Régionales et
cantonales : Transformer l’essai
Nous avions pour ces élections régionales deux objectifs:
1) Que le débat ne se limite pas à un duel hexagonal droite gauche
autour de la politique gouvernementale. Même si nous combattons les mesures
anti sociales de Raffarin nous tenions à rappeler quelques enjeux majeurs pour
ces échéances.
a) Faire de la région un espace de solidarité et de citoyenneté.
Face au désengagement, toujours plus fort de l'Etat, des relais plus proches
des populations doivent être trouvées. Communautés de communes ou Pays et
régions, en tant que coordinateurs de territoires, nous semblent être la
réponse appropriée pour rapprocher les décisions des personnes qu'elles
concernent. Reste à rendre ces institutions transparentes et démocratiques, en
tournant le dos aux pratiques clientélistes de guichet pour la région, en
élisant les conseillers communautaires au suffrage universel pour les
communautés. Ces logiques, 6ième république, vont constituer une bataille
politique majeure des années à venir. Les occitanistes prendront toute leur
place dans ce combat.
b) Faire avancer l'interrégion occitane pour faire bouger l'Europe.
Basé sur la réalité toujours vivante de la langue et de la culture d'Oc, le
fait occitan est un outil pour faire de l'Europe une réalité. D'abord en
trouvant des espaces économiquement cohérents avec la catalogne et l'Italie du
Nord et donc pour rééquilibrer, par l'affirmation de l'arc latin, l'Europe au
Sud. Ensuite pour affirmer notre solidarité avec les autres régions du monde
méditerranéen. Il est toujours surprenant d'être classé dans ce que certains
économistes appellent l'Occident. Notre Provence est une région frontière, une
région charnière. Marseille, porte de l'Orient, est une réalité hélas en désérhence.
Pour l'avenir économique, social et culturel de notre région comme de
l'ensemble du monde méditerranéen il nous faudra multiplier les échanges. Enfin
pour résister à l'hégémonie exclusive de l'hyper puissance américaine dont le
modèle militaro culturel menace aujourd'hui la bio diversité comme l'ensemble
des cultures présentes sur notre planète.
2) Affirmer notre soutien à notre camarade Anne-Marie Hautant dans
son difficile combat contre la mairie FN d'Orange.
Ces deux éléments ont été soumis aux responsables de la liste
Vauzelle avec lesquels nous avons toujours été en contact. Les propositions
faites tant sur les personnes que sur le fond ne permettaient pas une réelle
prise en compte de notre problématique. Nous avons donc pris nos responsabilités
et avons conclu un accord avec la liste de P Sanmarco. En réunissant en moins
de quinze jours 40 personnes et 26 000 Euros nous montrions la force de notre
mouvement. Nous étions début Février et beaucoup pensait que nous n'irions pas
au bout. C'était sans compter avec notre détermination. C'était oublier le
courant de sympathie qui nous porte depuis des années. Je tiens d'ailleurs à
chaleureusement remercier toutes celles et tous ceux qui se sont investis
physiquement et/ou financièrement dans cette bataille.
Au cours de la campagne au sein de la liste « Région Citoyenne » les thèmes qui nous sont chers, dont la langue, ont été mis
en débat. Notre profession de foi faisait une large place à nos idées, même si
nous aurions aimé aller plus avant dans l'affirmation du fait régional.
Notamment en demandant à ce que la région puisse défendre des dossiers au
niveau de l'Etat et de l'Europe ou puisse gérer en direct les fonds européens
la concernant. Les responsables de Convention citoyenne ne nous ont pas suivi,
préférant s'en tenir à un strict cadre légal. Mais, force est de constater, que
si nous n'avions pas participé à cette bataille la langue, la problématique
régionale, auraient été totalement absentes du débat.
Certes le résultat, 1,6%, reste insuffisant mais il est, dans un
contexte post 21 Avril où le vote utile a fait des ravages, prometteur. Je
veux retenir de cette campagne la forte mobilisation des régionalistes comme la
diffusion à grande échelle des propositions dont nous sommes porteurs.
Il est vrai que dans cette bataille nous avons souvent dû jouer des
coudes pour nous faire entendre. Les responsables de Convention Citoyenne
avaient choisi de centraliser, peut-être pour des raisons d'efficacité, les décisions
autour d'un petit groupe, sis à Marseille. Cela ne correspondant pas à notre
façon de travailler il n'a pas toujours été facile de s'entendre. Pour les
négociations je ne peux que constater notre éviction. A aucun moment il ne nous
a été possible de rencontrer les négociateurs de Michel Vauzelle. De la même
façon pour que l'accord puisse être mieux partagé, nous aurions préféré élargir
la négociation au PCF et aux Verts. Le communiqué commun qu'il en
sort est donc plus lié aux relations Vauzelle / Sanmarco qu'à une véritable
prise en compte de nos revendications.
