait du souci pour les enfants. Les analyses d'urine sont négatives, donc tout va bien pour le moment. On ne sait pas ce que l'avenir va nous donner, ce qu'il va en être de notre santé. » Elle aussi réclame des « réparations financières ».
Même attente de la part de Sandra Mancellon, agricultrice à quelques kilomètres de là. « On espère avoir quelque chose en retour. Pour l'instant, ça stagne. » L'interdiction d'arroser lui a déjà fait perdre 2 500 salades. « Nous allons avoir un rendement de pêches moindre et les melons donneront aussi en moins bonne quantité. »
La Dépêche du Midi
Mauvaise passe pour le nucléaire. En l'espace de dix jours, deux incidents de niveau 1 ont été détectés sur des sites français. Ainsi, hier, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé la rupture d'une canalisation dans une usine exploitée par une filiale d'Areva à Romans-sur-Isère, dans la Drôme.
« Il y a eu un épanchement d'uranium d'une quantité comprise entre 120 et 750 grammes, sur une canalisation défectueuse depuis longtemps » a indiqué le chef de division de l'ASN. Une inspection a eu lieu pendant la nuit de jeudi à vendredi, et l'incident a été classé de niveau 1. Cette fuite ne fait pas bon effet, dix jours après la fuite d'uranium sur l'usine Socatri au Tricastin. Une « bavure » qui a suscité une belle polémique au point que le directeur de l'usine vient d'être remplacé : le nouveau patron aura pour mission de « faire une revue globale du fonctionnement de l'établissement ».
La fuite qui s'est produite dans la nuit du 7 au 8 juillet a conduit au rejet dans la nature de 74 kg d'uranium. Sur place, habitants et élus sont furieux, estimant avoir été traités en « sous-citoyens » et jugent inacceptable la manière dont l'incident a été géré. Les agriculteurs sont les plus touchés. Ils ne peuvent plus arroser leurs plantations, et bon nombre de récoltes vont devoir être jetées à la poubelle. Sans compter l'impact sur l'image touristique de la région, en tout début de saison.
Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie, tente d'éteindre le feu. « Je veux tout remettre à plat, notamment les dispositifs d'information, d'analyse et de sécurité » a-t-il expliqué hier. Il veut aussi faire évaluer l'ensemble des nappes phréatiques sous les installations nucléaires, et faire le point sur les déchets anciens.
Borloo réclame plus de rigueur dans le secteur du nucléaire
La Voix du Nord - 19.07.2008
Deux ans après le vote de lois sur le nucléaire supposées apporter plus de transparence et de sécurité, deux incidents avec rejets d'effluents radioactifs dans le sud de la France obligent le ministre de l'Écologie, Jean-Louis Borloo, à appeler à une « mise à plat » dans le secteur. La fuite d'uranium constatée jeudi dans une usine de fabrication de combustible nucléaire (FBFC) de Romans-sur-Isère, dans la Drôme, dix jours seulement après l'incident du Tricastin, relève d'un « dysfonctionnement qui illustre un manque de rigueur », selon Bruno Chareyron, responsable du laboratoire de la CRIIRAD (Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité).
Ce nouvel incident ne devrait a priori avoir qu'un impact « faible » sur l'environnement, et la fuite ne concerne que quelques centaines de grammes d'uranium (contre 74 kg au Tricastin). Reste que l'incident résulte de néglicences. La canalisation à l'origine de la fuite dans la Drôme « n'avait pas été inspectée par l'exploitant depuis longtemps », a reconnu le directeur général de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Jean-Christophe Niel. De plus, l'usine en cause avait déjà été épinglée à plusieurs reprises par l'ASN pour des négligences ou des incidents de niveau 1. Le dernier en date remontait à juin.
En 2006, le Parlement avait approuvé deux projets de loi sur le nucléaire, l'un sur la gestion des déchets, l'autre sur la sécurité et la transparence. M. Borloo a appelé hier le Haut Comité sur la transparence à « remettre à plat l'ensemble du système de procédures, évaluer l'ensemble des nappes phréatiques sous les installations nucléaires, faire le point sur les déchets nucléaires anciens ». Tous les acteurs seront entendus d'ici à l'automne, a-t-il affirmé : industriels, opérateurs, militaires, associations.
Transparence et réactivité
Le ministre de l'Écologie a notamment insisté sur la « transparence » et la « réactivité » dont doivent faire preuve les responsables d'installations nucléaires en cas de problème. Sur le site du Tricastin (Vaucluse), la société Socatri avait mis plusieurs heures avant de prévenir les autorités nucléaires. « Je mets un accent très fort sur la réactivité : le fait que l'opérateur doit informer immédiatement, pas trois heures après », a-t-il martelé.
À Romans-sur-Isère, les responsables ont en revanche immédiatement prévenu l'Autorité de sûreté nucléaire. « Notre réactivité sur cette affaire a été accrue par l'émotion qu'il y a eu ces jours-ci », a noté le directeur général de l'ASN. Pour Jean-Louis Borloo, les incidents de niveau 1, dits « anomalies », sur l'échelle internationale INES de gravité des événements nucléaires (tels ceux du Tricastin et de Romans-sur-Isère), permettent « d'améliorer le dispositif » de sûreté.
« Apparemment, tant qu'on est au coeur du sujet (la centrale nucléaire elle-même), on a l'impression qu'il y a une très, très grande rigueur. Mais quand on est sur le traitement des effluents, de l'eau, etc. on a le sentiment qu'il y en a moins », a-t-il estimé. En tout état de cause, a précisé le ministre, le nombre d'incidents de niveau 1 était de « 114 en 2006 et de 86 en 2007, soit une baisse de quelque 30 % ».
Le Progrès de Lyon - samedi 19 juillet 2008
La patronne du groupe nucléaire relativise l’incident du 7 juillet et celui de Romans (Drôme), rendu public hier. Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, veut, lui, tout «remettre à plat» dans le secteur.
«Quand j’ai appris l’incident de Romans, je me suis dit : quelle déveine », s’est exclamée Anne Lauvergeon, hier. La patrone d’Areva s’était rendue sur le site du Tricastin où une fuite d’effluents uranifères s’est produite dans la nuit du 7 au 8 juillet. « Mais je me suis dit que c’était le propre d’une société mûre que d’être capable de transparence en toute occasion. »
Transparence ? Curieuse coïncidence en tout cas : le jour du déplacement d’Anne Lauvergeon, on apprend la rupture d’une canalisation dans une usine exploitée par une filiale d’Areva à Romans-sur-Isère. La rupture a causé un épanchement d’uranium d’une quantité comprise entre 120 et 750 grammes, selon l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN).
L’incident de Romans « serait passé inaperçu » en d’autres circonstances, a-t-elle insisté, regrettant «que certains en profitent pour tenter de se refaire une santé militante sur les inquiétudes légitimes de nos concitoyens». Et de préciser qu’« aucun de ces incidents n’a eu d’impact sur la santé des personnels et des riverains, ni sur leur environnement».
Anne Lauvergeon a ajouté qu’Areva avait «connu sept incidents de niveau 1 (sur une échelle qui en compte 7, ndlr) en 2007 et tous les exploitants nucléaires français, 86 ».
« Nous allons tirer toutes les leçons opérationnelles de ces incidents », a-t-elle toutefois assuré insistant sur l’importance des contrôles dans le nucléaire : « Nous sommes l’industrie la plus surveillée du monde ». Reste que deux ans après le vote de lois sur le nucléaire (1), la question de la sûreté nucléaire reste posée.
«Apparemment, tant qu’on est au cœur du sujet (la centrale nucléaire elle-même), on a l’impression qu’il y a une très, très grande rigueur. Mais quand on est sur le traitement des effluents, de l’eau, etc., on a le sentiment qu’il y en a moins (...) que la vigilance baisse », a estimé Jean-Louis Borloo en citant le cas de la sous-traitance.
Le ministre de l’Ecologie veut tout « remettre à plat » dans le secteur, notamment « les dispositifs d’information, d’analyse et de sécurité ».
Le ministre a notamment insisté sur la « transparence » et la « réactivité » dont doivent faire preuve les responsables d’installations nucléaires en cas de problème.
La canalisation à l’origine de la fuite à Romans-sur-Isère « n’avait pas été inspectée par l’exploitant depuis longtemps », a reconnu le directeur général de l’ASN Jean-Christophe Niel. La rupture daterait même de « plusieurs années », selon l’ASN.
(1)- L’une sur la gestion des déchets, l’autre sur la sécurité et la transparence.
Le Progrès de Lyon - 19 juillet 2008Certains habitants de Bollène sont toujours approvisionnés en eau par la mairie et c’est le système D pour la vaisselle.
«A court terme, ça va. Mais à long terme, il faut qu’ils fassent quelque chose, qu’on nous fasse venir l’eau de la ville, vérifier tous les sanitaires de la maison - l’uranium est toujours dans le chauffe-eau, par exemple. »
Sylvie Eymard vit avec son mari et ses deux enfants, dans le Vaucluse, à quelques centaines de mètres de l’une des rivières proches de la Socatri, l’usine de traitements des déchets où s’est produit la fuite, dans la nuit du 7 au 8 juillet. Cette fuite a conduit au rejet dans la nature de 74 kg d’uranium.
Des mesures de précautions interdisent depuis aux habitants des abords du site de consommer l’eau, d’arroser, de pêcher ou de se baigner.
Sylvie Eymard n’utilise plus l’eau qu’elle tirait jusqu’à présent de son puits, soumis à des contrôles quotidiens de la Socatri. Elle se sert du réservoir de 1 000 litres que lui a fourni la mairie de Bollène. « Psychologiquement, on est un peu fatigués. Et puis on se fait du souci pour les enfants. Bon, les analyses d’urine sont négatives, donc tout va bien pour le moment », dit-elle.
Mais elle réclame « des réparations financières. Pour nous et pour nos enfants ». « On ne sait pas ce que l’avenir va nous donner, ce qu’il va en être de notre santé », fait-elle remarquer.
Installée ici depuis 1989, elle dit ne pas s’être inquiétée jusqu’alors : « Ca fait vingt ans que j’utilise cette eau sans problème. J’ai fait des analyses mais jamais de recherches chimiques. Peut-être que c’est mon tort aussi. Mais on pense quand même que Socatri, Eurodif, tout ça, ce sont des gens sérieux ».
A quelques kilomètres, Sandra Mancellon, agricultrice vend ses fruits et légumes dans un stand sur la route reliant Bollène à Pont-Saint-Esprit. Elle attend, elle-aussi, d’être indemnisée expliquant que l’interdiction d’arroser lui a d’ores et déjà fait perdre 2 500 salades.
A la mairie de Bollène, une des communes où Tricastin est installé, l’adjoint aux finances, lui, ne mâche pas ses mots : « On a été traités en sous-citoyens ». L’incident et sa gestion par les autorités ont été « inacceptable », estime-t-il. « Il est quand même extraordinaire que jusqu’à jeudi, ni Areva ni l’Etat n’ont téléphoné à la mairie de Bollène pour demander : on peut vous aider ? »
Dernières nouvelles d'Alsace - 19 juillet 2008
On avait fini par la croire propre, et elle nous rappelle aujourd'hui qu'elle ne l'est pas autant qu'on aurait pu l'espérer. Dans la grande angoisse d'une planète menacée par la dégradation de son environnement, l'énergie nucléaire avait peu à peu dilué les grandes peurs qu'elle avait suscitées à la fin du XXe siècle. Les risques - évidents mais statistiquement faibles - qu'elle présentait semblaient relativement moins inquiétants que les ravages certains du monoxyde de carbone et de l'appauvrissement des océans. Les incidents des centrales du Tricastin et de Romans-sur-Isère ont réveillé un doute puissant qui mélange constats scientifiques raisonnés et craintes viscérales.
L'émotion bien réelle de l'opinion a provoqué une réaction politique immédiate qui, à elle seule, témoigne de l'extrême sensibilité de la question. Le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a eu raison de prendre le risque d'accentuer une certaine anxiété en tirant le signal d'alarme. Réunir une cellule de crise et ordonner des contrôles approfondis dans toutes les centrales constitue une application saine et juste du principe de précaution. Et le gouvernement a bien fait de prendre ses responsabilités.
Mais cette tranquille fébrilité, elle-même paradoxale, met au jour des incertitudes sur une sécurité nucléaire élémentaire que l'on pensait acquise. C'est une remise en question complète d'une assurance psychologique peut-être plus fragile qu'on ne l'imaginait. Voilà bien longtemps que le spectacle des grandes cheminées de Bollène, de Fessenheim ou d'ailleurs ne provoquait plus le petit frisson du danger potentiel. Et on apprend au coeur de l'été qu'une possible négligence a pu contaminer l'eau potable sur un vaste périmètre !
Face à cette nouvelle donne, une transparence absolue s'impose. Areva ne doit pas redouter d'exposer tous les périls, grands ou petits, auxquels les populations proches des centrales peuvent être, ou avoir été, exposées. Le politiquement correct ou le jargon lénifiant n'ont pas leur place dans une situation où les citoyens sont suffisamment mûrs et adultes pour faire la part des choses. Les administrations et les entreprises spécialisées dans le nucléaire ne peuvent en aucun cas profiter de leurs compétences techniques pour dissimuler quoi que ce soit d'embarrassant. Le moment est venu de vérifier que le pouvoir politique contrôle effectivement toutes les dimensions d'une énergie nucléaire qu'il prétend développer.
Est Républicain - 19 juillet 2008
Il n'y a pas que le Tour de France qui est pollué. La fuite radioactive de Romans-sur-Isère jette un doute sur la fiabilité de la filière nucléaire.
Voilà une sinistre loi des séries qui risque de ternir la technologie française de l'atome, « l'une des plus sûres du monde » comme l'avait qualifiée Nicolas Sarkozy fin avril en Tunisie, en bon VRP de l'énergie nucléaire. Un cocorico un peu hâtif, car Areva, le géant mondial de l'activité, et le parc EDF des 58 réacteurs répartis dans l'Hexagone se seraient bien passés du très inquiétant feuilleton de l'été qui a commencé début juin avec divers dysfonctionnements sur le chantier de construction de l'EPR à Flamanville dans la Manche. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait ordonné alors de stopper les opérations de coulage de béton après avoir détecté « une énième anomalie dans le ferraillage de l'îlot destiné à supporter le futur réacteur ». Premier épisode. Le second est survenu la semaine dernière avec la fuite de 74 kg d'uranium d'une cuve de la Socatri à Tricastin et voilà que l'ASN jette un nouveau pavé de becquerels dans la mare en révélant hier matin une fissure « historique » dans une canalisation de l'usine Franco Belge de fabrication de Combustible (FBFC) à Romans-sur-Isère, dans la Drôme. Jamais trois sans quatre ?
Romans, c'est là que demeure Roland Desbordes, le président de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), une association née sur le mensonge du fameux nuage de Tchernobyl. Dans notre édition du 16 juillet, il avait rappelé la présence d'une butte dans laquelle sont toujours enfouis des déchets radioactifs militaires sur le territoire de la centrale de Tricastin et leur incidence sur la contamination de la nappe phréatique au sud de l'installation. Pas de déchets encombrants enterrés à Romans, mais la Criirad surveille depuis longtemps l'usine FBFC, dont « l'exploitant me semble sincère et correct», précise le physicien, « ce n'est pas un menteur, mais il ne dit pas forcément tout ». Dans l'ex-capitale de la chaussure, l'activité nucléaire est ancienne. Elle a débuté avec la Compagnie européenne de réalisation de combustibles atomiques (CERCA) qui fabriquait « à partir d'uranium très enrichi, de l'ordre de 8O/90 %, les premiers combustibles pour les réacteurs de recherche, puis ceux des sous-marins nucléaires». Depuis 1977, la FBFC a repris le site avant d'être progressivement intégrée dans le giron d'Areva. La fuite repérée jeudi par l'ASN «implique un tuyau en PVC posé dans une goulotte en béton recouverte de simples dalles. Ce béton n'étant pas étanche, les effluents se sont répandus dans la terre ».
Hier, l'ASN et les pouvoirs publics se sont empressés d'affirmer que la fuite, qui daterait de plusieurs années, n'avait aucun impact sur l'environnement. « Certes, mais nous avons réalisé très récemment une étude sur l'ensemble du secteur pour la mairie de Romans . Nos mesures ont relevé quelques petites anomalies, un peu plus d'uranium que la normale, rien de scandaleux, mais cette demande a prouvé que la municipalité tendait le dos », ajoute Roland Desbordes. Pour une raison simple : il y a dix ans, la Criirad avait découvert que la FBFC rejetait ses effluents radioactifs dans les égouts de la ville ! « On retrouvait de l'uranium dans les boues de la station d'épuration, lesquelles boues étaient ensuite épandues dans les champs par les agriculteurs, voire incinérées...». Belle démonstration d'une technologie parfaitement sécurisée. Face à la levée de fourches, la FBFC avait accepté de réaliser une conduite spéciale qui envoie depuis cinq ans les effluents dans l'Isère, « en conformité avec la réglementation sur les effluents radioactifs, car exiger le zéro rejet, ça fait rigoler tout le monde dans les réunions », soupire le président de la Criirad. Mais avec ces incidents à répétition, plus personne ne rigole et surtout pas Jean-Louis Borloo. « Il faut bien comprendre que le nucléaire n'est pas une industrie banale. Il nécessite une culture de vigilance permanente. Je sais que des règles draconiennes de sécurité sont appliquées au niveau des réacteurs, mais dès que l'on s'en éloigne, je constate beaucoup trop de laxisme et un jour ou l'autre, ça se paie ».Les Echos - 18 juillet 2008
C'est un démon au sommeil léger, blotti au coeur de l'exception française. A peine réaffirmée par le président de la République, la volonté de la France de pérenniser son statut d'émirat nucléaire, fier de tirer près de 80 % de son électricité de l'atome, voilà que se réveille à nouveau l'hydre du doute. Bien sûr, l'incident de ce début juillet est une pollution mineure qui ne concerne pas l'exploitation d'une centrale, qui devrait être sans conséquence pour l'homme et l'environnement et qui n'aurait peut-être pas connu un tel retentissement médiatique à une période de l'année plus riche en actualités. Il n'empêche. Ce pépin, qui a tout de même coûté son poste au patron de la filiale d'Areva incriminée, montre que la sensibilité au problème de la sûreté nucléaire est toujours aussi vive, même en France, pays le plus favorable d'Europe à cette technologie.
Pourtant, ces dernières années, la conjonction inédite de l'absence d'incidents notables, de la montée des préoccupations sur le réchauffement de la planète et de l'envolée des prix du pétrole a contribué à banaliser le nucléaire civil et, surtout, à relancer cette industrie où la France tient les premiers rôles. Le président de la République ne voit d'ailleurs pas « pour quelle raison il n'y aurait pas une formidable expansion du nucléaire dans le monde dans les années qui viennent ». Pour quelle raison ? Et bien, parce que, comme le dit son ministre de l'Ecologie, une pollution d'origine nucléaire ne peut se traiter comme une autre. Et l'on aura beau rappeler que le nucléaire civil n'a connu qu'un seul grave accident (Tchernobyl) et provoqué moins de morts que l'industrie chimique ou celle du transport aérien, il ne se débarrassera jamais de son péché originel né dans le sang de la bombe.
Consciente de la difficulté, la France empile depuis vingt ans les couches organisationnelles, comme les parois de béton autour du coeur d'une centrale : institut de protection, autorité de sûreté, haute autorité pour la transparence... sans jamais éradiquer ni le doute ni la critique.
Car ce démon possède quatre figures. Le poids du passé d'abord, notamment militaire, qui se manifeste parfois, on vient de le voir, sous la forme des déchets. Le poids du temps qui passe aussi, avec le sujet de la routine qui endort et celui, sans cesse repoussé, du vieillissement des centrales et de leur futur démantèlement. La montée des risques, ensuite, en provenance des pays émergents. Premiers clients potentiels, ils ne disposent pas forcément de la structure démocratique indispensable à une bonne culture de sûreté, on l'a vu à maintes reprises avec le nucléaire soviétique. Que se passera-t-il en cas de pépin grave en Chine ou au Pakistan ? Enfin, la question de l'aval du cycle et du traitement des déchets finaux, pas vraiment réglée.
Quatre figures qu'il faut regarder en face, car elles sont plus difficiles à combattre qu'une poignée d'écolos, si l'on veut faire du nucléaire l'énergie de demain : propre, sûre et abondante.
Le Monde - 18 juillet 2008
Une année de travail fichue !" Luc Eymard est découragé. Sur des dizaines de mètres, ses plants de basilic, alignés sur une terre sèche comme du cuir tanné, ont grillé sur pied. Brûlés par le soleil et la soif. Les jeunes pousses ont rôti avant d'arriver à maturité. Celles qui attendaient d'être cueillies se sont flétries prématurément. "Le basilic, on le pousse à la chaleur et à l'eau. Il faut l'arroser tous les jours, tous les deux jours au maximum. L'irrigation a été interdite et voilà le résultat!" se désole le maraîcher.
A 2 kilomètres à vol d'oiseau de son champ se découpent les tours évasées, coiffées d'un panache de vapeur d'eau, de la centrale nucléaire du Tricastin. Derrière un rideau de cyprès, on devine le parallélépipède gris de la Socatri, l'usine de traitement des effluents radioactifs par qui le mal est arrivé, dans la nuit du 7 au 8 juillet : le déversement accidentel, dans les eaux des rivières la Gaffière et le Lauzon, puis dans la nappe phréatique, de 74 kg d'uranium.
C'est dans cette nappe que Luc Eymard, comme les autres cultivateurs du quartier de la Plaine, à l'ouest de Bollène, puise l'eau nécessaire à son exploitation de plantes aromatiques (thym, aneth, coriandre) et de légumes. L'interdiction d'arrosage a été levée – à l'exception d'une bande de 100 mètres de part et d'autre des cours d'eau – mais il a perdu "entre 80 et 100 tonnes" de basilic et il ne pourra pas "sortir" les 120 tonnes qu'il doit livrer, par contrat, à une entreprise de conditionnement.
"Pour les pommes de terre, il a fallu commencer la récolte sans le dernier arrosage qui permet de gagner en calibre, dit-il. Pareil pour les oignons, qui ne répondront pas au cahier des charges." A un jet d'eau de la parcelle déshydratée, Sylvie Eymard, son épouse, vit au rythme des prélèvements quotidiens effectués par la Socatri dans le puits qui alimente leur maison. "Dans les jours qui ont suivi l'accident, on était à 15 microgrammes d'uranium par litre, relate-t-elle. Au début de cette semaine, on était descendu autour de 12. Je me suis dit que c'était bon, puisque la limite de potabilité est de 15. Mais mercredi, on est remonté à 16,5 !"
La municipalité de Bollène a mis à la disposition du foyer, comme à celle d'une dizaine d'autres familles, une citerne de 1 000 litres d'eau à usage domestique et, tous les deux jours, le ravitaille en bouteilles d'eau potable. Mais Sylvie Eymard n'est pas tranquille. "Voilà vingt ans que nous buvons l'eau de la nappe. Nous avons fait des analyses chimiques, mais jamais nous n'avons pensé à un risque radiologique, explique-t-elle. Ce qui me préoccupe, ce sont nos deux enfants en bas âge", ajoute-t-elle.
"LA POPULATION NE CROIT PLUS AUX CHIFFRES OFFICIELS"
La mairie de Bollène s'efforce de relativiser la crise. Seuls les quartiers situés à l'ouest du canal Donzère-Mondragon – soit 800 des 14 000 habitants de la commune – sont concernés par "l'incident de pollution", précise un avis affiché à l'hôtel de ville. André-Yves Becq, adjoint aux finances et à la communication, reconnaît pourtant ne pas savoir exactement combien de foyers utilisent des captages d'eau privés, certains n'étant pas déclarés. Surtout, il met en cause le déficit d'information des autorités.
La municipalité envisage d'engager des poursuites judiciaires pour obtenir "réparation de l'énorme préjudice subi", et de faire appel à un laboratoire d'analyses indépendant. "La population est inquiète et ne croit plus aux chiffres officiels", assure l'adjoint au maire. D'autant, rapporte un autre élu, que "l'attitude de la Socatri, qui a fait des prélèvements de nuit et a tenté d'expliquer une teneur en uranium de 64 microgrammes d'uranium par litre d'eau, chez un particulier, par une souillure des instruments de mesure, nous a paru suspecte".
A Bollène comme à Lapalud, Lamotte-du-Rhône et Mondragon – les quatre communes touchées par les restrictions d'usage de l'eau –, les ventes d'eau minérale ont grimpé en flèche. "Au lendemain de l'accident, c'était la ruée, raconte la gérante d'un supermarché. Nous avons écoulé en trois heures huit palettes de 500 bouteilles, alors qu'une palette nous fait habituellement deux jours. Nous continuons à en passer trois par jour." A la pharmacie, certains clients ont même réclamé des pastilles d'iode, prescrites en cas de pollution radioactive de l'air.
Aujourd'hui, la vie a repris son cours. Mais le soupçon persiste, alimenté par l'hypothèse d'une pollution ancienne de la nappe, due peut-être aux déchets d'une usine militaire d'enrichissement d'uranium. Vendredi 18 juillet se réunira, à Valence, la Commission d'information des grands équipements énergétiques du Tricastin (Cigeet). La séance s'annonce houleuse.
20 minutes.fr - 18 juillet 208 - Propos recueillis par Valérie Zoydo
Des rejets d'effluents radioactifs «sans impact sur l'environnement» ont été constatés ce vendredi dans une usine exploitée par une filiale d'Areva à Romans-sur-Isère (Drôme) à la suite d'une rupture de canalisation. Et ce, dix jours après l'incident de l'usine de Socatri à Tricastin.
Interview de Stéphane Lhomme, porte-parole parole du réseau «Sortir du nucléaire».
Après l’accident de Tricastin survenu il y a dix jours, c’est la loi des séries ? Les deux incidents sont-ils comparables?
Celui de Romans-sur-Isère semble pour l’instant moins grave. Nous ne sommes pas surpris de ce genre d’événements. Certes, les centrales nucléaires sont les plus dangereuses. Mais le reste du temps, ce sont ce genre d’usines de la filière nucléaire qui commettent le plus d’erreurs. Car elles manipulent sans arrêt des matières radioactives. Cela a été le cas pour l’usine de Malvesi près de Narbonne, qui dépend aussi d’Areva. A plusieurs reprises il y a eu des coulées de boues radioactives en dehors du site en très grandes quantités. Mais seule la presse quotidienne régionale en a parlé. L’événement de Socrati à Tricastin a contribué à réveiller l’opinion sur l’ensemble du problème.
Ces incidents sont-ils de plus en plus fréquents, ou en parle-t-on davantage?
Toutes ces usines sont très anciennes, parfois dépassées…Cela occasionne des incidents sans que les gens ne soient au courant. Mais sur l’usine Socrati (Tricastin), la gravité était telle que les responsables n’ont pas pu faire comme d’habitude en cachant l’affaire. Cela explique pourquoi l’information a mis autant de temps à être divulguée.
L’Etat doit-il redoubler de surveillance?Les centrales nucléaires ne sont que la partie immergée de l’iceberg. Leur fonctionnement exige une chaîne d’activités prises en charge par différentes usines sous-traitées. Toutes manipulent beaucoup de produits chimiques et radioactifs qui multiplient le risque d’incidents. Effectivement, il faut redoubler la surveillance, mais la seule façon de régler les problèmes seraient de fermer ces usines. Il y a par ailleurs une vraie hypocrisie de la part de l’Etat: il existe des autorisations officielles pour rejeter de la radioactivité sous forme gazeuse ou liquide. C’est pour cela que bon nombre d’usines se situent près des rivières.
Pourtant l’Etat a saisi le Haut-Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire (HCTISC), qu’en pensez-vous ?
Il dépend de l’Etat. Y résident des représentants d’Areva, d’EDF et des députés pro-nucléaires… Logiquement les organisation anti-nucléaires comme Greenpeace ou le réseau «sortir du nucléaire» ne veulent pas y siéger…Le Haut Comité est là en réalité pour favoriser l’opacité. Greenpeace estime que "derrière ces incidents à répétition se dessine la faillite de toute une filière dangeureuse,
coûteuse et inutile".
Reuters - 18.07.08 - Onze jours après un premier incident à Tricastin, une fuite d'uranium qui durait depuis plusieurs années a été signalée jeudi à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) par une usine du groupe Areva , à Romans-sur-Isère (Drôme). Ce nouvel incident a suscité de vives réactions des écologistes et conduit le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, à annoncer une "remise à plat" des dispositifs d'information et d'analyse. Pour Anne Souyris, porte-parole des Verts, la France est "la plus grande poubelle nucléaire mondiale" et ces deux incidents "le prouvent une fois de plus."
Areva et le ministre de l'Ecologie ont assuré que cette nouvelle fuite n'avait eu aucune conséquence sur l'environnement et la santé humaine. L'ASN a classé l'incident au niveau 1 de l'échelle internationale de gravité des événements nucléaires, qui en compte sept. "Ne surdimensionnons pas, il y a 115 petites anomalies par an. (..) On est sur des sujets sans effet sur l'environnement et sans effet sur la santé", a dit Jean-Louis Borloo à la presse. L'incident fait suite à la découverte le 7 juillet dernier d'une première fuite dans une autre filiale d'Areva près de la centrale nucléaire de Tricastin, entre Drôme et Vaucluse. Greenpeace estime que "derrière ces incidents à répétition se dessine la faillite de toute une filière dangeureuse, coûteuse et inutile".
L'organisation Sortir du nucléaire a réclamé la démission d'Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'Areva et des élus locaux ont dénoncé la lenteur de la réaction du groupe, le premier incident étant survenu le 7 juillet. "Je crois que nous avons sous-estimé l'émotion suscitée par cet événement autour du Tricastin", a reconnu la dirigeante d'Areva, qui s'est rendue vendredi sur le site et a promis des indemnisations aux agriculteurs autour du site. ETUDE SUR LES NAPPES PHREATIQUES ET
LES DECHETS Néanmoins, Anne Lauvergeon a insisté sur le fait qu'aucun des deux incidents survenus dans les installations de son groupe n'avait eu "d'impact sur la santé des personnels et des riverains." La "patronne" d'Areva a été accueillie au Tricastin par une dizaine de militants antinucléaires réclamant sa démission. La nouvelle fuite découverte lors d'une opération d'entretien durait depuis 2006, dit l'exploitant, la société franco-belge FBFC, qui fabrique du combustible nucléaire à partir d'uranium. La date n'est pas confirmée officiellement. La canalisation qui reliait un atelier de fabrication de combustible à une station de traitement n'était pas conforme à la réglementation, "qui demande une capacité de résistance aux chocs suffisante pour éviter toute rupture, a constaté l'ASN. L'ASN estime entre 700 et 800 grammes la quantité d'uranium enrichi qui aurait quitté la canalisation pour un caniveau en béton.
Areva assure que la fuite est circonscrite au site. "Le dispositif de surveillance montre que cet incident n'a eu aucun impact sur l'environnement. La tuyauterie défaillante a été fermée par les équipes", explique le groupe dans un communiqué. Le 7 juillet, une fuite était survenue à l'usine de retraitement Socatri, autre filiale d'Areva, sur le site de la centrale de Tricastin, après le débordement d'une cuve de rétention lors d'une opération de nettoyage. Après cet incident, des taux anormaux d'uranium ont été relevés dans l'environnement. Incidemment, les écologistes ont aussi attiré l'attention sur un site où sont stockés des déchets d'un ancien site militaire, apparemment sans précaution. Des mesures restrictives sur l'eau ont été prises à la suite de la fuite de Tricastin dans plusieurs communes.
La Socatri ayant mis plus de huit heures à signaler l'incident à l'ASN, qui à son tour n'a informé les autorités locales que six heures plus tard, l'affaire a suscité la polémique. L'ASN a saisi la justice sur ce point et Areva a annoncé jeudi le remplacement du directeur général de la Socatri. Mais pour certains écologistes, il s'agit d'un "fusible" et la responsabilité d'Anne Lauvergeon est engagée. Jean-Louis Borloo a demandé à l'IRSN d'effectuer une étude des nappes phréatiques à proximité de toutes les centrales nucléaires françaises, et y a ajouté le sujet des déchets.
A Bruxelles, Ferran Tarradellas, porte-parole du commissaire européen à l'Energie Andris Piebalgs, n'a pas exclu l'envoi d'inspecteurs sur les sites concernés. Les Etats de l'UE doivent en théorie alerter leurs partenaires en cas de fuite.
PARIS (AFP) 18/07/2008 — Des rejets d'effluents radioactifs "sans impact sur l'environnement" ont été constatés dans une usine exploitée par une filiale d'Areva à Romans-sur-Isère (Drôme) à la suite d'une rupture de canalisation, a annoncé vendredi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Pour une autre affaire de fuite, détectée il y a dix jours sur le site du Tricastin (Vaucluse), la PDG du groupe français de nucléaire, Anne Lauvergeon, était attendue dans la journée sur place.
Concernant Romans-sur-Isère, "les premières analyses montrent qu'il n'y a pas du tout d'impact sur l'environnement, car les quantités d'uranium sont très faibles, de l'ordre de quelques centaines de grammes", a déclaré Evangelia Petit, porte-parole de l'ASN.
L'incident s'est produit dans l'usine FBFC, qui fabrique du combustible nucléaire pour des centrales de production d'électricité et des réacteurs de recherche.
"Nous avons été avertis hier soir par Areva, exploitant de l'usine FBFC", a précisé Mme Petit.
"Trois inspecteurs de l'ASN se sont rendus sur place de 01H00 à 05H00 du matin pour examiner les circonstances de l'événement et les mesures prises par l'exploitant", a-t-elle ajouté.
Interrogée sur d'éventuelles similitudes avec l'incident qui a lieu sur l'usine Socatri du site de Tricastin (Vaucluse) dans la nuit du 7 au 8 juillet, l'ASN a souligné qu'il s'agissait d'un incident de nature très différente.
"De notre point de vue, il n'y a absolument pas de lien avec Socatri car il n'y a pas du tout d'impact sur l'environnement", a expliqué la porte-parole.
A propos de l'usine Socatri sur le site du Tricastin, Areva a reconnu jeudi que des erreurs et des dysfonctionnements internes avaient conduit à la fuite et a décidé de remplacer le directeur de l'usine.
L'enquête interne, lancée par Areva, fait apparaître "un manque de coordination évident entre les équipes en charge des travaux et celles responsables de l'exploitation". Ce dysfonctionnement est "à l'origine de cet incident", a reconnu le groupe nucléaire dans un communiqué.
"L'erreur de l'exploitant est aussi d'avoir attendu les résultats des mesures complémentaires pour prévenir les autorités, près de trois heures" plus tard, a encore admis Areva.
Le groupe avait annoncé jeudi qu'un "audit interne et une inspection générale (étaient) en cours", soulignant que "d'éventuels manquements" pourraient être "sanctionnés".
Dont acte, puisque le groupe a annoncé la nomination d'un nouveau directeur pour Socatri, sans en dévoiler l'indentité.
Il sera chargé de faire "une revue globale du fonctionnement de l'établissement et de sa sécurité" et de "conduire avec l'aide du groupe un retour d'expérience approfondie de l'événement et sera chargé de la mise en oeuvre des conclusions".
Le groupe a aussi détaillé les circonstances de l'incident: "Le rejet dans l'environnement résulte d'un défaut d'étanchéité d'une cuve de rétention".
Selon Areva, ce rejet "involontaire" n'a eu de conséquence "ni sur la santé des personnels et des riverains, ni sur leur environnement".
"Des mesures d'accompagnement vont être proposées aux Chambres d'agriculture du Vaucluse et de la Drôme à destination des agriculteurs touchés par l'interdiction temporaire d'arrosage", a également assuré le groupe.
De son côté, le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a annoncé jeudi qu'il allait faire vérifier toutes les nappes phréatiques près des centrales nucléaires.
La fuite, qui a eu lieu dans la nuit du 7 au 8 juillet, a conduit au rejet dans la nature de 74 kg d'uranium. Des mesures de précautions interdisent depuis aux habitants des abords du site de consommer l'eau, d'arroser, de pêcher ou de se baigner.
Sur place, les habitants et élus de la région estiment avoir été "traités en sous-citoyens" et affirment être déterminés à obtenir réparation, jugeant "inacceptable" la manière dont l'incident a été géré par les autorités et Areva.
A la suite de cet incident, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a imposé à la Socatri de suspendre l'activité d'une de ses deux stations de traitement du Tricastin (Vaucluse).
La Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) compte déposer plainte "contre deux exploitants de Tricastin, tous deux filiales du groupe Areva: Areva NC (Cogéma) pour l'enfouissement de plus de 700 tonnes de déchets et Socatri pour ses rejets radioactifs dans l'environnement".
Les Echos - 18/07/08
Les vignerons producteurs de cette AOC de la vallée du Rhône ne veulent plus que leur vin porte le même nom que la centrale nucléaire voisine. Pour eux, l'incident survenu il y a dix jours est « la goutte d'eau qui fait déborder le vase ».
« Cette fois il va falloir trancher. Ou le site nucléaire change de nom ou l'appellation Coteaux du Tricastin est rebaptisée ». Pour Brice Eymard, responsable du service économique de l'interprofession des vins du Rhône, plus question de temporiser. « Tant qu'il n'y avait pas d'accident à la centrale, il n'y avait pas de problème. Aujourd'hui, il est inutile qu'un producteur essaie de vendre une bouteille de Coteaux du Tricastin. On va lui rire au nez ». Qui aurait l'idée d'acheter un vin associé à un incident tel que celui qui est survenu le 8 juillet à l'usine Socatri, s'interrogent les producteurs ?
La filière locale est obsédée par l'impact sur l'image de leur vin des images retransmises par les journaux télévisés. Elle affirme en revanche ne pas craindre un empoisonnement des vignes ou du vin. A Grignan, la commune rendue célèbre par le Château de la Marquise de Sévigné, le coeur des plantations est située à 40 kilomètres des nappes phréatiques où l'on a décelé une teneur anormale en uranium. En outre, « elles sont trop profondes pour que les racines de la vigne y puisent de l'eau », expliquent les professionnels. Et l'irrigation est interdite.
Une période déjà critique
Les producteurs réclament une décision rapide de l'Inao, l'Institut national des appellations d'origine, sur un éventuel changement de nom des Coteaux de Tricastin. « Nous ne voulons plus de cette homonymie », explique Henri Bour, propriétaire du domaine de Grange Neuve. Même position du côté des élus. « Les événements récents ne peuvent que nuire aux vignerons de cette aire d'appellation », plaide Hervé Mariton, député UMP de la Drôme.
D'autant que les fuites d'uranium dans les nappes phréatiques interviennent à un moment très critique pour les Coteaux du Tricastin. Cette petite appellation des bords du Rhône, produite entre le Dauphiné et la Provence, a subi de plein fouet la crise qui a frappé l'ensemble des vins français ces dernières années. Vendue dans les grandes surfaces étrangères, comme entrée de gamme des vins de la vallée du Rhône, les Coteaux du Tricastin ont disparu des linéaires avec le resserrement de la gamme au profit des AOC les plus connues, explique Brice Eymard.
En France, où le consommateur trouvait des bordeaux au même prix que les Coteaux du Tricastin, les ventes se sont effondrées. La baisse de la fréquentation touristique de la région par les Belges et les Néerlandais, qui avaient l'habitude d'acheter à la propriété, a fait le reste. Résultat, les volumes commercialisés sont passés de 120.000 hectolitres en 2002 à 60.000 hectolitres en 2007, soit 2 % de l'ensemble de la production de la vallée du Rhône.
De l'uranium militaire incriminé au Tricastin
Le Monde - 17 juillet 2008 - Pierre Le Hir
Les taux de radioactivité anormaux mesurés dans des captages d'eau, près du site nucléaire, pourraient avoir pour origine l'entreposage de rebuts d'une ancienne usine militaire
Dix jours après l'accident survenu sur le site nucléaire du Tricastin (Drôme-Vaucluse) où, dans la nuit du 7 au 8 juillet, le débordement d'une cuve d'effluents radioactifs a entraîné la dispersion de 74 kg d'uranium dans les rivières et la nappe phréatique (chiffre annoncé par l'exploitant de l'installation, la société Socatri, filiale d'Areva), des interrogations subsistent. En particulier sur l'origine de la contamination de certains captages de la nappe.
Dans les eaux de surface et la nappe phréatique, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a certes fait état, vendredi 11 juillet, d'une " diminution régulière de la concentration en uranium ", revenue à " une valeur proche de la normale, de l'ordre de quelques microgrammes par litre ". Les résultats de nouvelles mesures, portant également sur des poissons, des légumes, des végétaux aquatiques et des sédiments, devaient être communiqués mercredi 16 juillet.
Pourtant, des taux anormaux d'uranium, dix fois supérieurs au " bruit de fond " enregistré habituellement, ont été relevés dans plusieurs captages utilisés par des particuliers. Ces " marquages " intriguent d'autant plus qu'ils fluctuent selon les jours. Au robinet relié à un puits situé à deux kilomètres au sud de la station de la Socatri, la concentration était de 64 microgrammes par litre (µg/l) le 8 juillet, de 22 µg/l le 10 juillet, de 36,6 µg/l le 14 juillet. Ce robinet a, depuis, été condamné. Dans une ferme voisine, la teneur était de 15,2 µg/l le 9 juillet, de 12,5 µg/l le 14 juillet.
L'accident de la Socatri ne semble pas pouvoir expliquer ces concentrations qui approchent ou dépassent la limite de 15 µg/l fixée par l'Organisation mondiale de la santé, pour les eaux destinées à la consommation. Jean-Christophe Gariel, directeur adjoint de l'environnement à l'IRSN, avance deux hypothèses : " Une présence d'uranium d'origine naturelle, ou un incident plus ancien ". L'hydrogéologie " très complexe " de la zone du Tricastin pouvant expliquer les disparités observées.