Il est exact que la gauche pouvait se passer d'un appel à un report
de voix qui, pour une large partie, se serait réalisé naturellement. Alors que
faut-il penser d'un document dont la gestation
tourne le dos aux démarches citoyenne et régionaliste de contenu qui ont
prévalu à la constitution de la liste ? D'abord qu'il n'est pas une
garantie et qu'il faudra se mobiliser pour voir se réaliser les quelques avancées
listées.
Ensuite, en ce qui concerne nos revendications sur la langue et la
culture, nous ne pouvons que constater leur absence. Sans doute parce qu'elles
ont été portées par des personnes qui n'avaient aucune légitimité à le faire à
ce niveau là, sans doute parce que Michel Vauzelle n'a pas abandonné ses amis
du collectif "Ié dison Prouvènço" qui comparent la revendication
occitane au pangermanisme des nazis, sans doute parce qu'il faudra continuer à
nous battre pour que la langue ne soit pas saucissonnée en micro particules
indépendantes et accaparée par des tenants d'une identité fermée qui voudraient
l'amener avec eux dans la tombe.
A ce niveau là rien n'est donc réglé mais nous comptons, en
multipliant les contacts avec nos amis du PCF, des Verts et même de la majorité
du PS, faire respecter le voeu du conseil régional de Décembre et réaliser des
avancées sur cette base.
Pour la
cantonale de Peyrolles-en-Provence
aussi le combat a été rude. Je n'ai pas réalisé le score de 5% mais je m'en
approche considérablement 4,5%. A l'exception du Puy Ste Réparade et de
Meyrargues les maires de tous les villages soutenaient le candidat PS sortant
qui a bénéficié, outre de la prime à l'élu, du fait qu'il a largement contribué
à sauver le canton de Peyrolles (le rattachement de Peyrolles à Venelles, le
renommage du canton voulu par Sarkozy a été annulé par le conseil d'Etat) mais
aussi, et c'est très positif, du rejet de la main mise du clan Joissains sur la
Communauté du Pays d'Aix par toute une partie de la droite. J'observe
d'ailleurs que le maire d'Eguilles, R Dagorne candidat UDF recalé du premier
tour, n'a pas apporté son soutien au candidat Joissino-UMP, S Salord.
Deux faits auront marqué cette campagne.
D'abord, avec l'investiture des Verts, nous avons posé
clairement le problème d'ITER. Même si la population ne rejette pas massivement
le projet, beaucoup s'interrogent sur l'arrivée d'une population nouvelle qui,
avec le pouvoir de l'argent, ne manquera pas d'augmenter une pression foncière
déjà très largement insupportable.
Ensuite, sans cesse, j'ai mené la bataille en provençal. Pais
sestian per faire avans était mon slogan. Je crois qu'il ma valu beaucoup de
sympathie. A tel point que la langue a fait son apparition sur la profession de
foi présentée par A Medvedowsky, dont le moins qu'on puisse dire c'est que la
satisfaction de la revendication linguistique ne constituait pas pour lui un
engagement naturel, pour le second tour.
Pour lui apporter mon soutien je lui ai demandé deux choses:
l'aide au logement social et intermédiaire de la part du conseil général et la
mise en place d'une politique visible de soutien à la culture régionale et à la
langue d'Oc du conseil général. Sur le logement une politique de réserve
foncière relayée par les communes sera mise en place. Sur la
langue, une convention était signée avec le président Guerrini qui s'est
engagé devant 300 personnes réunies à Peyrolles à respecter sa parole. L'accord
porte sur une meilleure visibilité de la politique culturelle pour la langue
avec un élu délégué, un chargé de mission, un comité de pilotage, la présence
de la langue dans la communication du CG 13 (revue "accents"), la
bilinguisation, avec respect des deux graphies, de la signalétique du CG13, la
mise en place d'un didacticiel d'initiation au provençal (sous réserve de
l'accord de l'inspection académique seule compétente en ce domaine) dans les
ordinateurs fournis aux 4ièmes et au 3ièmes par le CG13.
Dans le meeting d'Alexandre Medevdowsky comme dans celui de
soutien à André Guinde conseiller général socialiste d'Aix ouest le Partit
Occitan était cité et applaudi. Aujourd'hui en ayant le courage d'aller à la
bataille nous pouvons pour notre langue notre culture réaliser plus d'avancées
que la présence d'aucun parti de droite ou gauche aux manettes
institutionnelles n'en permettra jamais. Région Provence, fédération provençale
du Partit Occitan, a certes le coeur à gauche, mais nous savons que si
nous sommes absents du combat électoral les demandes qu'expriment le courant
culturel seront oubliées dans l'exercice des mandats. Nous savons, qu'en toute
opacité, les quelques subventions seront réservées à un petit cercle d'amis
Aussi je lance à toutes celles et à tous ceux qui nous ont aidé
le plus vibrant des appels pour qu'ils viennent nous rejoindre et renforcer
notre combat commun. Notre Provence a besoin d'un régionalisme occitan,
qui à l'inverse des nationalismes de tout poil, affirme sa solidarité
avec les autres régions occitanes, fait avancer l'Europe et une vison
différente du monde plus juste et solidaire. Veirem berra!
Hervé GUERRERA