Corinne Castagnier, directrice de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), exclut l'origine naturelle. " Pour un autre radionucléide naturel, le polonium 210, issu de la chaîne de désintégration de l'uranium, on trouve des valeurs similaires en amont et en aval du site, alors que pour l'uranium, elles sont six à sept fois supérieures en aval. Il y a donc bien une pollution à l'uranium ", fait-elle valoir.
La Criirad suspecte un entreposage de déchets, issus d'une ancienne usine militaire d'enrichissement de l'uranium ayant fonctionné sur le site du Tricastin, de 1964 à 1996. Dans un tumulus de terre haut de 5 à 6 mètres ont notamment été accumulées 760 tonnes de " barrières de diffusion ", parois poreuses permettant de séparer l'uranium fissile, nécessaire aux armes nucléaires, de l'uranium naturel qui n'en contient que 0,7 %.
STOCKAGE À CIEL OUVERT
Une étude du Haut Commissariat à l'énergie atomique, réalisée en 1998, estimait entre 2,6 et 3,5 tonnes la quantité d'uranium contenue dans ces résidus, dont la teneur en U235 variait de 0,6 à 3,5 %. Les eaux de pluie, ruisselant sur ce stockage à ciel ouvert, auraient lessivé une partie de l'uranium vers la nappe.
Areva a la charge de ce dépôt. Des contrôles réguliers sont effectués par l'Autorité de sûreté nucléaire pour les installations relevant de la Défense, la DSND. Le rapport du Haut Commissariat notait que " la contamination de la nappe liée à cette butte de stockage a été mise en évidence dès 1977 " et estimait que " 900 kg environ d'uranium auraient quitté la butte via les eaux souterraines ".
Au point que l'exploitant a procédé, jusqu'en 1998, à un pompage dans cette nappe pour l'assainir, en rejetant les eaux aspirées dans le canal Donzère-Mondragon qui rejoint le Rhône. La Cogema (devenue Areva) avait envisagé une couverture de la butte de stockage, jamais réalisée.
" Une quarantaine de familles de la zone du Tricastin possède des puits. Certaines en boivent l'eau, souligne Corinne Castagnier. Les niveaux d'uranium ne sont certes pas très élevés. Mais ce qui est inadmissible, c'est le cynisme des responsables et la violation du b.a.-ba de la gestion des déchets nucléaires. "
« Ça fait peut-être vingt ans qu'on boit de l'eau contaminée »Le Parisien - 17 juillet 2008
SYLVIE EYMARD, mère de famille dont l'eau du puits est souillée par l'uranium
INSTALLEE depuis une dizaine d'années à Bollène (Vaucluse), Elisabeth Serinian possède actuellement le puits de forage le plus surveillé de l'Hexagone, puisque depuis une semaine, chaque jour, des employés de l'usine Socatri (groupe Areva) y effectuent des prélèvements. Baptisé AEP 4 (alimentation eau potable n° 4), ce puits qui plonge dans la nappe phréatique présente des taux de concentration en uranium anormalement élevés : jusqu'à 70 microgrammes par litre (70 µ/l) quand l'Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise une concentration maximale de 15 µ/l. « Le plus curieux, c'est que ces taux varient énormément.
Aujourd'hui (NDLR : hier) on est à 5 µ/l alors que la veille on était à 19 µ/l. Les chiffres les plus élevés ont été prélevés dans mon ballon d'eau qui, au fil du temps, semble avoir ramassé beaucoup d'uranium. Mais le problème c'est qu'on ne sait pas d'où ça vient, et surtout depuis quand », détaille cette mère de famille qui ne cache pas son « inquiétude ».
« Je ne peux m'empêcher de réfléchir aux conséquences éventuelles de cette pollution sur mes enfants »
Mère de deux enfants de 13 et 7 ans, sa voisine Sylvie Eymard est bien obligée de se poser les mêmes questions. Les prélèvements effectués dans le puits qui alimente sa villa dépassent également 15 µ/l (16,5 µ/l mardi par exemple). « Personne ne sait d'où vient cette pollution, déplore-t-elle. Ça fait peut-être vingt ans qu'on boit de l'eau contaminée, mais je préfère ne pas y croire pour l'instant. Je ne peux non plus m'empêcher de réfléchir aux conséquences éventuelles de cette pollution sur mes enfants. » Pour l'heure, personne ne peut faire le lien entre cette pollution et la fuite d'uranium de la semaine dernière à la Socatri.
Les spécialistes imaginent plutôt l'existence d'une pollution à l'uranium plus ancienne de la nappe phréatique. « Sans cette fuite, on n'aurait jamais contrôlé mon puits et je continuerais peut-être à m'empoisonner en buvant cette eau », insiste Sylvie Eymard. Depuis l'incident, chez les Eymard comme chez les Serinian, l'utilisation des puits est interdite. « On n'a même plus le droit de se laver avec notre eau, ça fait bizarre », souffle Elisabeth Serinian. La mairie de Bollène a mis à disposition des deux foyers des bouteilles d'eau minérale. Les analyses d'urine pratiquées dans les deux familles n'ont révélé aucune trace suspecte.
Borloo veut vérifier les nappes phréatiques près des centralesEurope1 - 17/07/08
Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo veut faire vérifier toutes les nappes phréatiques près de l'ensemble des centrales nucléaires après l'incident qui s'est produit la semaine dernière sur le site du Tricastin. C'est ce qu'il déclare dans un entretien publié jeudi par Le Parisien.
Après l'incident qui s'est produit sur le site du Tricastin la semaine dernière, le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, veut faire vérifier toutes les nappes phréatiques près de l'ensemble des centrales nucléaires. Une concentration d'uranium anormalement élevée a été détectée dans la nappe phréatique de ce site. Mais qui ne serait pas liée à l'incident. La pollution aurait pour origine des déchets radioactifs d'origine militaire, enfouis sous une butte de terre dans les années 60.
Une "totale transparence" sur l'incident sur le site du Tricastin : c'est le souhait du ministre. Jean-Louis Borloo a demandé à la PDG d'Areva, Anne Lauvergeon, "de faire un audit interne et de tirer toutes les conséquences qui s'imposent s'il s'avère que des fautes professionnelles sont à l'origine de cet incident". "Même s'il ne s'agit pas ici d'un incident nucléaire, mais d'un dysfonctionnement au niveau de l'entretien de la centrale, lorsqu'on travaille dans le domaine du nucléaire, aucune négligence ne peut exister. Et la transparence doit être exemplaire (…) Je ne veux pas que les gens aient le sentiment que l'on cache la moindre chose", insiste le ministre.
Cette vérification sur tous les sites nucléaires était une des revendications de "Sortir du nucléaire" qui avait demandé mardi, dans une lettre à Jean-Louis Borloo, "des prélèvements indépendants" près de tous les sites nucléaires. "Pour que les résultats ne puissent souffrir d'aucun soupçon, ces prélèvements doivent être faits par des organismes indépendants comme la Criirad ou des organismes étrangers n'ayant aucun lien avec les industriels du nucléaire ni avec l'Etat français", avait précisé ce réseau d’associations.
De son côté, le PS a réclamé la tenue d'un débat public sur le nucléaire en France. "A l'heure où Nicolas Sarkozy proclame la France 'leader' de l'industrie nucléaire dans le monde, il est inconcevable que la sécurité de nos concitoyens ne soit pas assurée à l'intérieur ou à proximité de nos propres centrales", avait indiqué Béatrice Marre, secrétaire nationale du PS chargée de l'Environnement.
Associated press - 17.07.2008
L'incident nucléaire sur le site du Tricastin (Vaucluse) est dû à "un défaut d'étanchéité d'une cuve de rétention", selon les premières conclusions de l'audit interne conduit par Areva, maison-mère de la Socatri, qui annonce jeudi avoir décidé de limoger le directeur général de l'usine.
"Areva décide de nommer un nouveau directeur général de Socatri avec pour mission de faire un revue globale du fonctionnement de l'établissement et de sa sécurité", a fait savoir le groupe dans un communiqué, sans donner de nom. "Il conduira avec l'aide du groupe un retour d'expérience approfondie de l'événement et sera chargé de la mise en oeuvre des conclusions".
L'incident du 7 juillet, lors duquel 74 kilos d'uranium se sont déversés dans les cours d'eau voisins de l'usine, "est intervenu à l'occasion d'une vidange sur une installation de traitement des eaux, en aval de l'usine d'enrichissement et sans rapport avec les centrales nucléaires du site", indique Areva. "Le rejet dans l'environnement résulte d'un défaut d'étanchéité d'une cuve de rétention".
Le débordement est intervenu à 22h le 7 juillet, ajoute Areva, qui souligne qu'"il n'aurait pas eu de conséquence si l'étanchéité du bac de rétention n'avait pas été défaillante, ce qui a été constaté à 4h45 le 8 juillet".
La Socatri a prévenu les autorités à 7h30, et "un manque de coordination évident entre les équipes en charge des travaux et celles responsables de l'exploitation est à l'origine de cet incident", selon Areva.
Le groupe nucléaire français a décidé de nommer un nouveau directeur général de Socatri qui aura "pour mission de faire une revue globale du fonctionnement de l'établissement et de sa sécurité".
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé mercredi avoir transmis un procès-verbal d'infraction au procureur de la République de Carpentras après ses constatations à l'usine de la Socatri. Le 11 juillet, l'ASN avait annoncé avoir relevé plusieurs irrégularités lors de son inspection du site la veille.
Selon l'ASN, les dernières mesures réalisées dans l'environnement "semblent indiquer un retour à la normale pour la quasi-totalité des points surveillés dans les eaux superficielles et les eaux de nappe".
Dans un entretien au "Parisien/Aujourd'hui en France", le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a demandé une inspection immédiate de "l'état des nappes phréatiques situées près de toutes les centrales nucléaires", après la fuite au Tricastin.
Alors que la préfecture du Vaucluse a maintenu les mesures de restriction d'utilisation et de consommation d'eau prises après la fuite, M. Borloo a indiqué que l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), l'ASN et le ministère de la Santé étudiaient actuellement une levée partielle des restrictions.
Anne Lauvergeon, la présidente du directoire d'Areva, dont la Socatri est une filiale, se rendra vendredi après-midi à l'usine.
Nouvelobs - jeudi 17 juillet 2008 - Interview de Stéphane Lhomme par Anne-Sophie Hojlo
Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau Sortir du nucléaire, auteur de "L'insécurité nucléaire" (Yves Michel)
Après la découverte d'uranium dans les nappes phréatiques situées près du Tricastin, Jean-Louis Borloo réclame une inspection immédiate de toutes nappes à proximité de centrales nucléaires. Êtes-vous satisfaits de cette annonce ?
- Oui et non. C'est nous-mêmes qui lui avons fait cette demande il y a deux jours. Mais un contrôle autour des seules centrales n'est pas suffisant : il faut l'étendre à toutes les installations et les usines nucléaires. Evidemment, les centrales sont potentiellement extrêmement dangereuses, mais les accidents sont rarissimes. En revanche, les usines sont davantage susceptibles de produire des contaminations. D'ailleurs, au Tricastin, l'incident s'est déroulé dans l'usine Socatri. Ensuite, il ne faut pas se contenter de contrôler les nappes phréatiques. Il y a également des rejets gazeux autour des centrales, qui se retrouvent dans les végétaux. Enfin, nous demandons que ces contrôles soient effectués par un organisme indépendant, la Commission de Recherche et d'Information Indépendante sur la Radioactivité (CRIIRAD), ou une entité étrangère, et non par un organisme émanant de l'Etat. Pour l'instant, ce n'est qu'une annonce verbale du ministre, et on peut même se demander si ce n'est pas un contre-feu pour calmer les esprits.
La CRIIRAD suspecte des déchets issus d'une ancienne usine militaire d'enrichissement d'uranium, fonctionnant au Tricastin de 1964 à 1996. Qu'en pensez-vous ? Que risquent les riverains ?
- Ils ont raison de pointer ce stockage anormal : c'est une source possible de contamination. Mais pour autant, il ne faut pas disculper l'industrie nucléaire elle-même. Il y a effectivement à la fois le problème des fuites et celui des déchets. On voit des choses incroyables : à Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône, on stocke du plutonium en pleine terre.
La population près du Tricastin court un risque en buvant de l'eau contenant de l'uranium, ou en se baignant dedans. Dans ces deux cas, les particules se fixent dans l'organisme. Cette contamination est finalement plus dangereuse qu'une irradiation, car les particules atteignent directement les cellules, même si elles sont peu radioactives. On déclare un cancer quasiment à coup sûr, même si c'est 10, 15 ou 20 ans plus tard.
Le Tricastin est le deuxième site industriel nucléaire français le plus important. Comment expliquer que le rapport de l'Autorité de Sûreté Nucléaire après son inspection du 12 juillet demande à la Socatri "d'achever le confinement complet du local" et de "combler sans délai tout orifice" de la paroi de la zone de stockage ?
- Il y a des choses anormales comme ça partout en France. La sûreté nucléaire irréprochable est un mythe. L'ASN dénonce des dysfonctionnements inacceptables très souvent. Mais elle laisse une latitude très grande dans le temps pour les réparer, et il n'y a donc jamais de suite ni de sanction d'ailleurs. Le rôle de l'ASN est surtout de rassurer, de montrer qu'il y a des contrôles, mais ils restent sans effets. Elle n'est pas là pour mettre des bâtons dans les roues à l'industrie nucléaire, mais au contraire pour la faire perdurer.
Déchets atomiques enfouis à Tricastin !
L'Est Républicain - 16 juillet 2008
Pour la Criirad, la fuite radioactive sur le site de la centrale nucléaire à Tricastin n'a fait que mettre en lumière une contamination historique de la nappe phréatique.
« La situation est maintenant stabilisée sur le site et les mesures de précautions seront levées dès que les analyses confirmeront que cela est possible... ». Après « l'anomalie », ce débordement d'une cuve d'effluents uranifères à l'usine de maintenance Socatri survenue la semaine dernière à Tricastin, Jean-Louis Borloo, le patron du ministère de l'Ecologie est « préoccupé », mais se veut rassurant. Sa position s'explique par le bilan journalier de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui précisait « une diminution régulière de la concentration en uranium des eaux en aval de l'entreprise de sous-traitance de la centrale nucléaire dont le niveau atteint depuis jeudi une valeur proche de la normale ».
Bombes atomiques
Hier toutefois, les résultats pourtant très attendus de ces analyses n'étaient toujours pas tombés, renforçant les déclarations d'omerta de tout le ban et l'arrière-ban des ONG antinucléaire sur le manque de transparence de l'atome civil en France. Parmi elles, la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), dont les limiers viennent de soulever un lièvre qui pourrait faire un -gros - désordre. « A travers nos mesures d'uranium dans la nappe phréatique, on a la preuve qu'un lourd passé historique est là et il nous revient dans la figure comme un boomerang ». Président de la Criirad, Roland Desbordes n'a rien d'un catastrophiste. C'est un chercheur, un physicien, un homme qui pèse ses mots.
Il précise : « quelques mois avant l'incident, des travailleurs de la centrale nous avaient alertés sur la présence d'une butte de stockage de déchets radioactifs. Celle-ci provient du temps où la Cogema militaire fabriquait des bombes atomiques sur le site en utilisant une chaîne spéciale pour enrichir l'uranium à 90%. Cette Installation nucléaire de base secrète (INBS) a été démantelée dans les années 1980 après l'arrêt de l'activité militaire au milieu des années 1975 et c'est Areva qui a récupéré ce passif. On est allé voir, on a mesuré depuis la clôture un peu d'irradiations provenant de la butte. Des déchets nucléaires ont bien été enterrés là et ils y sont toujours ».
Le vendredi 4 juillet dernier, Roland Desbordes saisit l'occasion d'une réunion de la Commission locale d'information (CLI) pour demander si ce stockage enfoui « obéi à la réglementation sur les déchets radioactifs. On m'a répondu qu'il n'y avait aucune raison d'aller excaver ces déchets, qu'il n'y avait aucun problème du point de vue environnemental ». Le lundi suivant à 23h, la fuite accidentelle de 74 kg d'uranium naturel se produit. Fâcheux concours de circonstances... Si la Criirad marque la centrale de Tricastin à la culotte, c'est parce que le site est pressenti pour accueillir l'EPR 2, annoncé par Nicolas Sarkozy.
La nappe polluée
Autant donc qu'il soit exempt de reproches... « Nous nous intéressons surtout à l'état des eaux souterraines, car si un retour à la normale est en cours pour les eaux de surface, notamment grâce au gros orage de samedi dernier qui a tout lessivé, la nappe est contaminée et pas depuis hier ! ». L'affirmation n'est ni militante, ni gratuite : elle est corroborée par l'IRSN dans son bilan de vendredi dernier : « des variations de concentration en uranium supérieures au bruit de fond habituel ont été relevées sur trois points de la nappe. Elles ne peuvent pas être expliquées par le rejet accidentel », observe le gendarme du nucléaire.
En juin pourtant, ce même organisme avait indiqué dans un autre rapport que cette concentration plus élevée était d'origine naturelle. La démonstration pour Roland Desbordes qu'il y avait déjà anguille sous roche « la fuite a permis de déterrer un cadavre du placard ! les nappes phréatiques du secteur sont polluées, car on a laissé la situation perdurer. On nous a donc menti à la CLI », dit-il, « les mesures présentées dans ce rapport montrent que les niveaux d'uranium augmentent de manière significative au sud de la nappe, dans l'axe des installations de la centrale. Et quand on m'affirme que l'exploitant ne peut pas être incriminé, permettez-moi de douter... ».
Nucléaire / EPR : le Tricastin a-t-il perdu des points ?Le Dauphiné Libéré - 16/07/08
C'est l'histoire d'une fuite d'uranium qui fait l'effet d'une bombe... L'accident, survenu la semaine dernière à l'intérieur de la société Socatri, au sud du site nucléaire du Tricastin, a réveillé l'actualité, dans un été en pente douce.
Noté risque "faible pour les populations", par l'Autorité de sûreté nucléaire, le "problème" a provoqué l'intérêt des médias, mis en colère riverains et élus, et renforcé les attaques de la Criirad qui, depuis quelques jours déjà, témoignait à charge contre le site du Tricastin, à propos d'un tumulus de 770 tonnes de déchets enfouis sur place.
Quatre sites envisagés. Hasard du calendrier, une semaine auparavant, devant la flambée du baril de pétrole et au nom de l'indépendance énergétique, Nicolas Sarkozy avait annoncé la réalisation d'un second EPR en France, à savoir un réacteur nouvelle génération (voir ci-contre). Appuyé par des élus, conscients du poids économique d'une telle installation (on parle de milliers d'emplois), le Tricastin est candidat. Mais trois autres sites sont susceptibles d'accueillir le nouveau réacteur : Flamanville (Manche), qui abrite déjà le premier EPR, la centrale de Penly (Seine-Maritime) et Marcoule dans le Gard.
Optimistes à gauche et à droite. On disait le Tricastin bien placé, mais l'est-il encore aujourd'hui, après l'accident de la Socatri ? Oui, à en croire les maires du secteur, Pierrelatte et Saint-Paul-Trois-Châteaux, rassemblés au lendemain de l'affaire. « Nos chances sont fortes » avait-on entendu ce jour-là. Oui encore, à gauche comme à droite, de Didier Guillaume, président du conseil général de la Drôme à Hervé Mariton, député-maire de Crest. "Ne mélangeons pas tout". Mais réclamons de la sécurité et de la tranparence.
Ne pas croiser les événements. Sur place, Aréva, qui n'est pas donneur d'ordre sur l'EPR, rappelle que « l'usine dans laquelle a eu lieu l'incident n'a rien à voir avec un réacteur. Socatri étant une station de traitement des effluents. Cela ne remet absolument pas en cause la technologie EPR. On ne peut croiser les événements ». D'autant que la décision semble loin d'être prise selon Gilles Salgas, directeur de la communication d'Aréva : « Nous n'en sommes pas encore là. Il y a juste eu le discours du Président mais rien n'est choisi ». Nicolas Sarkozy a en effet annoncé que le choix de l'implantation se déciderait "d'ici à 2009". Avec pose de la première pierre "en 2011". À suivre donc...
REPÈRES : QU'EST-CE QU'UN EPR ? Projet lancé en 1992, l'EPR est conçu pour une durée de vie de 60 ans. Il utilise la technique des réacteurs à eau légère.SUEZ FAVORABLE AU TRICASTIN : Le groupe Suez, candidat à la construction, aurait une préférence pour le site du Tricastin. Selon une information parue récemment dans le journal Les Échos, Suez aurait approché les autorités françaises afin d'obtenir leur feu vert. Le choix de l'emplacement du site n'est pas neutre, car le groupe Suez dispose déjà de capacités dans la centrale du Tricastin.
DES TESTS SUR PLACE : Pendant cinq semaines, des tests sur les sols de sept communes autour de la centrale nucléaire ont été réalisés. "Il s'agit d'une étude de faisabilité qui doit permettre d'évaluer la stabilité du sol dans le temps et son degré de sismicité ", avait indiqué la porte-parole d'Electrabel, société appartenant au groupe Suez.
ET EDF ? Le groupe indique dans un communiqué "qu'EDF est prêt à s'engager dans ce projet, dans un contexte d'augmentation de la demande d'électricité et des contraintes liées au réchauffement climatique".
À FLAMANVILLE, La construction du 1er EPR, qui devrait prendre le relais d'une partie des 58 réacteurs du pays, a démarré en décembre pour une entrée en service en 2012.
ARÉVA LEADER MONDIAL Avec un réacteur à Flamanville, un en Finlande et deux en Chine, Aréva deviendrait le leader mondial de ce marché avec cinq réacteurs.
Tricastin : 4 points de concentration en uranium inexpliquée
AFP - 16 juillet 2008 - Quatre points de concentration en uranium ne pouvant pas être expliquée par le rejet accidentel de l'usine Socatri du Tricastin ont été décelés dans la nappe phréatique, a-t-on appris mercredi auprès de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
"A l'heure actuelle il y a quatre points qui présentent des fluctuations, des valeurs au-dessus du +bruit de fond+ (la radioactivité normale, ndlr), c'est-à-dire au-dessus de quelques microgrammes par litre", a déclaré à l'AFP l'adjoint au directeur de l'environnement de l'IRSN, Jean-Christophe Gariel.
Un certain nombre de points anormaux avaient été mis en évidence lors de mesures réalisées à l'automne 2007, qui ont fait l'objet d'un rapport présenté aux autorités le 4 juillet 2008. Un nouveau, dénommé ET243, a été découvert il y a 2 jours, a-t-il précisé.
Ces points, affichés sur le site internet de l'IRSN, n'ont aucun lien avec la fuite d'effluents contenant 74 kg d'uranium naturel à la Socatri dans la nuit du 7 au 8 juillet, a réaffirmé M. Gariel.
Dans la zone incriminée, explorée à l'automne 2007, "on a des teneurs en uranium supérieures à celles qu'on observe" à l'ouest ou au sud du site du Tricastin, a-t-il fait remarquer.
"Une hypothèse est qu'il aurait pu y avoir dans le passé, des marquages antérieurs", des sources radioactives, a-t-il poursuivi en soulignant qu'il "n'avait pas l'origine de ces marquages".
Il a rappelé la présence à cet endroit d'un site nucléaire civil "ancien", et d'"une activité militaire récurrente durant ces 30 à 40 dernières années". "Mais établir des relations de cause à effet entre telle ou telle installation et le marquage n'est pas immédiat, cela va demander des investigations relativement poussées dans le futur", a ajouté le responsable de l'IRSN.
Un autre élément étonne les spécialistes de l'IRSN: les fluctuations de valeur en uranium des points. Ainsi, l'un d'eux était le 11 juillet à 30 microgrammes par litre, avant de descendre les jours suivants à 13,3, 3, 3,25, puis de remonter à 19,3 mardi et de redescendre aujourd'hui à 5.
"On s'attend en principe à une valeur relativement constante", a noté M. Gariel, et cela prouve qu'il y a "des choses que l'on ne comprend pas en matière d'hydrogéologie dans ces secteurs-là", d'où les investigations et la surveillance actuelles.
Nucléaire - Le dossier de Tricastin transmis au parquet
Reuters - 16.07.08 - L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé mercredi avoir transmis au parquet de Carpentras (Vaucluse) le procès-verbal d'infraction établi après l'inspection du site de nucléaire de Tricastin, dans la Drôme. Dix jours après une fuite accidentelle d'uranium sur le site, des poursuites vont pouvoir être engagées le cas échéant contre la société mise en cause, la Socatri, filiale de retraitement de déchets du groupe Areva . Les mesures de précaution prises après la fuite accidentelle de 74 à 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches de la centrale ont été maintenues mardi soir par les préfectures du Vaucluse et de la Drôme.
L'utilisation d'eau issue de captages privés reste donc interdite en particulier sur une bande de 100 mètres de part et d'autre des rivières La Gaffière et Le Lauzon (Vaucluse), desservant les communes de Bollène, Lapalud, Lamotte-du-Rhône et Mondragon. L'interdiction vaut aussi pour le prélèvement et la distribution d'eau destinée à l'irrigation ou à la consommation animale. Dans un communiqué, les préfets indiquent toutefois que la possibilité de lever partiellement ces mesures, au-delà de la bande de 100 mètres, est à l'étude.
L'ASN constate pour sa part que la Socatri s'est conformée à l'injonction qui lui avait été faite le 12 juillet de fermer une partie de la station de traitement à l'origine de la fuite accidentelle. Elle précise dans un communiqué que les dernières mesures réalisées dans l'environnement "semblent indiquer un retour à la normale" pour la quasi-totalité des points surveillés dans les eaux superficielles et les eaux de nappe.
L'ASN reconnaît cependant que deux points de mesure des eaux de nappe qui ont montré ou qui montrent des valeurs plus élevées que la valeur guide préconisée par l'Organisation mondiale de la santé pour les eaux destinées à la consommation humaine "retiennent l'attention des experts." Des taux anormaux d'uranium ont été en effet relevés dans plusieurs captages utilisés par des particuliers. Ces "marquages" intriguent d'autant plus qu'ils fluctuent selon les jours. Selon le Monde, daté du 17 juillet, il pourrait s'agir d'uranium de type militaire provenant des déchets d'une ancienne usine et "stockés, sans précaution, sous une butte de terre." "
Des singularités de ce type, déjà mises en évidence autour du site du Tricastin, ont donné lieu à une étude réalisée par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)", précise l'ASN. Cette étude a été présentée le 4 juillet dernier à la commission locale d'information du Tricastin, la CIGEET, qui a programmé une réunion publique en septembre sur ce sujet. Depuis la fuite, les responsables de la sûreté nucléaire se sont voulus rassurants pour la population des communes concernées.
Le Réseau Sortir du nucléaire a annoncé cependant qu'il comptait porter plainte contre l'ASN pour "rétention d'informations", estimant que l'organisme avait perdu de longues heures avant d'alerter la population.
De l'uranium suspect décelé dans la nappe phréatique au TricastinLe Monde - 15.07.08 - Hervé Morin
La crise engendrée par la fuite d'uranium survenue le 7 juillet dans une unité de traitement de la société Socatri, au Tricastin (Vaucluse), pourrait rebondir. Certes, la préfecture du Vaucluse a levé en partie les interdictions d'usage de l'eau, le long des cours d'eau où une partie des effluents radioactifs s'étaient déversés : les mesures faites par la filiale d'Areva ne relèvent plus, dans les eaux de surface, de dépassements de la norme de potabilité fixée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à 15 microgrammes d'uranium par litre (µg/l).
Certes, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui avait ordonné la fermeture de l'unité de traitement défaillante après une première inspection, jeudi 10 juillet, a constaté lors d'une deuxième visite, samedi, que ses prescriptions avaient été respectées : la Socatri a achevé la vidange du bac de rétention "fuyard" ; elle a mis la terre contaminée en lieu sûr et a nettoyé le réseau d'eaux pluviales souillé, avant qu'un orage ne vienne s'en charger. Elle estime que la teneur d'uranium dans l'effluent était de 8 g/l et non de 12 g/l.
POLLUTION ANTÉRIEURE ? Mais il reste plusieurs zones d'ombre. La plus préoccupante concerne la présence, encore inexpliquée, de teneurs en uranium plus élevées que la normale dans divers points de la nappe phréatique. Compte tenu de la vitesse de diffusion de l'uranium, ces concentrations n'auraient pas dû être relevées. Sur un point de prélèvement, nommé AEP4, situé à deux kilomètres au sud de la Socatri, la teneur est montée jusqu'à 64 µg/l le 8 juillet, et restait à 36,6 µg/l le 13 juillet.
Dans une ferme avoisinante, elle se situait autour de la limite fixée par l'OMS - soit presque dix fois au-dessus du "bruit de fond" enregistré habituellement dans la nappe. "Ces valeurs ne peuvent être expliquées par le rejet accidentel", estime l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Le point AEP4, situé chez un particulier, déconcerte les autorités : la teneur en uranium fluctue, l'eau prélevée au puits présentant des concentrations moins élevées que celles mesurées au robinet qu'il alimente.
Cette découverte renvoie à une étude récemment conduite par l'IRSN, la Direction départementale de l'action sanitaire et sociale et Areva sur la nappe phréatique du Tricastin. "Elle avait mis en évidence des marquages à l'uranium en certains points, entre 10 et 15 µg/l, sans que l'on puisse préciser leur source, indique Didier Champion, directeur de l'environnement à l'IRSN. On ne peut exclure qu'il y ait eu des rejets antérieurs, à l'origine d'une pollution à l'uranium." Soucieuse d'éclaircir ce point, la préfecture du Vaucluse ne prévoit pas de modifier ses prescriptions sur l'usage de l'eau avant plusieurs jours. Le temps aussi de collecter les résultats des analyses de sédiment, de plantes et de poisson issus des cours et plans d'eau souillés.
Reste également aux autorités à analyser le respect ou non des procédures l'alerte des différents services de l'Etat, des élus et des populations. La défaillance de la Socatri semble patente : une alarme signalant un niveau élevé d'effluent dans la cuve s'est déclenchée à 19 heures lundi 7 juillet. Le débordement a été constaté à 23 heures, mais ce n'est qu'à 4 heures le lendemain que la fuite en dehors de la cuve de rétention, accidentellement fendue lors de travaux récents, a été détectée.
Le plan d'urgence interne a été déclenché à 6 h 15, l'ASN et la préfecture de la Drôme étant prévenues une heure plus tard. Que s'est-il passé pour que certains maires ne soient pas avertis avant 13 h 30 ? Et pour que l'IRSN ne soit alerté qu'à 11 h 30 ? "Pourquoi l'exploitant n'a-t-il pas déclenché l'alerte nationale ?, s'interroge Didier Champion. Nous avons perdu une demi-journée pour conduire nos analyses sur place." Diverses enquêtes, administratives et judiciaires, devront le déterminer.
Un taux d'uranium suspect découvert à TricastinLefigaro.fr - 15/07/2008 - Ophélie Wallaert
Des teneurs en uranium anormalement élevées ont été relevées dans la nappe phréatique au Tricastin. L'hypothèse d'une fuite antérieure à l'incident du 7 juillet est évoquée.
La fuite radioactive de Tricastin en aurait-elle caché d'autres ? Une semaine après l'incident, un taux d'uranium suspect, et encore inexpliqué, a été relevé à proximité de l'usine de traitement de la Socatri, dans le Vaucluse, a dévoilé lundi le journal Le Monde. Alors que tout semblait rentré dans l'ordre à Tricastin, des zones d'ombre subsistent. Des teneurs en uranium anormalement élevées ont été ainsi découvertes à divers endroits de la nappe phréatique.
Sur un point de prélèvement, nommé APE4 et situé à deux kilomètres de la Socatri, la teneur en uranium a grimpé à 64 µg/l après la fuite du 7 juillet. Mais, étrangement, le 13 juillet, elle était encore de 36,6 µg/l. Même étonnement dans une ferme non loin de là, où on enregistre une concentration d'uranium dix fois supérieure à la normale. C'est à dire autour de 15 microgrammes d'uranium par litre (µg/l), la limite fixée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Or, compte tenu de la vitesse de diffusion de l'uranium, la fuite du 7 juillet ne peut être à l'origine de ces valeurs.
Une fuite antérieure ? L'hypothèse avancée par la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) est inquiétante. «Ça veut dire qu'il y a des événements antérieurs (des pollutions) qui n'ont pas été rendus publics, qui n'ont pas fait l'objet de contre-mesures, de prévention, d'information de la population, a estimé Roland Desbordes, son président, sur France Info. Si c'était le cas, ce serait «grave (…) car ça voudrait dire qu'on nous cache des choses». De son côté, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) mène en ce moment «des investigations» pour vérifier la présence d'une pollution antérieure. Mais «il n'y a pas lieu de s'alarmer, on cherche l'explication», a expliqué Jean-Christophe Gariel, directeur adjoint de l'environnement sur France Info.
Cette découverte intervient après une étude conduite récemment par l'IRSN, la DDASS et Areva sur la nappe phréatique du Tricastin. «Elle avait mis en évidence des marquages à l'uranium en certains points, entre 10 et 15 µg/l, sans que l'on puisse préciser leur source», précise l'IRSN au Monde. Une commission locale d'information doit se réunir vendredi prochain à Valence pour tenter de tirer au clair l'origine de ces taux d'uranium suspects. En attendant le résultat des vérifications, la préfecture du Vaucluse maintient ses prescriptions sur l'usage de l'eau pendant encore plusieurs jours. Un laps de temps qui permettra aussi de collecter les résultats des analyses de sédiment, de plantes et de poisson issus des cours et plans d'eau souillés.
Fuite d'uranium au Tricastin - Le nucléaire discrédité
Dauphiné libéré - Vaucluse - 15/07/08Les organisations syndicales dénoncent "une logique des profits suicidaire"
Les enquêtes sur l'incident qui s'est produit la semaine dernière à l'usine Socatri de Bollène, se poursuivent. Au plan technique, on attend toujours de connaître avec précision les détails de l'incroyable concours de circonstances qui a abouti au débordement d'une cuve d'une station de traitement des effluents industriels, de 30 m³ d'une solution chargée d'uranium : pourquoi, par exemple, la vanne est-elle restée ouverte ? Comment est-il possible qu'une simple étourderie ou avarie, puisse avoir de telles conséquences dans un contexte aussi délicat d'une unité où sont manipulées chaque jour des tonnes d'effluents liquides nucléaires et chimiques ?
Vieux réflexe pavlovien ? Au plan de l'alerte des collectivités locales et des populations, là aussi des éclaircissements s'imposent. Est-il normal que l'Autorité de sûreté nucléaire ait été avertie huit heures après l'incident ? Que les mairies n'aient appris la nouvelle qu'après 13 heures ? Les leçons du passé ont-elles été réellement tirées ou le syndrome Tchernobyl et les mensonges d'État "pour ne pas affoler les gens" ont-ils refait surface tel un vieux réflexe pavlovien ? De quoi alimenter les soupçons et nourrir bien des doutes. « Cette nouvelle dérive n'est que le résultat de la politique du groupe Areva », a réagi le syndicat CGT du personnel des mines et de l'énergie. Il ne s'agit pas, pour lui, d'un événement isolé « mais bien la continuité de multiples dysfonctionnements maintes fois dénoncés » en particulier en CHSCT.
La CGT très inquiète pour GB2. Cet incident, « qui jette le discrédit sur toute l'industrie nucléaire » serait donc la conséquence « de la politique suicidaire du groupe Areva et de sa présidente Anne Lauvergeon qui clame que le nucléaire est une industrie comme les autres. » Pour le Parti communiste, « la sous-traitance, l'externalisation et la privatisation de plus en plus de services et d'activités ne sont pas acceptables car elles répondent à des logiques de profits » au détriment des conditions de travail et de sécurité. Et Areva « se comporte comme une entreprise de grande distribution en maltraitant ses salariés et ses sous-traitants. » La CGT s'avoue également « très inquiète sur les conditions d'exploitation de la future usine GB2 » en cours de construction à... Bollène.
Tricastin : maintien des mesures de précaution une semaine après l'accident
AFP - MARSEILLE - 15 juillet 2008 - Les mesures de précaution prises par les préfectures de la Drôme et du Vaucluse après une fuite accidentelle d'uranium sur le site nucléaire du Tricastin restaient en vigueur mardi après avoir été allégées vendredi, a-t-on appris auprès de la préfecture du Vaucluse.
Huit jours après l'incident, survenu dans la nuit du 7 au 8 juillet, les autorités restent en contact avec l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ainsi que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), a-t-on ajouté.
L'ASN a imposé vendredi à la Socatri, filiale d'Areva, responsable de la fuite de 74 kg d'uranium naturel, de suspendre l'activité d'une de ses deux stations de traitement du Tricastin (Vaucluse). L'incident a été classé au niveau 1 ("anomalie") sur l'échelle Ines qui évalue la gravité des événements touchant les installations nucléaires et compte sept niveaux.
Vendredi, les deux préfectures concernées ont annoncé avoir limité le périmètre d'interdiction de l'utilisation d'eau issue de captages privés à une bande de cent mètres de part et d'autre des rivières La Gaffière et Le Lauzon (Vaucluse). Ces cours d'eau desservent les communes vauclusiennes de Bollène, Lapalud, Lamotte-du-Rhône et Mondragon.
Le prélèvement et la distribution d'eau pour l'irrigation ou la consommation sont interdits sur les rivières, ainsi que dans une bande de cent mètres le long des rives. Ces deux mesures étaient précédemment en vigueur sur un territoire plus étendu.
Les restrictions concernant la pêche, la baignade et les activités nautiques demeurent inchangées.
Selon un bilan publié vendredi par l'IRSN, la surveillance devait être poursuivie notamment sur trois points de la nappe phréatique où des valeurs supérieures au bruit de fond habituel ont été relevées, avec "des variations de concentration en uranium (qui) ne peuvent pas être expliquées par le rejet accidentel".
L'IRSN avait déjà signalé en juin dans un rapport la présence de ces traces d'uranium qui peuvent être d'origine naturelle ou bien liées à une pollution historique du site, a expliqué à l'AFP Didier Champion, directeur de l'environnement à l'IRSN.
En outre, pour l'un des trois points étudiés, situé dans le puits d'un particulier, les variations semblent liées à un problème technologique lié à l'installation elle-même, a-t-il ajouté.
L'institut a par ailleurs confirmé une "diminution régulière de la concentration en uranium des eaux en aval de la Socatri" qui atteignent depuis jeudi "une valeur proche de la normale".
Uranium "suspect" au Tricastin : Le Réseau "Sortir du nucléaire" demande à M. Borloo des prélèvements indépendants près de tous les sites et centrales nucléairesRéseau "Sortir du nucléaire" - Fédération de 820 associations
Communiqué du 15 juillet 2008 - Contact : 06.64.100.333La découverte d’uranium "suspect" autour du site du Tricastin laisse à penser que des rejets radioactifs dans l'environnement ont eu lieu et ont été maintenus secrets, mettant ainsi en danger les citoyens.
Cela confirmerait hélas les soupçons souvent exprimés par le Réseau "Sortir du nucléaire" : il est légitime de penser que des rejets radioactifs sont occasionnés par différents sites ou centrales nucléaires, et sont cachés dans le but de ne pas nuire à l'image du nucléaire, énergie officiellement présentée comme "propre".
Rappelons qu'une étude scientifique menée par l'Université de Mayence a récemment montré un excès de cancers détectable jusqu'à 50 km autour des centrales nucléaires allemandes. Ces cancers s'expliquent certainement par le rejets radioactifs continuels des centrales dans l'environnement. Tout laisse à penser qu'il en est de même en France.
Le Réseau "Sortir du nucléaire" écrit aujourd'hui à M. Borloo, Ministre de l'Écologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire (MEEDDAT), pour lui demander que soient mis en œuvre au plus vite des prélèvements près de tous les sites et centrales nucléaires.
Pour que les résultats ne puissent souffrir d'aucun soupçon, ces prélèvements doivent être faits par des organismes indépendants comme la Criirad ou des organismes étrangers n'ayant aucun lien avec les industriels du nucléaire ni avec l'Etat français.
Concernant l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), l'actualité de ces dernières années a montré que des chercheurs de cet Institut, qui souhaitaient juste faire correctement leur travail, on été réduits au silence (*). L'IRSN; qui est sous la tutelle de l'Etat (ministères chargés de l’Environnement, de la Santé, de l‘Industrie, de la Recherche et de la Défense) ne peut donc être considéré comme un organisme indépendant.
Concernant le fuite d'uranium sur le site du Tricastin, le Réseau "Sortir du nucléaire" prépare une plainte contre l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui, après avoir été informée par Socatri-Areva de la fuite d’uranium, a attendu plusieurs heures avant d’alerter les autorités, mettant ainsi délibérément en danger les citoyens.
(*) cf en particulier l'affaire des centrales nucléaires françaises inadaptées au risque sismique. Informations sur cette affaire auprès du Réseau "Sortir du nucléaire"
Mardi 15 juillet 2008
Réseau "Sortir du nucléaire"
Fédération de 820 associations
9 rue Dumenge 69004 Lyon cedexA
M. Borloo, Ministre de l'Écologie, de
l'Energie, du Développement durable
et de l'Aménagement du territoire
Objet : Demande de prélèvements indépendants près de tous les sites et centrales nucléaires
Monsieur le Ministre,
La découverte d’uranium "suspect" autour du site du Tricastin laisse à penser que des rejets radioactifs dans l'environnement ont eu lieu et ont été maintenus secrets, mettant ainsi en danger les citoyens.
Cela confirmerait hélas les soupçons souvent exprimés par le Réseau "Sortir du nucléaire" : il est légitime de penser que des rejets radioactifs sont occasionnés par différents sites ou centrales nucléaires, et sont cachés dans le but de ne pas nuire à l'image du nucléaire, énergie officiellement présentée comme "propre".
Nous vous demandons donc solennellement que soient mis en œuvre au plus vite des prélèvements près de tous les sites et centrales nucléaires.
Pour que les résultats ne puissent souffrir d'aucun soupçon, ces prélèvements doivent être faits par des organismes indépendants comme la Criirad ou des organismes étrangers n'ayant aucun lien avec les industriels du nucléaire ni avec l'Etat français.
Concernant l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), l'actualité de ces dernières années a montré que des chercheurs de cet Institut, qui souhaitaient juste faire correctement leur travail, on été réduits au silence (*). L'IRSN; qui est sous la tutelle de l'Etat (ministères chargés de l’Environnement, de la Santé, de l‘Industrie, de la Recherche et de la Défense) ne peut donc être considéré comme un organisme indépendant.Dans l'attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, à notre attachement à la protection de l'environnement et à la démocratie.
Pour le Réseau "Sortir du nucléaire"
Stéphane Lhomme, Porte-parole
(*) cf en particulier l'affaire des centrales nucléaires françaises inadaptées au risque sismique. Informations sur cette affaire auprès du Réseau "Sortir du nucléaire"
Réactions en chaîne au TricastinLibération.fr - mardi 15 juillet 2008 - Laure Noualhat
Que se passe-t-il exactement sur le site nucléaire du Tricastin dans le Vaucluse? De nouvelles mesures mettent à jour des traces d'uranium apparemment sans rapport avec la fuite du 7 juillet dans la nappe alluviale. La Criirad énonce l'hypothèse de vieux déchets militaires entreposés sous une butte de terre.
Que se passe-t-il exactement sur le site nucléaire du Tricastin dans le Vaucluse? On ne sait pas exactement, mais la présence d'uranium, détectée dans la nappe phréatique située aux abords du site, relance la polémique au sujet de la gestion de la Socatri. Et des déchets radioactifs en général. Cette filiale d'Areva, chargée de traiter des effluents uranifères de l'usine Eurodif (qui enrichit l'uranium utilisé dans les centrales), a été au centre de l'actualité la semaine dernière pour avoir relâché accidentellement 74 kilos d'uranium dans l'environnement. Incident ou négligence? L'enquête de l'Autorité de sûreté nucléaire a relevé plusieurs erreurs concernant la gestion des effluents uranifères issus d'Eurodif.
Depuis, des teneurs en uranium, parfois jusqu'à 10 fois supérieures à la normale, ont été détectées en plusieurs endroits dans la nappe phréatique à proximité du site. Mais ces traces ne peuvent être en rapport avec la fuite de la semaine dernière: l'eau contaminée ne peut avoir migré aussi rapidement. « Pour nous, cela signe l'impact radioactif du site nucléaire du Tricastin dans sa globalité » martèle Corinne Castagnier, présidente de la Criirad avant d'avancer plusieurs hypothèses pour cet uranium. « Il y a différentes sources: les canalisations de rejet de la Socatri qui fuyaient depuis longtemps ou les déchets enfouis à l'autre extrêmité du site. »
A l'autre extrêmité du site en effet, les déchets radioactifs des usines militaires ont été littéralement enfouis dans le sol: 760 tonnes de barrières de diffusion -un des outils du processus d'enrichissement de l'uranium par diffusion gazeuse-, des boues radioactives, des filtres de conditionnement (46 m3) et de fluorines ((14 000 m3). « C'est la palme du cynisme concernant ces déchets » raconte Corinne Castagnier. « De 1969 à 1975, ces déchets ont été entreposés sous une butte de terre.
Deux ans après l'enfouissement, en 1977, les exploitants constatent déjà la pollution de la nappe située sous la butte alors qu'ils avaient prétendu avoir enfoui les déchets dans une barrière argileuse, donc étanche. En 1980, la contamination de la nappe est d'un facteur 1000 fois supérieur à la norme. Les exploitants décident alors de pomper la nappe à raison de 173 m3 par heure, et ce jusqu'en 1998...! Ils ont prélevé plus d'un million de m3 qu'ils ont ensuite rejeté dans le Rhône... Ce n'est peut-être pas le plus contaminé des sites que nous ayons étudiés, mais c'est de loin le plus cynique dans la façon dont la pollution a été gérée. »
En effet, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, la Direction départementale de l'action sanitaire et sociale et Areva ont récemment mis en évidence dans une étude sur la nappe phréatique du Tricastin des traces d'uranium dont la source n'a pas pu être identifiée. Sans réellement s'en inquiéter. Sans compter qu'en 2002, la Criirad avait constaté des irradiations anormales en bordure du site. Le Tricastin vous souhaite un bel été radioactif.
Tricastin : La fuite sans finJDD.fr - Mardi 15 Juillet 2008 - Gaël Vailant
Lundi, le quotidien Le Monde a relancé le feuilleton Tricastin. Huit jours après une fuite accidentelle d'uranium sur ce site nucléaire du Vaucluse, un taux d'uranium suspect a été à nouveau relevé près de l'usine de traitement de la Socatri. Le Réseau "Sortir du nucléaire" demande à Jean-Louis Borloo des prélèvements indépendants près de toutes les centrales.
Dimanche, un nouveau taux d'uranium inquiétant a été relevé près de la centrale nucléaire de Tricastin. Une semaine après le 7 juillet, la teneur en uranium de la nappe phréatique avait grimpé à 64 µg/l (microgrammes par litre). Dimanche, après un nouveau prélèvement à deux kilomètres de l'usine de traitement de la Socatri-Areva, la teneur stagnait toujours autour de 36,6 µg/l. La norme de potabilité fixée par l'Organisation mondiale de la santé ne doit pas excéder à 15 µg d'uranium par litre. Pour la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), l'explication est simple. "Ça veut dire qu'il y a des événements antérieurs (des pollutions) qui n'ont pas été rendus publics", a déclaré Roland Desbordes, son président, sur France Info, mardi. Si c'était le cas, ce serait "grave (...) car ça voudrait dire qu'on nous cache des choses".
Des pollutions dans le passé?
Huit jours après l'incident survenu dans la nuit du 7 au 8 juillet, les préfectures de la Drôme et du Vaucluse ont prolongé les restrictions concernant la pêche, la baignade et les activités nautiques. En revanche, la préfecture d'Avignon a en partie levé les interdictions d'usage de l'eau, provenant des rivières où une partie des effluents radioactifs s'étaient déversés. Vendredi, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait imposé l'arrêt d'une de ses deux stations de traitement sur le site du Tricastin, estimant qu'elle n'était toujours pas sûre. Dans un rapport accablant, l'ASN constatait une "série de dysfonctionnements et de négligences humaines" dans la gestion de l'incident. La Socatri a néanmoins réagi rapidement, en nettoyant le réseau d'eau souillé.
Mais la teneur en uranium reste élevée dans plusieurs points de la nappe phréatique. Ainsi, selon Le Monde daté du 14 juillet, "le point AEP4, situé chez un particulier, déconcerte les autorités: la teneur en uranium fluctue, l'eau prélevée au puits présentant des concentrations moins élevées que celles mesurées au robinet qu'il alimente." L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) mène "des investigations" pour vérifier l'éventuelle présence d'une pollution antérieure. Mais Jean-Christophe Gariel, directeur adjoint à l'environnement de l'institut, relativise: "Il n'y a pas lieu de s'alarmer, on cherche l'explication."
Négligences humaines
Après ce nouveau rebondissement, la crise pourrait devenir politique. Les autorités locales ont déjà annoncé qu'elles voulaient tirer les leçons des événements du 7 et 8 juillet derniers. En effet, la fuite d'uranium et ses conséquences ont pour principale explication une série de négligences humaines. Le déroulement de faits suffit à s'en convaincre: une alarme a signalé un niveau d'uranium élevé à 23 heures lundi 7 juillet, la fuite n'a été détectée qu'à trois heures du matin le mardi et le plan d'urgence interne n'a été déclenché qu'à 6h15. Les préfectures n'ont été prévenues qu'à 7h15 , l'IRSN n'a été alerté qu'à 11 heures et certains maires n'ont reçu l'information qu'à 13h30. Que s'est-il passé pour que certains habitants ne soient prévenus que quinze heures après les faits?
Jean-Louis Borloo critiqué
En attendant des enquêtes administratives et judiciaires, de nombreuses associations ont critiqués le manque de réactivité de Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie. Le réseau "Sortir du nucléaire" (regroupant 820 associations, la plupart écologistes) s'est montré très inquiet: "Il est légitime de penser que des rejets radioactifs sont occasionnés par différents sites ou centrales nucléaires, et sont cachés dans le but de ne pas nuire à l'image du nucléaire, énergie officiellement présentée comme 'propre'." Le collectif demande à Jean-Louis Borloo la mise en oeuvre de prélèvements par des organismes indépendants près de tous les sites et centrales nucléaires. Le réseau critique l'IRSN et l'ASN, tous deux sous tutelle de l'Etat: "'Sortir du nucléaire' prépare une plainte contre l'ASN qui, après avoir été informée par Socatri-Areva de la fuite d'uranium, a attendu plusieurs heures avant d'alerter les autorités, mettant ainsi délibérément en danger les citoyens."
Le réveil anti-nucléaireLe Midi Libre - 13 juillet 2008
L'incident survenu lundi soir à la centrale nucléaire du Tricastin, avec un rejet accidentel d'uranium, correspond au réveil de l'activisme anti-nucléaire. A Paris, plusieurs milliers de manifestants - 7 000 selon "Sortir du nucléaire", 2 000 selon la police - ont défilé hier pour prot ester contre les projets du gouvernement.
L'incident du Tricastin « fait partie des nombreuses péripéties qui surviennent dans les centrales nucléaires et les centres de retrait ement. Cela prouve qu'on n'est jamais à l'abri d'une catastrophe comme celle de Tchernobyl », affirmait ainsi Gérard Quinton, agriculteur en Mayenne et militant.
« Nous contestons formellement les allégations de M. Sarkozy et des dirigeants du nucléaire en général qui prétendent que le nucléaire permettrait de lutter contre le réchauffement climatique », a déclaré Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau "Sortir du nucléaire".
« Nous contestons aussi que cela permette de protéger la France de la montée du prix de l'énergie. Il suffit de voir les pêcheurs, les routiers, les automobilistes : tout le monde est frappé de plein fouet par la montée du prix de l'énergie », a-t-il ajouté.
Deux plaintes et une manif: les antinucléaires sur le pontRue89 - 12/07/2008 - Par Chloé Leprince
Près de 7 000 personnes ont manifesté à l'appel du réseau Sortir du nucléaire, qui porte plainte après l'accident de Tricastin.
"S'éclairer à la bombe, est-ce bien raisonnable?" C'est l'un des slogans de la manifestation du réseau "Sortir du nucléaire" qui a fait le plein, samedi après-midi, avec 7 000 personnes (selon l'ONG) dans les rues de Paris. L'opération était calée de longue date, mais tombait à point pour les organisateurs, cinq jours après l'accident sur le site nucléaire du Tricastin, dans la Drôme, où 75 kilos d'uranium auraient fuité, lundi 7 juillet, au cours du nettoyage d'une cuve.
Défilant aux côtés de délégations étrangères, de la LCR ou encore de quelques badges de Cap 21, le petit parti de l'ex-ministre Corinne Lepage, "Sortir du nucléaire" -qui fédère 715 associations et plus de 14 000 adhérents- a profité de la mobilisation pour étriller l'Autorité de sûreté nucléaire, annonçant qu'elle portait plainte contre cette dernière. D'après Stéphane Lhomme, le porte-parole de l'ONG, rencontré alors qu'il battait le pavé, c'est la première fois que cette instance de surveillance serait visée par une action en justice.
Créée il y a deux ans par la loi n°2006-686 du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire, l'ASN affiche pour mission de d'assurer "au nom de l’État, le contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France pour protéger les travailleurs, les patients, le public et l’environnement des risques liés aux activités nucléaires".Le nucléaire "au-dessus des lois"?
Or, pour "Sortir du nucléaire", il temps de vérifier devant un juge "si le nucléaire peut vraiment rester impunément au-dessus des lois". Vendredi, c'est-à-dire la veille de la manifestation, l'ASN avait pourtant contre-attaqué, alors que les critiques commençaient à prendre l'ampleur, publiant un rapport très à charge contre Areva, accusée d'une "série de dysfonctionnements et de négligences humaines" dans la gestion de l'incident.
Dans la foulée, l'ASN ordonnait à la Socatri, filiale d'Areva chargée du site du Tricastin, de suspendre l'activité d'une de ses deux stations de traitement sur place. Or, pour Stéphane Lhomme, de "Sortir du nucléaire", comme pour la Criirad, laboratoire indépendant interviewé vendredi par Rue89 Marseille, cette offensive n'est autre qu'un contre-feu opportunément allumé. Par exemple pour détourner l'attention des carences de la gestion de l'ASN, suggère l'ONG qui dénonce notamment la "désinformation" dont se serait rendue coupable l'ASN.
En portant plainte, "Sortir du nucléaire" entend creuser un peu plus la brèche judiciaire. En juin 2007, un procédure devant le Conseil d'Etat avait fini par leur donner gain de cause. A l'époque, le réseau avait fait annuler un décret du 9 février 2006 autorisant le démantèlement complet de la centrale de Brennilis, en Bretagne. Une opération qui n'offrait pas toutes les garanties requises, avaient jugé les antinucléaires.
Toutefois, cette action s'était jouée sur le terrain formel puisque ce n'est pas au fond mais sur la base d'un défaut de procédure (une information publique défaillante en l'occurence) que la juridiction administrative avait fait reculer EDF. Stéphane Lhomme espère que la bataille juridique pourra se jouer cette fois sur le fond.
La Criirad aussi porte plainte, contre Areva. Preuve que les tribunaux sont en passe de devenir le nouveau terrain de lutte du mouvement: vendredi, la Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (Criirad) -laboratoire indépendant qui effectue des mesures in situ-, avait elle aussi annoncé qu'elle portait plainte elle aussi. Mais contre la Socatri-Areva, cette fois.
Pourquoi deux plaintes et pas une même action en justice d'envergure? "Sortir du nucléaire" affirme que chacun a réagi successivement et que ce qui compte, c'est que les tribunaux s'emparent de la question de la surveillance du nucléaire.
Pour étayer la plainte en préparation, la Criirad a réclamé la publication de la composition exacte du liquide qui a débordé, et des analyses menées depuis. La Criirad a en effet émis des doutes sur la nature des mesures effectuées par les autorités, sur la base desquelles le discours public est resté plutôt rassurant jusqu'à présent.
Tricastin : l'arrêt d'une station de traitement, "un coup de com"
Rue89 - 12/07/2008 - Par Rémi Leroux
Roland Desbordes, physicien et président de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) dénonce la décision prise par l'Agence de sécurité nucléaire (ASN) de faire fermer une partie de la station de traitement d'effluents uranifères de la Socatri, sur le site nucléaire de Tricastin (Drôme). En début de semaine, c'est dans cette station que près de 75 kg d'uranium ont été rejetés accidentellement sur le sol et dans le canal adjacent à la centrale nucléaire. C'est à la suite d'une opération de nettoyage de cuve que la fuite s'était produite.
Jeudi, après une série d'inspections, l'ASN a estimé que "la mise en sécurité destinée à empêcher toute nouvelle pollution n'était pas complètement satisfaisante": lLes conditions d'exploitation lors de l'incident présentaient des irrégularités par rapport aux dispositions réglementaires applicables." Dans la foulée, la Socatri a fait savoir qu'elle allait procéder à la fermeture de la partie de la station incriminée.
"Un coup de communication". Pour Roland Desbordes, cette décision n'est qu'un coup de "communication" et fait suite, depuis le début de la semaine, à une série de "dysfonctionnements" de la part de l'autorité de contrôle et de la Socatri. A commencer par "le classement en niveau 1" de l'événement qui, selon le président de la Criirad, "n'en fait même pas un incident, mais simplement une anomalie". "La faillite du système de contrôle". Au-delà, la Criirad, tout comme le réseau Sortir du nucléaire, estime que la gestion de la fuite de Tricastin témoigne avant tout "d'une faillite complète de tout le système de contrôle du nucléaire et de l'environnement en France". Pour Roland Desbordes, le "constat est accablant".
Le président de la Criirad va plus loin: "Rien que sur l'année 2007, l'exploitant a rejeté sur le plan athmosphérique 42 fois la limite en carbone 14 ! Le 'gendarme' du nucléaire, l'ASN, ne sanctionne pas ça alors qu'il s'agit d'une atteinte à l'environnement manifeste." "On en arrive donc à la énième infraction et toujours pas de sanctions. Il y a des constats, des rapports mais pas de sanction pour l'exploitant. Mieux, je dirais qu'on confie à nouveau la surveillance de l'environnement. Autrement dit, on lui fait totalement confiance.... Moi, je serais plutôt méfiant face à quelqu'un qui transgresse les règles."
"Difficile d'estimer les conséquences sanitaires". Compte tenu des difficultés à "obtenir les résultats des analyses", la Criirad estime qu'il est pour l'instant difficile de "savoir quelles seront les conséquences sanitaires" sur l'environnement et sur les populations. Roland Desbordes poursuit : "Nous ne connaissons toujours pas les lieux exacts où est partie cette radioactivité, nous n'avons pas de chiffres sur le rejet ni sur combien de temps ça a duré. Ce n'est qu'une fois que nous disposerons de toutes ces mesures qu'il sera possible d'évaluer l'impact sanitaire de cet accident, qui n'est pas le premier..."
Roland Desbordes rappelle enfin que la Socatri a elle-même assuré les prélèvements, une situation paradoxale qu'il ne comprend pas. "Comment le pollueur peut-il lui-même contrôler les conséquences de sa pollution?". Les premiers résultats des mesures publiés par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) sembleraient démontrer que "s'agissant des eaux des nappes phréatiques, les concentrations en uranium mesurée ne montrent pas jusqu'ici de contamination liée au rejet accidentel".
"Une situation qui mériterait de vraies sanctions". Hugues Blacher, au nom de la Socatri, a expliqué vendredi 11 juillet que la fermeture d'une partie de la station "n'aura pas de conséquences sur le reste de l'activité de la société". Ce que déplore la Criirad. Roland Desbordes : "Les vraies sanctions pour l'exploitant, c'est fermer l'installation, parce que là, il y a un vrai manque à gagner pour lui. La Socatri est une filiale d'Areva et, elle, elle fait des bénéfices." En milieu de semaine, l'association a décidé de porter plainte contre deux filiales du groupe Areva: Areva NC (Cogéma) pour une autre affaire, l'enfouissement de 700 tonnes de déchets radioactifs dans le sol; et la Socatri, pour les fuites radioactives.
La Provence - 11 juillet 2008
La Socatri traverse une mauvaise passe. Après l'incident survenu lundi dans son usine du Tricastin, cette filiale d'Areva, est attaquée de toutes parts. Dans un rapport de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), révélé hier dans La Provence, on apprenait que la Socatri avait été prévenue en mai dernier des défaillances de certains de ses équipements (notamment la cuve de rétention qui a fait défaut lundi) et sommée d'y remédier.
Hier soir, Hugues Blacher, directeur d'Areva au Tricastin, s'est voulu rassurant. Aux interrogations sur la possible vétusté du site, il a répondu par la négative. "Nos installations sont en bon état", a-t-il affirmé. Concernant le système d'alerte, jugé trop lent par les maires des proches communes et certaines associations, M. Blacher s'est montré évasif : "Nous aurions pu être plus rapides". Il a précisé également que les taux de concentration dans les rivières voisines de l'usine étaient revenus à la normale.
Questionné sur le fait que plusieurs riverains du Tricastin auraient eu, hier, la visite de représentants du groupe Areva, Gilles Salgas, porte-parole de la Socatri, confirme : "Du personnel Areva s'est en effet rendu au domicile de particuliers afin de réaliser des prélèvements. À cette occasion, des personnes ont posé des questions sur une éventuelle indemnisation. Notre personnel a répondu qu'il fallait s'adresser au service juridique d'Areva, pour le cas où une telle procédure serait envisagée mais nous n'en sommes pas là".
Des inspecteurs de l'ASN se sont déplacés hier au Tricastin pour déterminer avec précision les causes de l'accident. Ils livreront aujourd'hui leurs premières conclusions. Dans le même temps, le parquet de Carpentras a ouvert une instruction judiciaire pour pollution et dêpéché sur place une équipe de gendarmes de la section de recherche de Marseille, épaulée par une unité de l'IRCGN (Institut de recherche criminelle).
Les habitants se ruent sur l'eau en bouteille
Malgré des informations plutôt rassurantes quant aux conséquences de l'incident survenu dans l'usine Socatri, les bollénois continuaient hier de faire preuve d'une grande vigilance et de dévaliser le rayon eau minérale des grandes surfaces de la Région.
À l'image de Muriel Michel, étudiante en médecine qui faisait ses courses avec sa maman. " Le lobby nucléaire est tellement puissant qu'on n'est jamais sûr de connaître toute la vérité ", s'inquiète-t-elle. "Je pense qu'on aurait dû attendre les résultats des analyses avant de crier au secours et d'affoler les gens" temporise Robert Rieux-Arnaux, président de l'Amicale des pêcheurs. "Les touristes et les vacanciers vont prendre peur."
"L'eau dite du robinet est pompée en profondeur, dans les nappes argileuses" confie Jean Tromel, président du syndicat Eau pression. "Il faut rester vigilant mais ne pas être trop alarmiste" et d'ajouter "on vit avec le nucléaire ici et il fait vivre tellement de personnes".
Tricastin: la Criirad demande la publication des analyses après l'incident
AFP - 11.07.08 - La Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (Criirad) a condamné vendredi l'"opacité" de Socatri, à l'origine d'une fuite accidentelle d'uranium lundi sur le site du Tricastin (Vaucluse), réclamant la publication des analyses menées après cet incident.
Dans un communiqué, la Criirad demande la publication de la "caractérisation radiologique (...) et chimique" des effluents uranifères contenus dans la cuve qui a débordé. Des mesures effectuées par la Criirad mercredi révèlent que les effluents qui ont fui pourraient avoir contenu de l'uranium artificiel, issu de retraitement, dont tout rejet est strictement interdit.
L'analyse de l'eau prélevée dans la rivière la Gaffière, en aval de Socatri, au lendemain de l'accident, montre "la présence d'atomes de masse 236, suggérant la présence d'uranium 236", ce qui "démentirait les affirmations de Socatri sur la présence exclusive d'uranium à composition isotopique naturelle". Mettant en cause les résultats "incohérents" communiqués par la Socatri aux autorités de contrôle, le directeur de la Criirad Roland Desbordes a réclamé "davantage d'analyses effectuées par les services de l'Etat".
Suspicion après le rejet d'uranium
20 minutes - France - 10 juillet 2008
Une simple anomalie ? Le discours rassurant après le rejet accidentel d'uranium de la centrale nucléaire du Tricastin (Vaucluse) n'a pas convaincu. Un dysfonctionnement lors d'un transfert entre deux cuves a donné lieu lundi soir à un rejet d'effluents contenant environ 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches.
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) n'a été alertée que mardi matin et l'exploitant, une filiale d'Areva, n'a pris la mesure de l'importance du rejet que quelques heures plus tard.
Les mesures sur les cours d'eau se poursuivaient hier et les taux de radioactivité étaient en constante diminution, selon l'ASN. Le réseau Sortir du nucléaire soupçonne Areva « de rétention délibérée d'information et, de fait, de mise en danger volontaire de la population ». La Criirad entend, elle, porter plainte.
FUITE D'URANIUM À BOLLÈNE - « Une communication incohérente »
Le Dauphiné Libéré - 10 juillet 2008
Officiellement, les dernières mesures et analyses des rivières, des plans d'eau et des nappes phréatiques sont rassurantes, mais pas pour la Criirad ni pour le réseau "Sortir du nucléaire" qui portent des accusations graves, tant sur la fuite elle-même que sur l'attitude d'Areva NC soupçonnée de "rétention délibérée d'information".
« Les citoyens bollénois ont été traités comme s'ils étaient peu de chose... »
Du côté des élus des communes directement concernées, tous prévenus entre 13h 15 et 13h 30 mardi, la gestion de l'affaire prend une tournure polémique sur un autre plan, celui de la communication. Manque d'informations, de réactivité et de précision, manque de soutien de la part des services de l'État...
Le maire de Bollène, commune sur laquelle est installée l'usine Socatri, ne dissimule pas sa colère. « Je ne veux pas envenimer la situation, mais je suis très troublée par ce que nous venons de vivre, lâche Marie-Claude Bompard. Je n'ai eu qu'un contact avec le directeur de cabinet du préfet, mardi vers 13h 30 et depuis, malgré nos appels, plus rien. Silence radio ! La mairie a fait ce qu'elle pouvait, mais elle n'a été ni informée valablement, ni épaulée par la préfecture. »Guère d'éléments précis
Avec les moyens du bord, la commune a averti les populations des secteurs concernés par la distribution de tracts et la mise en service du serveur vocal Antibia, mis au point dans le cadre d'une procédure d'urgence en cas de risque majeur. « Tout le monde, environ 800 personnes, a été averti avant 20 heures et nous avons continué à répondre aux appels jusqu'à 22 heures. »
Hier après-midi, quarante élus et employés communaux ont distribué une lettre d'information à tous les habitants de la cité, « parce que, même avec guère d'éléments précis, il fallait clarifier la situation, préciser par exemple quels quartiers étaient concernés et ceux qui ne l'étaient pas. » Mme Bompard met en cause « l'incohérence totale de la communication préfectorale » qui a abouti, selon elle, à semer la confusion, y compris chez les médias européens, et qui démontre que « les citoyens bollénois ont été traités comme s'ils étaient peu de chose... »
Plus soft, Jean-Pierre Lambertin admet avoir été ému par les délais de réaction de la préfecture. « On aurait dû avoir l'information, au moins l'essentiel, plus tôt. » Le président du syndicat Rhône-Aygues-Ouvèze, Guy Penne, apporte de l'eau au moulin des sceptiques : « Nous avons été mal informés », reconnaît-il en évoquant des informations assez brouillonnes, sinon contradictoires.
Le ministre de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, Jean-Louis Borloo, a-t-il eu vent de ces dysfonctionnements ? En attendant les résultats de l'inspection de l'autorité de sûreté nucléaire qui devrait se rendre sur place aujourd'hui, il se fait menaçant : « Toutes les conclusions devront être tirées, notamment en terme d'éventuelles suites pénales et administratives ».
EN BREFQuelle heure, au juste ?L'heure précise à laquelle s'est produite la fuite, à l'intérieur des bâtiments de Socatri, donne lieu à interprétation : alors que les communiqués de la préfecture stipulaient 6h 30 du matin, la "note d'information" de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire indiquait de son côté "le 7 juillet à 23 heures. "
Anticipation
Le maire de Lapalud raconte : « par mesure de précaution, nous avions anticipé en prévenant en début d'après-midi de lundi les cinquante à soixante personnes habitant à l'est de la voie ferrée, au plus près de l'usine, et ayant des forages. Puis nous nous sommes servis du listing des inondations pour alerter toutes celles du village susceptibles d'utiliser l'eau d'un puits. Environ 300 personnes ont été contactées par téléphone ou directement par la police municipale. Et cela s'est relativement bien passé. »
Le parapluie ouvert
Maurice Sabatier, maire de Lamotte-du-Rhône observe que « la préfecture a ouvert le parapluie. » L'employé municipal, rôdé à la manoeuvre avec les inondations, est passé dans les 165 foyers du village pour prévenir les habitants. Cette situation conforte M. Sabatier dans sa volonté de ne jamais relier le lac de Lamotte (qui devrait accueillir dans l'avenir une base de ski nautique) à la mayre Boucharde, affluent de la Gaffière, ainsi que certains le souhaiteraient.
Rencontre avec la CRIIRAD
Après ce qu'il considère comme un avertissement sans frais », André-Yves Beck, adjoint au maire de Bollène, souhaite rencontrer dès que possible la CRIIRAD afin d'avoir le maximum de renseignements. « Car on peut être pris de doutes... »
Libération.fr - 9 juillet 2008
Rejet d'uranium à Tricastin : «La limite réglementaire a été pulvérisée»La passivité des autorités de contrôle est intolérable, estime Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, et responsable du laboratoire d’analyse de la CRIIRAD <http://www.criirad.org/> (Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité). Cet organisme indépendant a été créé en 1986 au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl, avec pour ambition de contrôler et d'informer les populations sur les pollutions radioactives et les risques liés au nucléaire.
Faut-il s’alarmer des quantités d’uranium rejetées lors de l’incident sur le site de Tricastin ?L’exploitant a revu ses chiffres à la baisse: le rejet ne serait plus de 360 kg mais de 75kg. Il n’empêche. Sur la base de ces nouvelles données, la quantité d’uranium rejetée reste très importante, 27 fois supérieure à la limite annuelle autorisée. Car, pour faire simple, l’exploitant est autorisé à rejeter chaque année 72 millions de becquerels d’uranium- une unité de mesure de radioactivité. Et bien lors de l’incident, 2 milliards de becquerels ont été rejetés! Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi un problème de concentration radioactive. Lors de l’incident, l’uranium a été rejeté en partie sur le sol et dans la rivière la Gaffière. Ce qui est strictement interdit car il n’y a aucune garantie de dilution. Résultat, la limite réglementaire a été pulvérisée avec une concentration de plus de 300 000 Becquerels par litre au lieu de 50 Bq/l.
D’après vous, les mesures de précaution adoptées par les autorités sont-elles suffisantes?C’est un petit peu mieux que les autres fois. Mais, il reste des incertitudes, en particulier sur le moment précis de l’accident. Il y a un flou. Le communiqué des préfets de la Drôme et du Vaucluse annonçait hier que la fuite s’était produite tôt dans la matinée du 8 juillet, vers 6h30. Mais, selon l’IRSN, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, le débordement de la cuve remonte à lundi soir vers 23 heures. Si l’IRSN a raison, les mesures de protection et d’information de la population ont été prises trop tard pour être efficaces.
Que comptez-vous faire à présent?Une équipe de notre laboratoire est en ce moment sur le site du Tricastin pour faire des prélèvements. On va également déposer plainte contre deux exploitants du Tricastin, tous deux filiales d'Areva. On ne peut pas tolérer une telle passivité des autorités de contrôle. Et puis, ce n’est pas la première fois que l’on note des disfonctionnements inquiétants sur ce site, ce n’est pas la première fois. On va être particulièrement vigilant sur la durée pour s’assurer que l’exploitant du site traite les pollutions dans les sols et les sédiments.
Quelque 360 kg d'uranium se sont déversés dans l'environnement du site nucléaire du Tricastin, sur la commune de Bollène (Vaucluse), dans la nuit du 7 au 8 juillet. L'accident est survenu dans une installation de la société Socatri, filiale d'Areva, qui assure la décontamination de matériels et la récupération de l'uranium traité par l'usine d'enrichissement d'Eurodif, installée sur le même site. Les circonstances du déversement accidentel de 30 m3 de solution contenant 12 grammes d'uranium par litre restent encore à élucider.
Les préfets du Vaucluse et de la Drôme ont interdit, jusqu'à nouvel ordre, la consommation d'eau potable issue de captages privés sur trois communes, mais aussi la baignade et la pêche dans les cours et plans d'eau avoisinants. L'irrigation agricole est stoppée.
Les effluents radioactifs se sont en effet infiltrés pour partie dans le sol à l'intérieur même de l'établissement. Mais une quantité mal évaluée a rejoint par le réseau des eaux pluviales les rivières de la Gaffière, puis du Lauzon qui se déverse dans le Rhône. La société Socatri, qui a immédiatement effectué des mesures, " a constaté un dépassement de la valeur préconisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les eaux destinées à la consommation humaine d'un facteur 1 000 pendant une courte période correspondant au passage du pic de pollution ", indique l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Chargé de l'expertise en cas d'accident, cet organisme estime cependant que les " conséquences radiologiques pour les populations devraient être négligeables ".
100 FOIS LE REJET ANNUEL
" Dans la mesure où les gens ne consomment pas l'eau de la nappe phréatique, les risques de contamination sont inexistants ", estime Thierry Charles, directeur de la sûreté des usines à l'IRSN. Un plan de surveillance sur 12 points de prélèvement d'eau va être mis en place pour vérifier l'évolution des teneurs dans les semaines et les mois à venir. Ces analyses permettront de déterminer à quelle échéance les mesures de restrictions pourront être levées.
Elles pourraient l'être à plus faible délai dans les cours d'eau, qui assurent une dilution plus rapide, " lorsque nous serons assurés que l'uranium ne s'est pas fixé sur les sédiments ", précise Charles-Antoine Louet, chef de division de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à Lyon. Si les autorités se veulent rassurantes, les associations de défense de l'environnement s'inquiètent de l'ampleur de la pollution. Sortir du nucléaire évoque le risque de cancer lié aux contaminations de ce type.
Bruno Chareyron, responsable du laboratoire de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), note que " la radioactivité contenue dans ce rejet a été plus de 100 fois supérieure à la limite annuelle fixée pour cet établissement ". Il ne veut pas encore se prononcer sur l'impact environnemental et sanitaire de l'accident, " attendant plus de données pour l'évaluer ".
Il y a quelques jours, la Criirad s'était inquiétée de l'entreposage sous un tumulus de terre de 770 tonnes de déchets radioactifs d'origine militaire au Tricastin. " Cela fait beaucoup pour un site qui est la deuxième plate-forme nucléaire française, après La Hague ", note-t-il.
AFP - 10 juillet 2008 - Malgré des prélèvements aux résultats encourageants, les autorités ont décidé de maintenir les mesures de précaution prises après le rejet accidentel d'uranium sur le site nucléaire du Tricastin, dans l'attente d'informations complémentaires.
Elles interdisent la consommation et l'usage d'eau issue de captages privés sur les communes de Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône, au sud du Tricastin. La pêche, la consommation de poisson et les activités nautiques et de baignade sont interdits sur les trois cours d'eau et étangs, ainsi que l'irrigation provenant de ces cours.
Un dysfonctionnement d'une installation de la Socatri (filiale d'Areva) sur le site de la centrale nucléaire, lors d'un transfert entre deux cuves, avait donné lieu à un rejet d'effluents contenant environ 75 kg d'uranium dans les cours d'eau proches du site, dans la nuit de lundi à mardi.
L'incident a été classé au niveau 1 ("anomalie") sur l'échelle Ines qui évalue la gravité des événements touchant les installations nucléaires et compte 7 niveaux.
"L'exploitant a fait une déclaration à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) où il indique que le débordement a eu lieu à 23H00" lundi, a déclaré lors d'une conférence de presse le directeur général de l'ASN Jean-Christophe Niel. "L'ASN a été prévenue vers 07H30 le matin (mardi) et l'exploitant a pris la mesure de l'importance du rejet vers midi", a-t-il ajouté.
La Socatri a rejeté ces accusations, déclarant que si des effluents avaient bien été identifiés dans une cuve à 23 heures (lundi), il n'y avait alors pas débordement. Le "débordement des effluents au niveau du sol" n'est apparu que vers quatre heures du matin le mardi, a dit sa directrice de la Communication, Catherine Dalverny. C'est alors que des prises d'échantillons ont été lancées et la préfecture et les autorités de sureté prévenues, a-t-elle déclaré.
La Socatri a pour mission d'épurer les effluents contenant de l'uranium et émanant des installations industrielles présentes à Tricastin (activités de chimie ou d'enrichissement de l'uranium, par exemple) avant de les rejeter dans les cours d'eau.
Des relevés ont été effectués dans la nappe, dans trois puits de pompage appartenant à des particuliers, ainsi que dans les cours d'eau dans lesquels les effluents ont été rejetés. Ils n'ont révélé "aucun élément anormal", selon Socatri, ce qu'a confirmé l'ASN.
Selon un communiqué des préfectures du Vaucluse et de la Drôme publié mercredi soir, la concentration maximale d'uranium relevée dans les eaux de surface est tombée à 31 microgrammes par litre mercredi matin contre 90 microgrammes mardi soir.
"Malgré cette diminution rapide", les valeurs restent supérieures à la normale et les deux préfectures ont maintenu mercredi les mesures annoncées mardi (interdiction de consommer l'eau de certains captages, de la pêche, de la consommation de poisson, d'activités nautiques et de la baignade sur certains cours d'eau).
Le président PS de la région Provence Alpes Côte d'Azur, Michel Vauzelle, s'est dit "très préoccupé". Le réseau Sortir du nucléaire a "soupçonné Areva de rétention délibérée d'information et, de fait, de mise en danger volontaire de la population".
"Cet accident démontre que le nucléaire n'est pas une énergie propre", a estimé Greenpeace, ajoutant : "Nicolas Sarkozy omet bien sûr de préciser ce genre de +détail+ quand il annonce en grande pompe le lancement d'un 2ème EPR, Tricastin étant justement l'un des sites pressentis".
La Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) entend déposer plainte "contre deux exploitants de Tricastin, tous deux filiales du groupe Areva: Areva NC (Cogéma) pour l'enfouissement de plus de 700 tonnes de déchets, et Socatri pour ses rejets radioactifs dans l'environnement".
Rejet d'uranium à Tricastin : «La limite réglementaire a été pulvérisée»
Libération.fr - 9 juillet 2008
La passivité des autorités de contrôle est intolérable, estime Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire, et responsable du laboratoire d’analyse de la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité). Cet organisme indépendant a été créé en 1986 au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl, avec pour ambition de contrôler et d'informer les populations sur les pollutions radioactives et les risques liés au nucléaire.
Faut-il s’alarmer des quantités d’uranium rejetées lors de l’incident sur le site de Tricastin ?
L’exploitant a revu ses chiffres à la baisse: le rejet ne serait plus de 360 kg mais de 75kg. Il n’empêche. Sur la base de ces nouvelles données, la quantité d’uranium rejetée reste très importante, 27 fois supérieure à la limite annuelle autorisée. Car, pour faire simple, l’exploitant est autorisé à rejeter chaque année 72 millions de becquerels d’uranium- une unité de mesure de radioactivité. Et bien lors de l’incident, 2 milliards de becquerels ont été rejetés! Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi un problème de concentration radioactive. Lors de l’incident, l’uranium a été rejeté en partie sur le sol et dans la rivière la Gaffière. Ce qui est strictement interdit car il n’y a aucune garantie de dilution. Résultat, la limite réglementaire a été pulvérisée avec une concentration de plus de 300 000 Becquerels par litre au lieu de 50 Bq/l.
D’après vous, les mesures de précaution adoptées par les autorités sont-elles suffisantes?
C’est un petit peu mieux que les autres fois. Mais, il reste des incertitudes, en particulier sur le moment précis de l’accident. Il y a un flou. Le communiqué des préfets de la Drôme et du Vaucluse annonçait hier que la fuite s’était produite tôt dans la matinée du 8 juillet, vers 6h30. Mais, selon l’IRSN, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, le débordement de la cuve remonte à lundi soir vers 23 heures. Si l’IRSN a raison, les mesures de protection et d’information de la population ont été prises trop tard pour être efficaces.
Que comptez-vous faire à présent?
Une équipe de notre laboratoire est en ce moment sur le site du Tricastin pour faire des prélèvements. On va également déposer plainte contre deux exploitants du Tricastin, tous deux filiales d'Areva. On ne peut pas tolérer une telle passivité des autorités de contrôle. Et puis, ce n’est pas la première fois que l’on note des disfonctionnements inquiétants sur ce site, ce n’est pas la première fois. On va être particulièrement vigilant sur la durée pour s’assurer que l’exploitant du site traite les pollutions dans les sols et les sédiments.
Fuite d'uranium au Tricastin : pourquoi l’Autorité de sûreté nucléaire a-t-elle attendu plusieurs heures avant de donner l’alerte ?
- Areva a tardé à avertir l’ASN, mais celle-ci a ensuite perdu plusieurs heures précieuses
- L’ASN aurait-elle attendu dans l’espoir que l’affaire puisse être étouffée ?Dans ses déclarations, l’ASN met en cause, à juste titre, l’entreprise Socatri-AREVA : cette dernière a attendu de longues heures entre lundi soir et mardi matin avant d’avertir l’ASN, pensant peut-être pouvoir cacher l’existence même de la fuite d’uranium.
Mais l’ASN est elle aussi coupable de rétention d’informations pendant plusieurs heures.
Ainsi, le directeur général de l'ASN, Jean-Christophe Niel, reconnaît que "l'ASN a été prévenue vers 07H30 le matin" mais il ajoute que "l'exploitant a pris la mesure de l'importance du rejet vers midi" (cf dépêches agences de presse), comme si la mission de l'ASN n'était pas de prendre elle-même conscience des risques et de prendre immédiatement les décisions qui s’imposent. Ce n’est donc qu’en début d’après midi que l’alerte a été donnée.
L’ASN a donc délibérément choisi de ne pas informer les autorités (préfectures, etc), perdant ainsi 5 heures d’autant plus précieuses que c’est en tout début de matinée, au moment les radios sont très écoutées, qu’il était possible d’avertir efficacement les citoyens afin qu’ils ne se baignent pas ou ne boivent pas dans la journée.
Pourquoi l’ASN a-t-elle perdu ces heures précieuses ? Pourquoi cette mise en danger délibérée de la population ? L’ASN a-t-elle attendu dans l’espoir que l’affaire puisse être étouffée ? L’ASN n’aurait ensuite donnée l'alerte qu’après avoir compris que l’ampleur du rejet le rendrait tôt ou tard détectable par des organismes indépendants comme la Criirad.
En tout état de cause, s'il est évident que la Socatri-AREVA est coupable, il en est certainement de même pour l'ASN dont les responsabilités doivent être établies et sanctionnées.
Le Réseau "Sortir du nucléaire" appelle les citoyens à participer à un Rassemblement antinucléaire européen samedi 12 juillet à Paris (14h pl de la République). es animations auront lieu dès le matin sur la place de la République, et un Colloque international se tiendra à 20h avec de nombreux invités d'Europe... et d'au delà.Voir les reportages TV
Tricastin : la fuite mystérieuse
JDD.fr - Mercredi 09 Juillet 2008 - Christophe Israel
Malgré la révision à la baisse par la Socatri du volume de la fuite survenue mardi dans son usine du Tricastin, la polémique enfle. De nombreuses zones d'ombres subsistent quant aux conditions de l'accident et son impact réel. Alors que les autorités maintiennent les interdictions de consommation d'eau, les écologistes dénoncent déjà la "rétention délibérée d'information".
Moins de 24 heures. C'est a peine le temps qui s'est écoulé depuis l'annonce mardi de l'accident survenu dans l'usine Socatri du site de la centrale nucléaire du Tricastin, à Bollène (Vaucluse). Une fuite accidentelle d'effluents uranifères a provoqué une pollution suffisante des cours d'eau voisin pour que les préfectures du Vaucluse et de la Drôme prennent d'importantes mesures "préventives"... plus de 10 heures après l'accident. Mercredi, les "ajustements" effectués par la Socatri dans sa réévaluation du bilan et le mutisme des autorités inquiètent.
L'Autorité de sûreté nucléaire n'a été alertée par la Socatri -filiale d'Areva- que mardi vers 7h30. Soit huit heures après l'accident, qui a eu lieu la veille vers 23h. Une lenteur qui pourrait valoir des sanctions à la Socatri, a précisé l'ASN, et qui laisse planer le doute sur la gravité réelle du rejet et de ses conséquences sur l'environnement. La maire de Bollène, Marie-Claude Bompard, affirme avoir elle même été "sous-informée".
Le réseau "Sortir du nucléaire" n'hésite pas pour sa part à accuser Areva de "rétention délibérée d'informations". Dans un communiqué, le collectif s'interroge sur une éventuelle volonté d'Areva de "cacher l'existence de cet accident, avant de se rendre à l'évidence". Il y a donc eu, selon l'organisation, une "mise en danger délibérée de la population, avec de possibles contaminations". Un porte-parole d'Areva, la maison-mère de Socatri, a expliqué ce délai par le fait qu'après des fuites détectées à 23 heures, le débordement à l'origine de la fuite n'aurait été constaté qu'à 4 heures. L'alerte aurait été repoussée ensuite par les mesures de radioactivité. Une explication toute en clarté...
30 m3, 6,25 m3, ou 18 m3?
Plus grave encore. En l'état des informations actuelles, incomplètes ou non concordantes, il est impossible de savoir quelle quantité précise d'effluents uranifères s'est réellement déversée dans les rivières voisines. De 30 m3 mardi soir, le volume a été revu à la baisse mercredi matin, un porte-parole de Socatri parlant de 6,25m3... un autre de 18 m3 en fin de matinée. C'est finalement ce chiffre qui a été retenu par la préfecture. Chaque litre du liquide répandu contenant 12 grammes d'uranium, le volume total atteindrait tout de même 224 kg d'uranium rejetés dans l'environnement. Rassurante, la préfecture précise toutefois que "seulement 74 kgs se seraient écoulés dans les rivières, 150 étant restés sur le site de la société". Comment cela est-il possible? Pas de réponse...
Une précision qu'il est difficile de ne pas questionner, alors même que l'ASN même déclare de son côté ne "pas pouvoir répondre précisément" à la question de la quantité. Et ne se prononce pas sur les risques : "le juge de paix sera les mesures de radioactivité dans l'environnement", a dit André-Claude Lacoste, le directeur de la sûreté des installations nucléaires. Ces mesures, toujours en cours, montrent des taux en "constante diminution depuis hier soir (ndlr, mardi soir)"selon l'ASN. L'incident pourrait être classé au niveau 1 ("anomalie") de l'échelle Ines, qui évalue la gravité des évènements touchant les installations nucléaires et qui compte sept niveaux.
Inquiétant silence
Plus de 36 heures après les faits, le plus inquiétant est peut-être le mutisme absolu des autorités sur le sujet. A l'exception de la communication - strictement informative - de la cellule de crise préfectorale, l'incident n'a pour l'heure donné lieu à aucun commentaire de la part des autorités de tutelle. Pas de réaction ministérielle, pas de déplacement sur les lieux de l'accident. Motus. En fin d'après-midi, un communiqué de la préfecture maintenait toutefois les mesures de précaution instaurées la veille à Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône : pêche, baignade et irrigation restent donc interdites dans les rivières de la Gaffière, la Mayre Girardes et du Lauzon. La consommation d'eau issue de captage privé est interdite sur les trois communes, tout comme l'irrigation issue des trois cours d'eau. Motif invoqué par le préfet : "La nécessité de procéder à des analyses sur une plus long durée....".
De quoi alimenter les soupçons et faire grandir l'inquiétude. En 1986, après la catastrophe de Tchernobyl, les autorités françaises s'étaient voulues rassurantes, démontrant à qui voulait l'entendre que le nuage radioactif de Tchernobyl s'était arrêté aux frontières françaises. Le champ de la communication laissé libre, les seules réactions émanent pour l'instant des organisations écologistes. A quatre jours du rassemblement organisé à Paris à l'initiative des écologistes, la Criirad s'est inquiétée du très fort dépassement des valeurs de radioactivité et Grennpeace a rappelé les dangers du nucléaire. En ne disant rien, les autorités ne risquent pour l'instant pas d'être accusées de mensonge. Mais le silence pourrait, s'il se prolonge, confiner à l'irresponsabilité.
Interdictions maintenues après la fuite de Tricastin
Reuters - 09.07.08 - L'interdiction de pêche, de baignade et d'irrigation et les restrictions sur la consommation d'eau ont été maintenues mercredi jusqu'à nouvel ordre dans trois communes du Vaucluse après un rejet radioactif d'uranium près de la centrale nucléaire du Tricastin, qui suscite de nombreuses interrogations. "Au regard de la nécessité de procéder à des analyses sur une plus long durée, le préfet décide le maintien des mesures de précaution", annonce la préfecture du Vaucluse dans un communiqué.
Sont concernées les communes de Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône. Les autorités ont révélé que l'incident intervenu à Socatri, filiale de retraitement de déchets du géant français du nucléaire Areva, s'était en fait produit lundi soir vers 23h00, et non mardi matin comme initialement indiqué. Il n'a été signalé à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) que plus de huit heures après, vers 07h30 mardi matin et les communes concernées n'ont été prévenues que mardi en milieu de journée, soit 12 heures après.
Le maire de Bollène, Marie-Claude Bompard, estime avoir été "sous-informée". L'ASN a annoncé qu'elle allait effectuer sur place des mesures pour évaluer l'ampleur du rejet et ses conséquences sur l'environnement. Les résultats sont attendus jeudi. L'incident n'a pas été classé sur l'échelle des risques dans l'attente de ces résultats, a précisé le président de l'ASN, André-Claude Lacoste, lors d'une conférence de presse. La Socatri avait initialement annoncé unilatéralement un classement au degré 1, le moins grave. Des associations écologistes dénoncent une "rétention délibérée d'informations" et s'étonnent du silence du gouvernement. Sollicité par Reuters, le ministère de l'Ecologie n'a pas fait de déclaration depuis la révélation de l'affaire. D'après les associations écologistes, le rejet pourrait être très important. L'une d'entre elles, la Criirad, annonce un dépôt de plainte devant la justice.
INCERTITUDE SUR LA QUANTITE Le rejet accidentel dans deux rivières, la Gaffière et du Lauzon, aurait été provoqué lors du nettoyage d'une cuve de rétention de l'usine, selon la version présentée par la Socatri, située à côté de la centrale nucléaire. Ce site était en travaux à la suite d'une première demande de l'ASN en 2007. Il avait été question mardi d'un rejet de 30 mètres cubes (m3) de liquide radioactif comportant 12 grammes d'uranium par litre, mais la société Socatri a réévalué mercredi la quantité à 18 m3, selon son service de presse interrogé par Reuters.
La préfecture du Vaucluse reprend cette évaluation de 18,07, précisant qu'elle correspond à un rejet de 224 kg d'uranium dans l'environnement, dont seulement 74 kgs se seraient écoulés dans les rivières, 150 étant restés sur le site de la société. La préfecture assure que le taux d'uranium relevé mardi dans les rivières "reste supérieur à la normale, mais en forte diminution par rapport aux valeurs de la matinée du 8 juillet". L'ASN a déclaré de son côté ne "pas pouvoir répondre précisément" à la question de la quantité et il ne se prononce pas sur les risques : "le juge de paix sera les mesures de radioactivité dans l'environnement", a dit André-Claude Lacoste. Compte tenu des délais d'alerte, des sanctions contre la société seront prises "si nécessaires", a-t-il précisé.
Le Réseau "Sortir du nucléaire" estime qu'il y a "eu vraisemblablement mise en danger délibérée de la population, avec de possibles contaminations". L'association Criirad, qui prône une information "indépendante sur la radioactivité", estime que sur la base des dernières déclarations de rejet de la société, il est possible de dire que la limite réglementaire de rejet mensuel a été 161 fois supérieure à la limite mensuelle.
Tricastin : 770 T de déchets radioactifs enfouis dans le sol depuis 30 ans
AFP - 09.07.08 - La Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) dénonce la présence de 770 tonnes de déchets radioactifs enfouis depuis plus de 30 ans sur le site nucléaire de Tricastin (Drôme) et réclame la décontamination intégrale du site. "Il s'agit de pratiques scandaleuses à l'origine, mais encore aujourd'hui. Avec les intempéries, les déchets affleurent à l'air libre et plutôt que de les enlever, on remet une couche de terre dessus", a déploré mercredi la directrice de la Criirad, Corinne Castanier.
Ces déchets, sans rapport avec l'incident nucléaire survenu mardi à Tricastin, ont été enfouis entre 1969 et 1975, et forment un tumulus de terre sur un périmètre exploité par la Cogema (Areva NC Pierrelatte). La Criirad en a fait la découverte à l'issue de relevés révélant une légère irradiation près de la butte, puis de recherches dans les inventaires de l'Agence nationale des déchets radioactifs (ANDRA), où ces déchets n'apparaissent pour la première fois qu'en 2002, selon Mme Castanier. Toutefois, selon Areva NC, "il ne s'agit pas d'une décharge sauvage mais d'installations identifiées. C'est un sujet connu, qui a fait l'objet d'études et de recommandations depuis plusieurs années", a expliqué Gilles Salgas, responsable de la communication.
Il admet néanmoins "un certain flou" qu'il explique par le "secret défense": "Il s'agit de matériels issus d'usines travaillant pour la défense nationale et il a donc pu exister à une époque une certaine discrétion", a-t-il indiqué, soulignant qu'Areva faisait "ce qui est préconisé dans un rapport d'experts de 1997", à savoir un "suivi environnemental". Toutefois, selon Mme Castanier, ce même rapport avait aussi conclu qu'à cette date, "environ un tiers des déchets d'uranium avait fui dans la nature", suscitant des inquiétudes sur une éventuelle pollution de la nappe phréatique située sous la butte.
Tricastin-Interrogations après la fuite de produits radioactifs
Reuters - 09.07.08 - Les inspections officielles vont être menées pour évaluer la gravité du rejet radioactif accidentel d'uranium survenu près de la centrale nucléaire du Tricastin, dans la Drôme et dans le Vaucluse, révélé mardi mais qui s'est en fait déroulé lundi soir. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a déclaré mercredi qu'elle attendait les résultats des mesures pour se prononcer quant à l'ampleur exacte de la fuite et de ses retombées. Ses inspecteurs étaient attendus sur place dans la journée.
L'incident n'a pas été classé sur l'échelle des risques dans l'attente de ces résultats, a précisé le président de l'ASN, André-Claude Lacoste, lors d'une conférence de presse. La préfecture du Vaucluse a tenu une réunion de crise et devait décider dans la journée si elle prolongeait ou non les interdictions de consommation d'eau potable, de pêche, de baignade, d'activités nautiques et d'irrigation prononcées mardi dans trois communes : Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône.
Des associations écologistes dénoncent une "rétention délibérée d'informations" et l'absence de déclarations du gouvernement. D'après leurs propres calculs, le rejet pourrait être très important. L'une d'entre elles, la Criirad, annonce un dépôt de plainte devant la justice. L'ASN a révélé mercredi que l'incident s'était déroulé vers 23h00 (21h00 GMT) lundi et qu'elle n'avait été alertée par la société concernée, Socatri, filiale d'Areva , que vers 07h30 (05h30 GMT) mardi matin.
Le rejet accidentel dans deux rivières d'effluents uranifères radioactifs aurait été provoqué lors du nettoyage d'une cuve de rétention de l'usine, selon la version présentée par cette société de retraitement des déchets nucléaires, située à côté de la centrale. Il avait été question mardi d'un rejet de 30 mètres cubes (m3) de liquide radioactif comportant 12 grammes d'uranium par litre, mais la société Socatri a évalué mercredi la quantité à 18 m3, selon son service de presse interrogé par Reuters. L'ASN a déclaré de son côté ne "pas pouvoir répondre précisément" à la question de la quantité.
POSSIBLES SANCTIONS "L'exploitant a fait une déclaration à l'ASN, le débordement a eu lieu à 23h, l'ASN a été prévenue à 7h30, l'exploitant n'a pris la mesure de l'importance du rejet qu'à midi. L'ampleur du rejet a été constatée par la mesure de la radioactivité dans l'environnement", a dit André-Claude Lacoste. "Le juge de paix sera les mesures de radioactivité dans l'environnement. On recevra dans la matinée de nouvelles mesures", a ajouté le président de l'ASN. Des sanctions contre la société seront prises "si nécessaires", a-t-il précisé. D'autres responsables de l'ASN ont expliqué mardi que la société avait déjà été priée d'effectuer des travaux fin 2007.
Le Réseau "Sortir du nucléaire" accuse Areva de "retention délibérée d'informations". "On peut penser que dans un premier temps, Areva a pensé pouvoir cacher l'existence de cet accident, avant de se rendre à l'évidence. (...) Il y a donc eu vraisemblablement mise en danger délibérée de la population, avec de possibles contaminations", dit l'organisation dans un communiqué.
Libération - mercredi 9 juillet 2008La cuve de rétention n’était plus étanche. Hier matin, 360 kilos d’uranium ont été accidentellement rejetés, au cours du nettoyage d’une cuve sur le site nucléaire du Tricastin, à Bollène (Vaucluse). Environ 30 m3 d’effluents se sont déversés sur le sol ainsi que dans le canal adjacent qui conduit aux rivières la Gaffière et l’Auzon. Selon les autorités nucléaires, le rejet ne présente pas de risque sanitaire immédiat. La préfecture a tout de même décidé d’interdire pêche, irrigation, baignade, activités nautiques et consommation d’eau aux alentours. L’exploitant procède actuellement à des mesures précises des rejets.
Diluée. Selon Thierry Charles, de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), une partie de la solution a été récupérée par l’industriel, la société Socatri qui intervient sur le site du Tricastin pour la maintenance de matériels contaminés par de l’uranium et le traitement d’effluents uranifères. Une autre partie s’est largement diluée dans les cours d’eau et la troisième n’a pas atteint la nappe phréatique. «A l’instant T, il n’y pas de problème car les gens ne peuvent plus pomper les eaux de cette nappe.» L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a affirmé de son côté que la concentration en uranium mesurée dans une des rivières polluées, la Gaffière, «a été de l’ordre de mille fois [ce qui est] habituellement relevé, et est actuellement en rapide diminution. En cas de consommation éventuelle de poisson, l’impact sanitaire est très limité», a-t-elle ajouté. «Un incident industriel classique», a estimé Thierry Charles.
Mesures. Pas si simple pour les ONG. Sortir du nucléaire - qui appelle à une mobilisation antinucléaire samedi à Paris - a publié un communiqué pour contester «les avis rassurants des autorités et rappeler que le nucléaire est dangereux et sale». «Il est en effet impossible qu’un tel rejet, contenant de l’uranium, n’ait pas de conséquences importantes sur l’environnement et peut-être sur la santé de riverains.».
Selon la Criirad, organisme né au lendemain de Tchernobyl et qui réalise des mesures indépendantes, «l’usage de l’unité de masse au lieu de l’unité de mesure de la radioactivité ne rend absolument pas compte de l’ampleur de la fuite». En effet, pour Yannick Rousselet de Greenpeace, «le problème, c’est qu’on ne sait pas de quel uranium il s’agit». Sur le site du Tricastin, on n’a que l’embarras du choix. «On trouve toute la panoplie du cycle de l’uranium : enrichi, usé, de retraitement, sous forme de gaz ou de poudre…»
La Voix du Nord - 09.07.2008
Une fuite d'une solution contenant de l'uranium s'est produite hier dans une usine nucléaire du Tricastin à Bollène, dans le Vaucluse. Une partie s'est déversée dans des rivières. Informé par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) d'un risque évalué « faible » pour la population, le préfet a toutefois interdit la consommation de l'eau issue de captage privé dans trois communes.
Un rejet accidentel s'est produit hier dans l'usine nucléaire Socatri du Vaucluse - qui fonctionne depuis 1975 -, avec déversement sur le sol, ainsi que dans le canal adjacent, d'une solution contenant des traces d'uranium. Ces effluents, qui contenaient 12 grammes d'uranium par litre, se sont écoulés pour partie jusqu'aux rivières la Gaffière et l'Auzon. Un plan de mesures et de surveillance de l'environnement a été immédiatement mis en place, ainsi qu'une opération de décontamination de la zone polluée sur le site. L'incident a été classé niveau un sur une échelle de 0 à 7.
Le préfet du Vaucluse, informé par l'ASN « d'un risque évalué faible pour la population », a tout de même décidé l'interdiction de la consommation d'eau potable issue de captages privés sur les communes de Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône.
L'irrigation agricole issue de la Gaffière et de l'Auzon est par ailleurs suspendue et les activités nautiques et la baignade sont interdites sur des plans d'eau de Bollène et Lapalud. La pêche et la consommation sont également interdites dans la Gaffière, l'Auzon, la Mayre Girarde et le lac du Trop-Long, près duquel une base de loisirs a été évacuée. « En cas de consommation éventuelle de poisson, l'impact sanitaire est très limité », a assuré par ailleurs l'ASN.
La pollution diminue
Hier en milieu de soirée, à la préfecture du Vaucluse, on indiquait que « les derniers résultats d'analyse seront connus dans la nuit mais aucune contamination des nappes phréatiques n'a été enregistrée. Quant aux eaux superficielles, les mesures montrent que la pollution diminue d'heure en heure ». Les organisations contre le nucléaire multiplient les critiques. Le réseau Sortir du nucléaire appelle d'ailleurs à une manifestation samedi à Paris.
La Provence - mercredi 9 juillet 2008
360 kg d'uranium déversés par accident sur le site nucléaire du Tricastin
Il y a quelques jours, la CRIIRAD, Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité, lançait une mise en garde: le site nucléaire du Tricastin, dans le Vaucluse, ne respectait pas les normes de stockage des déchets radioactifs. Peine perdue. Hier, dans la nuit, 30m3 d'effluents uranifères , contenant près de 360kg d'uranium, sont déversés par accident dans le sol et dans deux rivières avoisinants le site nucléaire. Certes, entre les cris aux loups de la CRIIAD et cet incident survenu dans une des filiales d'Areva, la dénommée Socatri, a priori aucun lien n'existe vraiment. Mais force est de constater qu'à travers ce fâcheux événement, la confiance dans le nucléaire risque à nouveau de s'éroder.
Sur le site du Tricastin, près de Bollène, Socatri est en charge du retraitement des déchets provenant de l'usine voisine Eurodif, spécialisée dans l'enrichissement d'uranium. Hier, lors d'un transfert de cuve, la solution contenant les produits radioactifs a débordé. En théorie, une seconde cuve, dite de rétention, est prévue pour parer à tout incident. Sauf que dans ce cas, elle était défaillante, laissant ainsi se déverser 30m3 d'effluents dans le sol et dans deux rivières proches, La Gaffière et L'Auzon, deux affluents du Rhône. Très rapidement, des opérations de nettoyage et de décontamination ont été mises en oeuvre. En milieu d'après-midi, les mairies de Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône promulguent un arrêté sur les instructions des préfectures du Vaucluse et de la Drôme.
La consommation d'eau potable issue des captages privés est interdite, tout comme l'irrigation agricole, les activités nautiques et la baignade sur les plans d'eaux du secteur. La pêche est également suspendue. Du côté de l'Autorité de sécurité nucléaire (ASN), comme chez Areva, on joue la carte de l'apaisement. "Une grande partie de la pollution a atteint le Rhône. Elle va être diluée dans la masse du fleuve et ne devrait avoir aucun impact mesurable", explique Marc Champion de l'ASN. Il poursuit: "Nous effectuons des mesures pour arriver à une estimation des risques, mais pour le moment il ne faut pas s'inquiéter outre mesure".
À la CRIIRAD, si l'on ne souhaite pas être alarmiste, on avance néanmoins quelques chiffres. Les rejets, occasionnés par l'accident, seraient 6000 fois supérieurs aux quantités autorisées. "Ce n'est pas un incident banal. Nous devons attendre pour pouvoir évaluer les conséquences sur l'environnement. En tout cas, cela souligne les nombreux dysfonctionnements du Tricastin, un des fleurons du nucléaire français!" ponctue Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire pour la CRIIRAD.
Quelque 360 kg d'uranium se sont déversés dans l'environnement du site nucléaire du Tricastin, sur la commune de Bollène (Vaucluse), dans la nuit du 7 au 8 juillet. L'accident est survenu dans une installation de la société Socatri, filiale d'Areva, qui assure la décontamination de matériels et la récupération de l'uranium traité par l'usine d'enrichissement d'Eurodif, installée sur le même site. Les circonstances du déversement accidentel de 30 m3 de solution contenant 12 grammes d'uranium par litre restent encore à élucider.
Les préfets du Vaucluse et de la Drôme ont interdit, jusqu'à nouvel ordre, la consommation d'eau potable issue de captages privés sur trois communes, mais aussi la baignade et la pêche dans les cours et plans d'eau avoisinants. L'irrigation agricole est stoppée.
Les effluents radioactifs se sont en effet infiltrés pour partie dans le sol à l'intérieur même de l'établissement. Mais une quantité mal évaluée a rejoint par le réseau des eaux pluviales les rivières de la Gaffière, puis du Lauzon qui se déverse dans le Rhône. La société Socatri, qui a immédiatement effectué des mesures, " a constaté un dépassement de la valeur préconisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les eaux destinées à la consommation humaine d'un facteur 1 000 pendant une courte période correspondant au passage du pic de pollution ", indique l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Chargé de l'expertise en cas d'accident, cet organisme estime cependant que les " conséquences radiologiques pour les populations devraient être négligeables ".
100 FOIS LE REJET ANNUEL
" Dans la mesure où les gens ne consomment pas l'eau de la nappe phréatique, les risques de contamination sont inexistants ", estime Thierry Charles, directeur de la sûreté des usines à l'IRSN. Un plan de surveillance sur 12 points de prélèvement d'eau va être mis en place pour vérifier l'évolution des teneurs dans les semaines et les mois à venir. Ces analyses permettront de déterminer à quelle échéance les mesures de restrictions pourront être levées.
Elles pourraient l'être à plus faible délai dans les cours d'eau, qui assurent une dilution plus rapide, " lorsque nous serons assurés que l'uranium ne s'est pas fixé sur les sédiments ", précise Charles-Antoine Louet, chef de division de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à Lyon. Si les autorités se veulent rassurantes, les associations de défense de l'environnement s'inquiètent de l'ampleur de la pollution. Sortir du nucléaire évoque le risque de cancer lié aux contaminations de ce type.
Bruno Chareyron, responsable du laboratoire de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), note que " la radioactivité contenue dans ce rejet a été plus de 100 fois supérieure à la limite annuelle fixée pour cet établissement ". Il ne veut pas encore se prononcer sur l'impact environnemental et sanitaire de l'accident, " attendant plus de données pour l'évaluer ".
Il y a quelques jours, la Criirad s'était inquiétée de l'entreposage sous un tumulus de terre de 770 tonnes de déchets radioactifs d'origine militaire au Tricastin. " Cela fait beaucoup pour un site qui est la deuxième plate-forme nucléaire française, après La Hague ", note-t-il.
Métro - 08-07-2008 - Alexandre Zalewski
C’est un incident à priori sans conséquences, mais qui suscite de multiples inquiétudes. Hier, un rejet accidentel de 30 m3 d'effluents contenant 12 gr d'uranium par litre s'est produit dans une usine de la société Socatri, sur site de la centrale nucléaire du Tricastin, à Bollène(Vaucluse) et une partie s'est déversée dans des rivières.
Informé par l'Autorité de sûreté nucléaire d'un risque évalué "faible" pour la population, le préfet a toutefois interdit la consommation de l'eau issue de captage privé dans trois communes. "Cet incident a été déclaré niveau 1 par l'exploitant en liaison avec l'autorité de sûreté" nucléaire, au bas de l'échelle des incidents nucléaires qui va de 0 à 7, a déclaré Catherine Dalverny, directrice de la communication du site du Tricastin. C'est la première fois qu'un tel incident se produit", a assuré Gilles Salgas, responsable de la communication de Socatri (groupe Areva).
La Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (Criirad) a pour sa part dénoncé le "manque de fiabilité" du site. Selon la Criirad, la quantité d'uranium rejetée lors de ce seul incident dépasserait de plus de 100 fois le maximum que l'entreprise Socatri est autorisée à rejeter pendant une année entière.
« Le risque sanitaire est effectivement faible, mais cet incident, non négligeable, fait suite à un nombre croissant d'autres incidents, montrant une dégradation de la gestion des déchets sur un site pourtant appelé à se développer", a déploré Corinne Castanier, présidente de la Criirad. Le réseau Sortir du nucléaire estime quant à lui qu’il « est impossible qu'un tel rejet, contenant de l'uranium, n'ait pas de conséquences importantes sur l'environnement et certainement sur la santé de riverains", et appelle à une mobilisation antinucléaire internationale samedi à Paris.
AFP - 8 juillet 2008 - MARSEILLE -Un rejet accidentel de 30 m3 d'effluents contenant 12 gr d'uranium par litre s'est produit mardi sur le site du Tricastin à Bollène (Vaucluse), et des mesures de précaution ont été prises pour le public, ont annoncé les préfets du Vaucluse et de la Drôme.
Le rejet s'est produit à 6H30 pendant une opération de nettoyage d'une cuve dans l'usine Socatri, avec déversement sur le sol ainsi que dans le canal adjacent, polluant ensuite les rivières La Gaffière et L'Auzon, ont précisé les préfets dans un communiqué.
Les effluents contenaient 12 grammes d'uranium par litre, mais, selon le communiqué, l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a évalué le risque comme faible pour la population.
Des mesures de précaution ont été prises, interdisant notamment la consommation d'eau potable issue de captages privés sur les communes de Bollène, Lapalud et Lamotte-du-Rhône.
Elles prévoient également de stopper l'irrigation agricole issue des rivières La Gaffière et L'Auzon, et d'interdire les activités nautiques et la baignade sur les plans d'eau du Trop-Long, du Baltraces (Bollène) et des Girardes (Lapalud).
Parallèlement, la pêche et la consommation de poisson sont interdites dans les deux rivières concernées ainsi que la Mayre Girarde et le lac du Trop-Long, ont ajouté les préfets.
Associated Press - 08.07.2008 - Une fuite d'une solution contenant de l'uranium s'est produite mardi dans une usine du site nucléaire du Tricastin à Bollène (Vaucluse) et une partie s'est déversée dans des rivières, a-t-on appris auprès de l'Autorité de sûreté nucléaire. La mairie de Bollène a interdit notamment la consommation de l'eau alors que des mesures étaient en cours pour déterminer la gravité de la pollution.
Environ 30m3 de solution uranifère se sont déversés sur le sol, une partie à l'intérieur de l'établissement et une autre dans les eaux de la Gaffière puis de l'Auzon, selon Evangelia Petit, responsable du service de presse de l'ASN. L'usine concernée est spécialisée dans la maintenance et le démantèlement de matériel nucléaire. Un des réservoirs de la station de traitement des solutions uranifères aurait débordé, a-t-elle précisé, évoquant des travaux en cours qui auraient entamé l'étanchéité.
Un représentant de l'ASN sur place en préfecture a recommandé des mesures de restrictions pratiques des activités nautiques, de pêche, de l'utilisation de l'eau à des fins d'irrigation et de consommation, a précisé Mme Petit. L'ASN n'a pas donné encore d'indication sur le degré de gravité de l'incident.
A la mairie de Bollène, on précisait qu'après l'incident survenu dans la matinée, les services de la préfecture effectuaient des mesures pour déterminer l'importance de la pollution. Alertés par la préfecture du Vaucluse, la mairie a pris des arrêtés interdisant la consommation d'eau, de poissons, l'arrosage, les baignades et sports nautiques et aquatiques jusqu'à nouvel ordre, ajoutait-on.
Nouveau dysfonctionnement grave sur le site nucléaire du Tricastin
Premier commentaire de la CRIIRADCommission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité
CRIIRAD 471 av. Victor Hugo 26000 VALENCE
Tel : 04 75 41 82 50 - Fax : 04 75 81 26 48
Email : www.criirad.org / Site web : www.criirad.org
Un communiqué des Préfectures du Vaucluse et de la Drôme vient d’informer le public qu’une opération de nettoyage d’une cuve sur le site de la SOCATRI a conduit au déversement de 30 m3 d’effluents radioactifs sur le sol et dans le canal adjacent. Ce communiqué vient d’être complété en fin de journée par un communiqué de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Les communiqués des Préfectures et de l’ASN indiquent que ces effluents contenaient 12 grammes d’uranium par litre. L’utilisation de l’unité de masse au lieu de l’unité de mesure de l’activité (le becquerel) ne rend pas compte de l’ampleur de la fuite. Il est utile de comparer le rejet accidentel aux limites annuelles que doit respecter la SOCATRI.
1. Violation de la limite annuelle de rejet
En prenant l’hypothèse d’un rapport isotopique naturel (soit 0,7% d’uranium 235) et de l’absence d’uranium artificiel (ni uranium 236 ni uranium 232), l’activité massique correspondant à 12 grammes par litre est d’un peu plus de 307 000 Bq/litre1, soit pour 30 mètres cube d’effluents, une activité totale en uranium de plus de 9 000 000 becquerels, soit 9 200 MBq (mégabecquerels)
Aux termes de l’arrêté du 16 août 2005, la SOCATRI ne doit pas rejeter sur un an, dans le canal de Donzère-Mondragon, plus de 71,7 MBq en isotopes de l’uranium.La fuite qui s’est produite a donc conduit à un rejet dans l’environnement plus de 100 fois supérieur à la limite annuelle (128 fois sur la base d’une hypothèse qui n’est absolument pas maximaliste).
Précisons par ailleurs, que les rejets doivent être effectués dans le canal de Donzère-Mondragon, où le débit doit assurer une dilution suffisante des effluents radioactifs. Ici le rejet a été effectué en partie dans un canal et dans le ruisseau de La Gaffière (qui ne présente pas les capacités de dilution requises) et pour partie sur le sol (aucune précision n’a été donnée sur les volumes de terre contaminés, ni sur les risques d’infiltration vers la nappe alluviale qui n’est qu’à 2 ou 3 mètres de profondeur).
Par ailleurs, si les effluents contenus dans la cuve proviennent d’installations qui travaillent sur l’uranium de retraitement (un uranium qui comporte des radionucléides artificiels) les rejets sont strictement interdits.
2. Violation de la limite d’activité volumique (concentration)
Aux termes de l’arrêté du 16 août 2005, la limite d’activité volumique des isotopes de l’uranium dans les effluents après traitement doit être inférieure à 50 Bq/l. Toujours sur la base d’un rapport isotopique naturel et de l’absence d’isotopes artificiels, l’activité massique des effluents serait d’environ 300 000 Bq/l, soit un dépassement de plus de 6 000 fois la limite réglementaire.
La CRIIRAD demande la communication immédiate des résultats d’analyse détaillés par radionucléide, ce qui permettra d’affiner les calculs et de préciser la nature des infractions et l’importance des risques environnementaux, voire sanitaires. Les effluents étant stockés dans une cuve, la SOCATRI devait en connaître la composition isotopique... ou alors c’est un dysfonctionnement supplémentaire. La transparence est dans tous les discours, ce serait mieux qu’elle soit dans les actes.
Il est intéressant de remarquer que lorsqu’une fuite accidentelle se produit et qu’elle est inférieure, ou très inférieure, aux limites de rejet, cette comparaison est systématiquement mise en avant par l’exploitant et l’Autorité de sûreté nucléaire et l’Etat. En revanche, lorsque la fuite représente un dépassement considérable (plus de 100 fois et plus de 6 000 fois) des limites maximales, la comparaison disparait du discours officiel et les résultats sont présentés… en grammes !
1 Cette activité pourrait être nettement supérieure avec une teneur en uranium 235 supérieure à la teneur naturelle (la SOCATRI peut traiter de l’uranium enrichi jusqu’à 5% !) et en cas de présence d’uranium de retraitement (et donc d’isotopes artificiels de l’uranium).
Scandale AU Tricastin : Plus de 770 tonnes de déchets radioactifs enfouis depuis plus de 30 ans à même le sol, en toute illégalité !
Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité
CRIIRAD 471 av. Victor Hugo 26000 VALENCE
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La CRIIRAD demande la publication d’un bilan exhaustif, la reprise de la totalité des déchets et la décontamination intégrale du site.
RV pour un débat sur cette question demain 4 juillet, à partir de 8h30
Réunion de la CIGEET, Valence, Préfecture de la Drome (salle Barjavel).
Le site nucléaire du Tricastin est implanté à la limite des départements de la Drôme et du Vaucluse, sur le territoire des communes de Pierrelatte, St-Paul-3-Châteaux et Bollène. Il englobe 8 Installations Nucléaires de Base (INB1), plusieurs Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) ainsi que l’Installation Nucléaire de Base Secrète (INB-S) du CEA-Cogéma.
A diverses reprises dans le passé, le laboratoire de la CRIIRAD a mis en évidence des niveaux d’irradiation anormalement élevés en limite du site nucléaire du Tricastin. Ces contrôles révélaient des défauts d’application des règles de radioprotection et soulevaient d’importantes questions sur l’exposition des travailleurs intervenant à l’intérieur du site.
Les niveaux les plus irradiants étaient identifiés sur le côté Ouest, au niveau du parc à fûts et du portail d’entrée AREVA – SAUR : de l’ordre de 400 coups par seconde (c/s) relevés au DG5 pour un bruit de fond normal d’environ 60 c/s.
Une autre zone anormale, bien que moins marquée (130 à 140 c/s), était repérée sur le côté Est, au nord des installations EDF et COMURHEX, au droit d’une sorte de tumulus. Ce tumulus est situé dans le périmètre de l’INB-S dont le CEA est propriétaire et Cogéma (AREVA NC) l’exploitant.Les recherches documentaires que nous avons effectuées conduisent à considérer que le rayonnement détectable sur le chemin des agriculteurs pourrait provenir du tumulus lui-même. En effet, il ne s’agit pas d’une simple butte de terre mais d’un amoncellement de déchets radioactifs et chimiques directement enfouis dans le sol !
ANALYSE DES INVENTAIRES ANDRA
L’Agence nationale des déchets radioactifs (ANDRA) publie depuis 1993 un inventaire national des déchets radioactifs. Le premier inventaire ne mentionne ni le tumulus, ni même l’existence des déchets. Les inventaires publiés de 1994 à 1999 consacrent une fiche aux déchets radioactifs de l’INB-S CEA-COGEMA de Pierrelatte (fiche référencée RHO 28, puis RHO 28B). Ils sont présentés comme des « déchets d’exploitation et d’assainissement issus des installations d’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse et traitements chimiques ». Il s’agirait de « déchets de barrières de diffusion gazeuse, fluorures, boues chromiques » pour une activité totale de 42 GBq et de « déchets divers, gravats… » pour 8 GBq. La fiche indique qu’il s’agit d’un entreposage mais ne fait aucune allusion au fait que les déchets ne sont pas dans des modules bâtis mais ont été directement enfouis dans le sol.Il faut attendre l’inventaire ANDRA de 20022 pour apprendre que les déchets des installations de production d’uranium enrichi à usage militaire ont été « enfouis entre 1969 et 1976 dans une butte de terre d’un volume d’environ 15 000 m3 ». La terre, qui recouvre les déchets, les dissimule à la vue mais pas à l’action délétère des eaux météorites. Il s’agit d’une violation caractérisée des règles de stockage qui doivent garantir que les déchets sont isolés de l’environnement et qu’il est possible de les contrôler et, si nécessaire de les reconditionner. Ces pratiques sont choquantes y compris pour le début des années 70.
On ne peut exclure que l’ANDRA ait souhaité occulter les conditions de stockage scandaleuses de ces déchets mais le plus probable est qu’elle ne fasse que répercuter les informations que l’exploitant veut bien communiquer. La CRIIRAD a pu constater sur plusieurs dossiers que l’Agence nationale n’effectue aucun contrôle sur le terrain et que l’analyse critique des données des exploitants est très insuffisante3. Les informations contenues dans les inventaires doivent donc être considérées avec beaucoup de recul.
LE CONTENU DU TUMULUS
Si l’on se réfère à l’inventaire ANDRA plus récent (publié en 2006, avec une mise à jour à mai 2005 pour la fiche RHO-43), l’amoncellement de déchets radioactifs serait constitué de :
- déchets radioactifs provenant des 4 usines militaires de séparation isotopique (usines militaires basse, moyenne, haute et très haute correspondant respectivement à de l’uranium faiblement, moyennement, fortement et très fortement enrichi, soit plus de 90% d’uranium 235). Ces déchets seraient constitués de barrières de diffusion pour une masse totale de 760 tonnes. L’ANDRA ne donne aucune précision ni sur la composition des déchets, notamment sur leur teneur en uranium 235, ni sur les éventuels risques de criticité ;
- des déchets de catégorie TFA-VL - très faible activité mais vie longue (en l’occurrence, très, très longue) - constitués de filtres de conditionnement (46 m3) et de fluorines ((14 000 m3) ;
- de déchets toxiques sur le plan chimique (chrome trivalent notamment) présentés comme exempts de radioactivité (mais sans précision chiffrée, en particulier sur les protocoles de contrôle ni sur les seuils de détection). L’ANDRA indique qu’il s’agit de boues issues de la station de traitement des effluents, sans préciser le volume ou le tonnage déversés sur le tumulus.
LES DEMANDES DE LA CRIIRAD
Sur la base des investigations conduites par son laboratoire et des messages alarmants qui lui sont parvenus, la CRIIRAD demande :
1- la communication d’un état détaillé de la structure du tumulus et des déchets radioactifs et chimiques qu’il contient : descriptif de l’emplacement initial (présence d’une dalle de protection, d’un réseau de drainage… ou absence totale de protection de la nappe contre les infiltrations d’eau ? amoncellement à partir du niveau du sol ou en profondeur ? etc.) ; historique des déversements : dates, volumes, masses, nature des conditionnements (s’il existe), masses de terre utilisées pour le recouvrement, etc.
2- la reprise des déchets, leur caractérisation, leur reconditionnement éventuel (vérification de l’étanchéité des fûts, de leur absence de contamination externe) et leur transfert vers des installations d’entreposage ou de stockage ad hoc ;
3- le contrôle radiologique et chimique de la terre dans laquelle les fûts et autres déchets ont été enfouis et, si nécessaire, le conditionnement et le stockage des volumes contaminés ;
4- l’autorisation d’accéder au site afin d’effectuer des mesures radiamétriques et spectrométriques au niveau du tumulus et de procéder à des prélèvements d’eau au niveau des piézomètres afin de vérifier si les informations relatives à la contamination des eaux souterraines sont avérées ou relèvent de la rumeur.
La CRIIRAD a en effet reçu récemment plusieurs courriers et appels téléphoniques de travailleurs intervenant sur le site du Tricastin l’alertant sur des dysfonctionnements graves, et notamment 1/ sur l’érosion que subit le tumulus de déchets (pluie, vent…), érosion qui a mis à jour récemment un certain nombre de fûts et qui a été traitée en déversant une nouvelle couche de terre sur les déchets ; 2/ sur la contamination (chimique et radiologique) de la nappe située au droit du site.
L’URGENCE
Les interventions doivent être conduites dans les meilleurs délais. En effet, plus le temps passe, plus le nombre de fûts corrodés et éventrés augmente, plus augmentent les risques de pollution du sol et des eaux souterraines, le nombre de personnes exposées aux rayonnements émis par le tumulus et les risques de contamination par inhalation de gaz et d’aérosols radioactifs.
Cela fait plus de 30 ans que ce dépôt illégal de polluants radioactifs et chimiques se maintient, en toute impunité, en violation des principes fondamentaux de gestion des déchets, principes censés garantir la préservation de l’environnement et la protection sanitaire des travailleurs et du public.
Il est choquant de constater que ni l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), ni les ministères concernés n’ont exigé de mise en conformité et qu’ils continuent au contraire d’accorder aux exploitants de nouvelles autorisations. Le traitement des pollutions passées et le confinement des déchets toxiques devraient constituer un préalable à tout nouveau projet de développement.
1 INB 87 et 88 correspondant aux 4 réacteurs du CNPE EDF ; INB 93 pour l’usine EURODIF d’enrichissement par diffusion gazeuse (Georges Besse) ; INB 105 pour l’usine COMURHEX de conversion de l’UF4 en UF6 ; INB 138 pour les installations SOCATRI d’assainissement et de récupération de l’uranium ; INB 155 pour l’usine TU5 d’AREVA NC (Cogéma) ; INB 157 pour l’installation de maintenance nucléaire d’EDF, dite Base Chaude Opérationnelle du Tricastin (BCOT) ; INB 168 pour la future usine SET d’enrichissement de l’uranium par centrifugation (Georges Besse II) dont la construction a été autorisée en avril 2007.
2 Il est possible que l’information figure dans l’inventaire publié en 2000 dont la CRIIRAD ne dispose pas. En 2001, il n’y a pas eu de publication.
3 Cf. par exemple les dossiers Malvési-Comurhex (aucune mention de la présence des transuraniens dans les quelques 300 000 tonnes de déchets radioactifs, disparition du radionucléide clef, le thorium 230, etc) et Gueugnon-AREVA (rien sur les 26 000 tonnes de résidus radioactifs présents dans le sol du parking du stade de foot, pour ne citer que les plus récents).
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